Noah Juulsen a fait le saut dans la LNH dans des conditions on ne peut plus favorables.

Contre des Rangers qui comptaient sept joueurs de la Ligue américaine au sein d’un alignement amputé de Rick Nash et Michael Grabner que l’état-major a gardé à l’écart de la patinoire pour ne pas miner les transactions les impliquant, Juulsen affrontait des BlueShirts pas beaucoup plus forts que les clubs qu’il a croisés tout l’hiver avec le Rocket de Laval.

En relève à un David Schlemko ô combien dangereux et périlleux chaque fois qu’il pose les patins sur la patinoire ou qu’il touche à la rondelle, ou tente de le faire, Juulsen représentait une amélioration instantanée à la ligne bleue malgré ses 20 ans et sa virginité dans la Ligue nationale.

Et comme le Canadien peut maintenant préparer sa prochaine saison en offrant de l’espoir à des partisans qui sont au désespoir depuis trop longtemps, Juulsen, comme Mete, comme Hudon, comme Deslauriers et les autres vers qui le Tricolore devra se tourner pour retrouver un peu de respect autour de la planète hockey, Juulsen profitait d’un capital de sympathie dont il a su profiter.

Au-delà toutes ces conditions favorables, Noah Juulsen a pris les moyens pour réussir sa rentrée.

« J’étais bien sûr très nerveux et je crois que cela paraissait lors de mes premières présences, mais dans l’ensemble je crois avoir disputé un bon match. J’ai enfin réalisé mon rêve de jouer dans la LNH et je me suis assuré de me concentrer sur ce que j’avais à faire pour bien faire mon travail », a commenté le nouveau venu.

Nul doute que Juulsen était nerveux. On le serait à moins. Mais contrairement à ce qu’il a cru, sa nervosité n’a pas entaché ses premières présences. Pas plus que ses dernières en fait. Car globalement, il a été solide lors des 25 présences effectuées totalisant 17:14 d’utilisation.

Après avoir reçu l’accolade de son entraîneur-chef qui a inscrit son nom sur sa formation de départ, le défenseur rappelé mercredi a été renvoyé sur la patinoire pour écouler le premier désavantage numérique de sa nouvelle équipe. Il s’est très bien débrouillé. Plus tard en première, il a profité d’une ouverture pour foncer vers l’enclave où Charles Hudon l’a rejoint avec une belle passe. Juulsen n’a pas marqué sur le jeu, mais la séquence a été remarquée de tous les partisans venus au Centre Bell en quête de positifs pour atténuer le poids des récentes défaites.

« J’ai joué avec lui l’an dernier à Terre-Neuve et je savais qu’il serait là parce qu’il a une bonne vision et qu’il sait foncer aux bons moments », a commenté Charles Hudon qui a été le meilleur joueur du Canadien jeudi face aux Rangers.

Reconnu davantage pour ses aptitudes défensives qu’offensives, le premier choix du Canadien – 26e sélection en 2015 – s’est également distingué autour d’Antti Niemi avec un tir bloqué, quatre mises en échec et un différentiel de plus-2. Solide dans tous les aspects du jeu, il a obtenu la confiance des entraîneurs qui l’ont envoyé sur la patinoire en fin de rencontre alors que les Rangers venaient de rappeler leur gardien au banc à la faveur d’un sixième attaquant pour mousser leurs chances de créer l’égalité.

Loin d’être timide à l’attaque, comme l’a démontré sa poussée en début de rencontre, Juulsen a décoché un total de cinq tirs dont deux ont atteint la cible.

« Il a disputé une très bonne partie. Il a été bon dans tous les aspects du jeu. Tout ce qu’il a fait, il l’a bien fait. Il était confiant avec la rondelle, patient aussi, et a su garder les adversaires à distance », a commenté Claude Julien qui n’avait pas de message spécial à lancer en offrant à Juulsen d’amorcer la rencontre.

« Je lui ai livré le même message que je livre à tous les jeunes : je voulais simplement le mettre en confiance, lui dire de jouer son match, de s’amuser et de ne pas craindre de faire des erreurs. »

Bien que Juulsen ait offert jeudi un avant-goût de ce qu’il offrira dans le futur au Canadien et à ses partisans, Claude Julien a insisté sur la valeur de ses performances au quotidien.

