Le Québec est en deuil. L’un des monuments de notre histoire, Jean Béliveau, est mort mardi à l'âge de 83 ans.

M. Béliveau a succombé à une pneumonie contractée il y a quelques mois. Notre chroniqueur Bertrand Raymond a appris que le plus grand capitaine dans l'histoire du Canadien a rendu l'âme à 22h30 mardi soir, à sa résidence de Longueuil, où il était sous constante observation depuis août dernier.

Au cours des prochaines heures, RDS rendra hommage à M. Béliveau par des reportages et des témoignages de ses anciens coéquipiers et d'autres personnes qui l'ont très bien connu. Car il y a beaucoup à dire sur ce grand homme.

Celui qui a été le plus remarquable capitaine de la glorieuse histoire du Tricolore a remporté la coupe Stanley à dix occasions.

Toujours disponible pour autrui, impliqué socialement, symbole de classe qui a représenté mieux que quiconque le prestige de la dynastie du Canadien, Jean Béliveau laisse dans le deuil son épouse Élise, avec qui il était marié depuis plus de 60 ans, sa fille Hélène de même que ses deux petites-filles, Mylène et Magalie.

« Tous les membres de l’organisation des Canadiens sont profondément peinés et touchés par le décès de M. Jean Béliveau, a souligné le président du Canadien, Geoff Molson, dans un communiqué diffusé peu après l'annonce du décès. Comme les millions d’amateurs de hockey qui ont suivi la vie et la carrière de ce grand homme, le Club de hockey Canadien pleure aujourd’hui le départ d’un homme dont la contribution au développement de notre sport et de notre société a été immense. M. Béliveau était un grand leader, un gentilhomme sans pareil et sans contredit leplus grand ambassadeur que le hockey ait connu.»

« Jean Béliveau a fait partie de la grande famille des Canadiens pendant six décennies. L’organisation des Canadiens apportera tout le soutien nécessaire aux membres de l’entourage de Jean Béliveau en ces moments extrêmement difficiles, et avons accepté, avec leur accord, de prendre en charge les cérémonies qui se dérouleront au cours des prochains jours. Au nom de la famille Molson, et de tous les membres de l’organisation du Club de hockey Canadien, j’offre mes plus sincères sympathies à son épouse Élise, sa fille Hélène, ainsi qu’à ses deux petites filles Mylène et Magalie, » a ajouté M. Molson.
 

Un grand capitaine

RDS offre ses plus sincères condoléances aux membres de la famille.

Une grande carrière, une vie exemplaire

Jean Béliveau voit le jour à Trois-Rivières le 31 août 1931. Il est le premier de la famille de huit enfants d'Arthur et Laurette Béliveau. Toute sa vie, le Grand Jean se rappellera des enseignements de son père, un homme avec une force de caractère peu commune.

Déménagé à Victoriaville, au cœur de la région des Bois-Francs, Béliveau s'initie aux rudiments du hockey, comme des milliers de Québécois à cette époque, sur une patinoire extérieure avec les jeunes du voisinage. Tous rêvent de jouer comme Maurice Richard et de porter l'uniforme du Canadien. Sauf que ses habiletés naturelles ressortent immédiatement et son physique imposant lui donne une longueur d'avance sur ses compagnons.

Le jeune Béliveau amorce sa carrière junior avec les Tigres de Victoriaville de la Ligue junior A du Québec. Sur décision de son père, il joint par la suite les Citadelles de Québec, où il devient une très grande vedette.

À la fin de son stage junior, le « Gros Bill » doit faire un choix pour la suite de sa carrière : Montréal ou Québec? Le Canadien ou les As?

« Un homme d'une grande intégrité »

Le Grand Jean a un préjugé favorable pour Québec. Béliveau choisit donc la Ligue senior et les As, avec qui il connaîtra deux saisons phénoménales. Il est le roi de Québec.

Le 27 juin 1953, Jean Béliveau épouse Élise Couture. Le couple aura une fille, Hélène. Durant la lune de miel, le nouveau marié confie à son épouse qu'il est temps maintenant de prendre le chemin de Montréal.

Le 3 octobre, à 22 ans, Béliveau appose sa signature au bas d'un contrat de cinq ans avec le Canadien de Montréal, un contrat  d’une valeur évaluée à 105 000$. Du jamais vu au hockey!

Le « Gros Bill » va goûter aux joies de la victoire ultime à sa troisième saison. Il est l'un des importants rouages de cette fabuleuse équipe qui remportera cinq coupes Stanley consécutives et participera à sept finales de suite.

En 1956, Béliveau obtient le statut de joueur vedette. Champion pointeur du circuit avec 88 points, dont 47 buts, il ajoute à son trophée Art-Ross le trophée Hart remis au joueur par excellence de la Ligue nationale. Il devient une icône partout au Canada-Français.

Le début des années 1960, après le départ de Maurice Richard, est difficile pour Béliveau. Mais la deuxième portion de la décennie est tout à fait formidable. L'équipe réussit quatre conquêtes de la coupe Stanley en cinq ans.

« Le plus grand ambassadeur »

Le 11 février 1971, contre les North Stars du Minnesota, il complète un tour du chapeau qui lui permet d'atteindre le plateau des 500 buts. Seul Maurice Richard avait déjà réussi l'exploit. Et il couronne sa carrière avec une dixième coupe Stanley...

Béliveau se retire après avoir compté 507 buts en 1125 matchs en saison régulière et amassé 1219 points, le deuxième plus fort total de l'histoire du Canadien. Il a récolté un trophée Art-Ross, deux trophées Hart et un Conn-Smythe.

Membre du Temple de la Renommée du hockey, son numéro 4 est retiré au début de la saison 1971.

À sa retraite, Béliveau se transporte au deuxième étage du Forum. Il occupe le poste de vice-président des Affaires sociales et sa principale responsabilité est de maintenir le lien entre le Canadien et les amateurs. Il s'y consacrera pendant 22 ans, soit jusqu'au 31 août 1993.

« Un personnage hors de l'ordinaire »

L'année suivante, le premier ministre Jean Chrétien offre à Jean Béliveau le poste de gouverneur général du Canada, une offre qu’il refuse pour des raisons personnelles.

Au tournant du millénaire, après avoir remporté une lutte contre le cancer, Jean Béliveau est honoré de plusieurs façons. Doctorats honorifiques, Ordre du Canada et Ordre national du Québec, timbre et pièce de monnaie à son effigie. Sans compter deux statues de bronze, devant l'aréna qui porte son nom à Longueuil et sur la Place du Centenaire aux abords de l'actuelle demeure du Canadien.

Au cours des dernières années, à travers les épreuves liées à son état de santé, Jean Béliveau aura su de son vivant à quel point il a été apprécié et admiré par tous ses concitoyens, d'un océan à l'autre.

Le Grand Jean nous quitte, mais son héritage est immense. Il a été l'un des grands leaders de l'histoire du Canadien et demeurera, au-delà du temps, un symbole d'honneur, de fidélité, de dévouement et de grande classe pour tous les Québécois, pour tous les Canadiens.

« Le capitaine parfait »
« Un athlète unique en son genre »