Des transactions, le Canadien n'a pas attendu à la date limite pour les faire. Marc Bergevin a bougé depuis longtemps et son équipe est solide.

Avant mercredi, Bergevin avait déjà mis la main sur Michael Ryder, en plus d'aller chercher Jeff Halpern au ballottage, qui n'a rien coûté et qui rapporte à l'équipe. Il a ajouté de la profondeur avec l'acquisition de Davis Drewiske des Kings de Los Angeles. Puis lorsque Rene Bourque effectuera un retour au jeu, ce sera comme si le Canadien l'avait obtenu comme joueur autonome. L'an dernier en fin de saison, on disait la même chose avec le retour au jeu d'Andrei Markov.

Bergevin sait où il s'en va et il n'a pas eu peur de marquer son territoire avec une empreinte personnelle. On l'a vu dès l'ouverture du camp quand il a montré la porte à Scott Gomez. Avant le lock-out, il avait embauché Brandon Prust et Francis Bouillon. Il a bougé quand c'était nécessaire et les résultats sont au rendez-vous. Le Wild du Minnesota par exemple a couru un gros risque en faisant l'acquisition de Jason Pominville mercredi. Le Wild a cédé quatre joueurs pour l'ancien porte-couleur des Sabres de Buffalo, qui ont obtenu des choix de premier et deuxième tours, ainsi que deux espoirs. J'adore Pominville, mais le coût à payer est très élevé. Si Pominville quitte le Wild à l'issue de son contrat l'an prochain et que le Wild, qui vise la coupe Stanley, échoue, on va sérieusement se demander si le coup en valait la chandelle.

En plus des signatures sur le marché des joueurs autonomes, le Canadien a fait de la place à Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher sans oublier le gardien Peter Budaj qui connaît une très bonne saison.

La question de la chimie de l'équipe est plutôt délicate à ce stade de la saison. Si vous échangez un ou deux gars qui sont appréciés, ça peut changer l'ambiance dans un vestiaire. Étrangement, il y a beaucoup d'équipes qui rapatrient d'anciens joueurs. Le Canadien l'a fait, Chicago aussi l'a fait en allant rechercher Michal Handzus. Moi, si j'étais un joueur du Canadien j'aborderais les séries avec beaucoup de confiance.

La transaction qui a amené Ryder à Montréal fait passer Bergevin pour un génie. Tout le monde en parle dans la LNH. L'attaquant totalise 17 points depuis son retour à Montréal pendant qu'Erik Cole peine à obtenir des points à Dallas. Je suis persuadé que Bergevin a tenté de mettre la main sur Ryane Clowe, qui se retrouve finalement avec les Rangers à New York. Comme plusieurs équipes étaient sur dossier, les enchères ont monté et le Canadien a estimé que le prix à payer était trop élevé.

Des contrats pour Ryder et Budaj?

Si j'étais dans la peau de Bergevin, je chercherais à remettre Ryder sous contrat si ses exigences sont raisonnables. L'attaquant du Canadien est âgé de 33 ans et s'il demande un contrat de cinq ans à raison de huit millions par saison, je lui dirais simplement bye-bye. À mon avis, ce serait trois saisons au maximum. Je prendrais quelques minutes avec lui et je lui demanderais simplement s'il veut continuer à jouer ici et s'il aime l'équipe. S'il répondait dans l'affirmative, je dirais « Parfait, on peut négocier ». 

Avec Budaj, j'utiliserais la même recette en lui demandant s'il veut rester à Montréal et s'il aime le club. Je ne crois pas qu'il puisse être gardien numéro un sur une base régulière, mais comme auxiliaire, il fait du très bon boulot comme en témoigne sa fiche de 6-1-1 cette saison. J'aime son travail et j'aimerais qu'il soit de retour avec le Canadien. Mais s'il décide de tester sa valeur sur le marché des joueurs autonomes, je lui dirais bonne chance et je trouverais un autre portier ailleurs.

La cible vient avec le succès

Evander Kane a eu beau dire qu'il voulait s'en prendre à Alexei Emelin parce que c'était la première fois qu'il jouait contre l'arrière du Canadien alors qu'il ne portait pas de protection complète au visage, je ne crois pas qu'il soit un joueur marqué par l'adversaire. Quand le Canadien était 15e l'an passé et qu'Emelin en arrachait, personne ne s'en souciait. C'est le lot des clubs qui gagnent. C'est la même chose avec P.K. Subban. Tout le monde court après lui chaque fois qu'il fait une percutante mise en échec.

De la glace pour Galchenyuk

Même si Galchenyuk ne trouve pas le fond du filet de façon régulière (il a marqué un premier but en 19 parties jeudi), je ne crois pas que Michel Therrien doive lui donner des congés. Il n'a pas besoin de plus de repos, il a besoin de plus de temps de glace. C'est normal pour un joueur recrue de traverser de longues périodes sans marquer. Il ne faut pas s'en faire. Vincent Damphousse racontait récemment qu'à ses débuts, il avait traversé une période de 24 parties sans but avec les Maple Leafs. Je ne suis pas inquiet du tout. Qu'on le laisse jouer et il va se développer. Therrien l'a fait jouer au centre en l'absence de Tomas Plekanec contre les Jets et il a marqué un but. Il a aussi réalisé une superbe feinte pour mystifier un défenseur des Jets. S'il avait fallu qu'il marque, il aurait fait exploser le plafond du Centre Bell. Il y a de la profondeur à Montréal, alors qu'on le laisse apprendre.

*Propos recueillis par Robert Latendresse