« C’est le présent qui compte pour moi. Et il ne faut pas oublier que Noah a été blessé dès le dernier camp d’entraînement. S’il ne l’avait pas été, il aurait été avec nous bien plus tôt, car on aimait ce qu’il nous offrait au dernier camp. À cause de la blessure, nous avons dû lui donner le temps nécessaire pour retrouver sa forme, mais comme l’ensemble de nos jeunes joueurs, il a progressé lui aussi au cours de la saison. Et c’est certainement un aspect positif de la saison difficile que nous connaissons », a ajouté Claude Julien.

Pour son premier match dans la LNH, Noah Juulsen a été confié au vétéran Karl Alzner. Malgré toutes les difficultés rencontrées par le vétéran depuis son arrivée à Montréal à l’automne, Alzner a été un bon partenaire de travail pour son jeune compagnon de jeu. «Il m’a parlé et dirigé durant tout le match», a d’ailleurs insisté Juulsen entouré de journaliste après la rencontre.

Une rencontre que le Canadien a classée dans la colonne des victoires par un score de 3-1 pour stopper à six (0-4-2) sa série de revers consécutifs.

Quant aux Rangers qui faisaient vraiment pitié à voir tant leur équipe est assommée par les départs imminents de plusieurs joueurs et une reconstruction qui s’annonce difficile, ils ont encaissé un cinquième revers de suite. Ils ne revendiquent que trois victoires à leurs 15 dernières rencontres (3-12-0).

Le seul point intéressant à souligner est la performance du gardien Alexandar Georgiev. Embauché à titre de joueur autonome en juillet dernier, le gardien russe âgé de 22 ans disputait lui aussi son tout premier match dans la LNH jeudi.

Invaincu en temps règlementaire en neuf matchs à Hartford dans la Ligue américaine (8-0-1), Georgiev a accordé deux buts seulement sur les 40 tirs qu’il a affrontés. Il a été battu par Tomas Plekanec et Jeff Petry sur des jeux parfaits. Le troisième but du Canadien a été enfilé par Phillip Danault dans une cage déserte.

La victoire a ravi les partisans encore présents au Centre Bell à la fin de la rencontre. Il faut dire que cette victoire, aussi courte soit-elle en raison de la faible opposition offerte par les Rangers, était nécessaire pour remonter le moral et raviver un brin la confiance de tout le monde.

Une confiance qui risque d’en prendre un coup samedi alors que le Lightning de Tampa Bay effectuera sa deuxième escale de la saison au Centre Bell. Steven Stamkos et sa bande voudront sans l’ombre d’un doute venger leur revers de 2-1 encaissé en tirs de barrage lors de leur première visite le 4 janvier dernier.

Mes observations sur le 60e match de la saison :

1- La métamorphose de Charles Hudon

2- Mete de plus en plus utilisé

3- Reverra-t-on Price cette année?

4- Weber saison terminée

Chiffre du match : 600 – Pendant que son jeune partenaire de travail Noah Juulsen baptisait sa carrière dans la LNH, le vétéran Karl Alzner disputait son 600e consécutif dans la grande ligue. Choix de première ronde (5e sélection) des Capitals de Washington en 2007, Alzner en était à son 651e match en carrière.

La métamorphose de Charles Hudon

Bien que le sommaire ne lui accorde qu’une mention d’aide, Charles Hudon a disputé une autre très bonne partie jeudi. De fait, le petit attaquant québécois qui accumule les bonnes parties depuis quelques semaines a été le meilleur joueur du Tricolore sur la patinoire du Centre Bell contre les Rangers.

Rapide, incisif, il a multiplié les bonnes passes. En plus d’avoir offert une occasion en or de marquer à Noah Juulsen en début de match, Hudon a offert à Jeff Petry son 10e but de la saison sur un jeu en tous points similaire à celui impliquant Juulsen.

Au sein d’un trio piloté par Phillip Danault et complété par Alex Galchenyuk, Hudon avait des ailes et affichait une confiance débordante en comparaison à la nervosité évidente qui minait ses performances en début de saison.

Est-ce que la chute de pression associée à l’élimination du Canadien des séries pourrait expliquer cette métamorphose de Hudon?

Pas du tout assure le principal intéressé.

« Mon père m’a toujours dit que c’est après Noël qu’on sépare les hommes des enfants. Malgré tous nos ennuis, on va de l’avant. Les jeunes doivent faire leurs preuves et je fais partie de ce groupe », a convenu celui qui affiche une production de 23 points (huit buts) en 57 parties à sa saison recrue.

