Parce qu’il est adulé par les fans, parce qu’il est le défenseur le mieux payé de la LNH, le joueur le mieux payé de l’histoire du Canadien et qu’il figure parmi les défenseurs les plus spectaculaires de la Ligue, P.K. Subban était le choix des amateurs pour succéder à Brian Gionta à titre de capitaine du Tricolore. Quelques observateurs militaient aussi en faveur de P.K. pour des tas de bonnes et de moins bonnes raisons.

Marc Bergevin aurait donc fait plaisir à bien du monde s’il avait décerné le C à Subban. Il aurait pris la décision populaire. La décision facile.

Mais voilà : quand vient le temps de prendre une décision aussi importante, il est périlleux de prendre la décision facile. La décision populaire.

Et si l’on peut reprocher à Marc Bergevin quelques-unes de ses décisions depuis qu’il est à la tête du Canadien – n’oubliez pas qu’il n’y a que ceux qui ne prennent jamais de décision qui ne se trompent jamais – il serait injuste d’avancer qu’il se vautre dans la facilité.

Et c’est pour cette raison qu’en dépit du fait qu’il sera bizarre de voir le Canadien orphelin de capitaine encore cette année – Bob Gainey a pris la même décision à l’arrivée de Jacques Martin et d’une flopée de nouveaux joueurs à l’automne 2009 – il faut saluer le courage de cette décision impopulaire. Car oui, c’était la bonne décision à prendre de former un carré d’assistants composé de P.K. bien sûr, de Max Pacioretty aussi et des vétérans Tomas Plekanec et Andrei Markov plutôt que d’identifier un capitaine qui n’était peut-être pas prêt à l’être ou un autre susceptible de quitter Montréal à court ou moyen terme.

Du moins à mon avis.

Bon! Je conviens que la décision du Canadien donne l’impression qu’il n’y a pas de leader assez fort dans le vestiaire pour assumer le rôle crucial de capitaine.

Ce n’est pas faux. Mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus. Il y a des leaders en devenir dans le vestiaire du Canadien. D’autres qui le sont, mais qui ne le sont pas assez pour mener à bien ce job important. D’où l’importance de prendre son temps pour trouver le bon gars, pour trouver le bon moment de lui offrir ce mandat gratifiant bien sûr, mais pas toujours évident à relever.

Le tour de P.K. viendra peut-être. Sans doute. À moins que Max Pacioretty ne se découvre des qualités de leader volubile. Des qualités qu’il n’a pas affichées depuis son arrivée à Montréal. Du moins pas assez pour décrocher le C dès cette année. À moins que Brendan Gallagher devienne la vraie bougie d’allumage du Canadien, ou qu’Alex Galchenyuk se hisse au rang de premier centre à l’offensive. De pierre angulaire de l’équipe.

Quoique la vraie pierre angulaire c’est devant le filet qu’on la trouve. Car comme c’était le cas l’an dernier et l’année d’avant, comme ce sera encore le cas cette saison, l’an prochain, dans deux, trois, quatre, voire cinq ans, le Canadien sera l’équipe de Carey Price. Mais depuis l’expérience très peu concluante de Roberto Luongo avec les Canucks de Vancouver, on ne peindra plus le C de capitaine sur le masque d’un gardien. Aussi bon soit-il. Aussi important soit-il au sein de son équipe.

Plekanec et Markov?

Je l’ai répété plusieurs fois au cours de l’été : Tomas Plekanec était mon choix pour succéder à Brian Gionta. Joueur d’expérience, joueur travaillant, autant lors des matchs que des entraînements, joueur qui respecte ses entraîneurs et leurs plans de match, qui relève les mandats qu’on lui confie sans rechigner – sans trop rechigner en tout cas – qui respecte ses coéquipiers et le chandail de l’équipe dont il défend les couleurs, Plekanec avait toutes les qualités requises.

Mais il y avait un accroc.

Avec le trop-plein de joueur de centre au sein de l’organisation, Plekanec est un joueur susceptible de quitter Montréal au cours de la saison. Ou l’an prochain.

Joueur convoité, il sera très facile à échanger lorsque Marc Bergevin sera convaincu que la relève est prête à prendre la relève. Pourvu que le DG du Canadien ne demande pas la lune en retour.

