BROSSARD – Premier appartement, premiers colocs, premières expériences culinaires, et surtout,  première saison professionnelle... La dernière année passée à St. John’s en a certainement été une de premières pour l’attaquant Jérémy Grégoire.

« C’était la première fois que je ne vivais pas en pension », concède le choix de sixième ronde du Canadien en 2013. « Je me faisais à manger et je faisais mon ménage. J’appelais ma mère à l’occasion pour lui poser des questions, mais j’aimais ça », note celui qui a partagé le loyer avec ses coéquipiers  des IceCaps Zachary Fucale et Morgan Ellis.

« Un attaquant, un gardien et un défenseur… Il n’y avait pas de compétition dans la maison même si le hockey, qu’on le veuille ou non, demeure un milieu compétitif. [...] Les gars le diraient, c’était moi le chef de la maison. Je faisais à manger et eux autres ramassaient. Ça faisait mon affaire. »

Si Grégoire a vite saisi les tâches qui lui revenaient à la maison, il a toutefois mis quelque temps à s’adapter à son nouveau rôle sur la patinoire.

« Quand on arrive du junior, on débarque avec de bonnes statistiques, mais après deux ou trois mois on réalise que tous les joueurs autour de soi ont fait la même chose dans le junior il y a deux, trois ou même cinq ans », fait remarquer celui qui participe cette semaine à son quatrième camp de développement du Canadien depuis qu’il a été sélectionné 176e au total il y a trois ans.

Du joueur amassant au moins un point par match à ses deux dernières campagnes dans la LHJMQ avec le Drakkar de Baie-Comeau, Grégoire a dû se résoudre à faire ses preuves sur le quatrième trio dans des fonctions avant tout défensives.

 « C’est ce qui a été le plus difficile pour moi. Avant Noël, je me disais : "j’ai tout le temps scoré, alors pourquoi je ne le ferais pas à ce niveau?".  Mais on se rend compte assez vite que les joueurs qui ont performé dans le junior majeur, la LCH ou chez les pros, se retrouvent tous dans la même ligue. »

Dans ces circonstances, Grégoire a conclu la dernière campagne avec 6 buts et 5 passes au compteur en 62 rencontres, tout en affichant un différentiel de moins-5.

« Il s’agit de bien prendre son rôle. À la fin de l’année, ç’a vraiment cliqué. C’est à ce moment que j’ai appris à utiliser mes outils selon le rôle que mes coachs me donnaient », résume Grégoire, qui a pu développer une belle chimie avec Mark MacMillan en fin de campagne.

Ne recevant pas l’appel de la maison-mère au fil d’une saison pourtant perturbée par de nombreuses blessures à Montréal, Grégoire a donc pu profiter de toute la saison pour se familiariser avec sa nouvelle réalité.

« C’est sûr que ça montait pas mal vers Montréal et ça changeait beaucoup, mais je suis pas mal le seul qui est resté dans la même case toute l’année. [...] Au début, j’avais de la misère à remplir le rôle qu’on me donnait alors ça ne me servait à rien de viser plus haut. Je me devais avant tout de m’attarder aux choses que je pouvais contrôler afin d’être le meilleur possible dans mon rôle », signale l’attaquant avec une lucidité qui trahit ses 20 ans.

Deux départs, une ouverture

S’il se dit encore en phase d’adaptation, Grégoire assure néanmoins être prêt à assumer plus de responsabilités au sein de la formation dirigée par Sylvain Lefebvre. Une occasion que pourraient lui offrir les départs des attaquants Michaël Bournival et Gabriel Dumont pour le club-école du Lightning de Tampa Bay, le Crunch de Syracuse.

Qui percera la formation du grand club?

« C’était deux grands leaders, il y avait beaucoup de Francophones dans le vestiaire et c’était le fun d’avoir cette chimie. Je crois qu’il y a maintenant plus de Francophones à Syracuse (qu’à St. John’s) avec Benoît Groulx (entraîneur-chef) », observe Grégoire avec humour, avant de reconnaître qu’il pourrait profiter de cette opportunité pour grimper dans la hiérarchie offensive du Canadien et de son club-école.

« La première année, c’est une question d’adaptation, mais là je comprends mon rôle et je sais ce qu’ils attendent de moi. La deuxième année, c’est à ce moment qu’on veut se faire remarquer. C’est le temps de performer. [...] Je veux être le gars fiable qu’on peut envoyer sur la glace dans des situations offensives et défensives. »