« J’ai aimé ce que ce trio nous a offert ce soir. Le retour de Danault aide beaucoup ne serait-ce qu’en raison des succès – 8 en 14 (57 %) jeudi contre les Rangers – qu’il connaît aux cercles des mises en jeu. On commence avec la rondelle plus souvent et ils ont trouvé les moyens d’en profiter. J’ai aimé l’implication des trois joueurs de ce trio ce soir », a mentionné Claude Julien.

Mete de plus en plus utilisé

En raison de l’entrée en scène de Noah Juulsen, Victor Mete a reçu une promotion jeudi alors qu’il s’est retrouvé à la gauche de Jeff Petry au sein du premier duo de défenseurs. Une place que Mete a occupée en début de saison avec Shea Weber.

Au lieu d’être « protégé » par Weber comme c’était le cas en début de campagne, Mete a semblé soufflé dans le dos de Petry qui a connu un match solide comme en témoignent ses sept tirs tentés (trois cadrés) et les cinq mises en échec dont il a été crédité.

Avec sa vitesse, sa vision et sa capacité de joindre l’attaque tout en étant en mesure de se replier rapidement en cas de revirement, Mete représentait un plus au sein du premier duo par rapport à Alzner qui lui était bien plus efficace en deuxième vague.

Mete a passé plus de 18 minutes sur la patinoire. Il n’a pas fait que de bons coups. Trois revirements lui ont été imputés et le défenseur recru s’est fait contourner facilement par J.T. Miller qui a pu se rendre droit sur Antti Niemi après avoir coupé au centre de la glace sans que Mete n’ait le temps de réagir.

C’est l’expérience qui rentre.

Et c’est justement ce qu’on souhaite voir le plus souvent possible d’ici la fin de la saison.

Reverra-t-on Price cette année?

La saison de Carey Price se termine aussi mal qu’elle a commencé alors que le Canadien a confirmé jeudi que son gardien vedette compose avec des contrecoups d’une commotion cérébrale.

Price a été atteint au visage mardi à Philadelphie. Bien qu’il ait été secoué par l’impact, il a repris sa place devant le filet. L’impact de la rondelle et une courte intervention du thérapeute athlétique n’a pas incité les observateurs à forcer Price à quitter le match pour être évalué.

Mais dès le retour du Canadien à Montréal, le gardien a été victime de symptômes et la direction de l’équipe a décidé de le placer sur la touche.

Pour combien de temps?

Bien malin qui peut répondre à cette question. Premièrement, il est impossible de spéculer sur la durée nécessaire pour arriver à surmonter les contrecoups d’une commotion. Deuxièmement, avec l’état actuel de la saison du Canadien et de son gardien, est-il vraiment nécessaire de le revoir devant le filet avant la fin de la saison?

Le plus important dans le cas de Price est qu’il soit au sommet de sa forme physique et mentale dès la première rencontre la saison prochaine. Non seulement aura-t-il une tonne de pression sur les épaules pour balayer les doutes soulevés par sa saison 2017-2018 misérable (15-22-6, 2,98 buts alloués par partie, efficacité de 90,4 %), mais en plus il écoulera la première année du contrat de huit ans qui l’assure d’un salaire moyen annuel de 10,5 millions $.

Weber : saison terminée

Ce qui est vrai pour Carey Price, l’est aussi pour Shea Weber. Victime d’une blessure au pied subie lors du tout premier match de la saison à Buffalo, Weber devra finalement être opéré pour soigner une déchirure à un tendon de son pied droit.

Bien qu’il soit à l’écart du jeu depuis le 19 décembre dernier, Weber a finalement obtenu un diagnostic précis mercredi lors d’une visite dans une clinique spécialisée aux États-Unis. Il devrait être remis complètement à temps pour le prochain camp d’entraînement.

Weber qui avait repris l’entraînement sur patins a à nouveau été aux prises avec des douleurs au pied. L’inactivité n’étant pas venue à bout de la blessure, les médecins du Canadien ont décidé de faire appel à un spécialiste pour aller au fond des choses. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps? Parce que les diagnostics initiaux laissaient entrevoir la possibilité d’une guérison sans avoir recours à une intervention.

Comme quoi tout ce qui peut mal aller dans le camp du Canadien cette saison, va mal...