Devant l’incertitude relative de l’avenir de Plekanec avec le Canadien – je dois admettre que je suis surpris qu’il soit encore à Montréal sur le point d’amorcer une 10e saison avec le Tricolore – il aurait été périlleux de lui donner le mandat de succéder à Brian Gionta.

Andrei Markov? Il a l’expérience. Il a le talent. Il a la stature. Il a tout plein de qualités évidentes. Mais parce que je suis convaincu qu’il n’a pas encore eu une conversation de plus de cinq mots avec quelques-uns des joueurs qui évoluent à ses côtés depuis une, deux ou trois saisons, je suis loin d’être convaincu que cette sélection aurait été saluée par ses pairs. Qu’elle aurait été salutaire pour l’équipe.

Comme assistant, à titre de membre d’un comité de leader, Andrei Markov a sa place. Mais comme capitaine, avec le mandat de prendre la parole devant ses coéquipiers quand c’est nécessaire, de répondre aux questions des journalistes quand ça va bien, quand ça va mal aussi, quand c’est nécessaire et même quand ça ne l’est pas vraiment, Markov n’aurait vraiment pas été à sa place.

Pacioretty?

Dans le cas de Max Pacioretty, ses espoirs d’obtenir le C, des espoirs qu’il a publicisés sur plusieurs tribunes au cours de la saison morte, m’ont surpris. Ils m’ont ravi aussi. Car pour la première fois depuis qu’il est débarqué à Montréal, Pacioretty donne l’impression de vouloir prendre des responsabilités. De faire plus que de marquer des buts.

C’est une excellente nouvelle. Car peu importe la lettre ornant son chandail, Pacioretty donne l’impression qu’il est prêt à passer à un autre niveau d’implication. De responsabilité.

Autre hic avec la candidature de Pacioretty : plus que son manque d’expérience, ses relations houleuses avec un coach dont il n’apprécie pas les méthodes auraient pu attiser les tensions entre le vestiaire et le bureau du coach au lieu de les apaiser comme réussissent à le faire les bons capitaines autour de la LNH. Comme le faisait Brian Gionta depuis sa succession à Saku Koivu. Comme le faisait aussi à sa façon Josh Gorges. D’où ma surprise de les voir tous les deux à Buffalo, avec les Sabres, plutôt qu’à Montréal, avec le Canadien.

On y reviendra plus tard durant le camp.

Dans un monde idéal, oui le Canadien aurait un capitaine ce matin. Il en aurait un en début de saison.

Mais à défaut d’avoir le bon à portée de main, le Canadien est bien mieux de compter sur un carré d’as dont les membres travailleront de pair – c’est à souhaiter – un carré d’assistants qui pourra profiter de l’expérience des Manny Malhotra, Travis Moen, Francis Bouillon – si le Canadien libère quelques centaines de milliers de dollars pour lui offrir un contrat sans défoncer le plafond salarial imposé par la LNH – et autres vétérans plus silencieux pour les aider à bien partager les responsabilités avant qu’un vrai capitaine soit désigné… l’an prochain.

Fondation du CH pour l’enfance

D’ici là, la quête du bon capitaine animera discussions, débats, prises de bec entre partisans et observateurs lors des semaines plus tranquilles de la longue saison dont le Canadien a donné le coup d’envoi avec son tournoi de golf annuel hier sur les allées et verts magnifiques, mais terrifiants tant ils sont rapides du club de golf Laval-sur-le-Lac.

Ce tournoi organisé pour renflouer les coffres de la Fondation du Canadien pour l’enfance, une fondation qui permet au Tricolore d’intervenir de façon remarquable et remarquée auprès des jeunes dans le besoin, a permis d’amasser une somme de 516 000 $. Dans le monde du hockey et des salaires accordés aux joueurs d’aujourd’hui, cette somme n’est que de la menue monnaie. Mais dans le vrai monde, celui qui bénéficie du travail des acteurs de cette fondation, c’est énorme.

La saison est donc lancée.

Prochaine étape : l’ouverture du camp jeudi (le 18) avec les tests médicaux. N’ayez crainte chers partisans, P.K. semble en pleine forme… même s’il a dû se contenter d’un A et non d’un C. Mais bon, après avoir signé un contrat de 72 millions $ pour huit ans, Subban a déjà été chèrement contenté.