Marc Bergevin sait qu’il sera critiqué
Canadiens mardi, 26 févr. 2019. 00:52 mercredi, 11 déc. 2024. 05:29Quelle équipe s'est le plus améliorée?
NEWARK - Quatre heures après avoir vu leur directeur général résister à la tentation d’hypothéquer l’avenir parce qu’il fait confiance aux responsables d’un présent bien meilleur que celui qui était anticipé, les joueurs du Canadien ont fait dans les mains de Marc Bergevin.
Coupables d’un très mauvais départ, ils sont loin d’avoir honoré la confiance de leur patron encaissant un revers de 2-1 aux mains des Devils du New Jersey.
Un revers qui donnera plus d’ampleur encore à la vague de critiques soulevée par les commentaires de nombreux partisans et observateurs outrés d’avoir vu le directeur général du Canadien se contenter d’ajouter de la profondeur à son club plutôt qu’à conclure une transaction qui lui aurait permis d’ajouter du talent au sein de son top-six à l’attaque, au sein du top-4 à la ligne bleue, voire devant le filet où Antti Niemi est loin d’être un exemple de constance cette saison.
« Ça n’a rien à voir avec le vote de confiance d’aujourd’hui. C’est simplement la conséquence du fait qu’on a commencé le match en retard. Pendant les 30 premières minutes, on n’a pas joué du hockey confiant. Les passes étaient molles. On n’était pas là. On a mieux fait en deuxième moitié, mais ce n’était pas assez », a tranché l’entraîneur-chef Claude Julien qui, autant en français qu’en anglais, a carrément balayé du revers de la main toutes les excuses pouvant être associées à la date limite des transactions.
Vrai que le Canadien a mal joué. Très mal en fait et pas seulement au cours des 30 premières minutes. Le Canadien s’est fait déclasser dans la majorité des aspects du jeu par les Devils au cours des deux premières périodes.
Il a fallu le but de Paul Byron, un but marqué en échappée après que le rapide patineur eut volé la rondelle aux Devils à la ligne bleue du Tricolore qui écoulait alors une pénalité écopée par Artturi Lehkonen, pour donner un brin d’élan à ses coéquipiers. Un élan qui, combiné à un repli sur les talons des Devils, a donné plusieurs bonnes occasions au Canadien qui n’a pas su en profiter.
Cette défaite fait très mal. Pas juste parce qu’elle suit de 48 heures l’effondrement vécu par le Canadien à Toronto où il a échappé une avance de 3-0 avant de s’incliner 6-3 aux mains des Maple Leafs.
Mais parce qu’il a perdu contre les Devils.
Je sais! Les Devils présentaient un dossier intéressant (16-10-5) au Prudential Center et un recul de quatre points seulement (42-38) sur leur récolte à domicile en comparaison à celle du Canadien.
Mais quand même : non seulement sont-ils éliminés depuis l’automne, mais les Devils ont largué deux autres joueurs – le gardien auxiliaire Keith Kinkaid (Columbus) et l’attaquant Marcus Johansson (Boston) ont suivi de quelques jours les départs de Brian Boyle et Ben Lovejoy pour Nashville et Dallas – lors de la dernière journée des transactions. Outre le trio de Nico Hischier flanqué de Miles Wood et Kyle Palmieri, les Devils comptaient sur des joueurs marginaux. Ils ne formaient pas un club de Ligue américaine, mais pas loin. En plus, Miles Wood a quitté le match dès sa cinquième présence en raison d’une blessure. Il n’est pas revenu ensuite. John Quenneville l’a suivi au vestiaire deux présences plus tard, lui aussi en raison d’une blessure.
Contre des Devils minés par les blessures – Taylor Hall, Sami Vatanen et Stefan Noesen occupent en plus la liste des blessés – et les contrecoups des récentes transactions, les Devils ne devaient pas faire le poids contre le Canadien. Et ils ne l’auraient pas fait si le Canadien avait disputé un vrai match de hockey.
D’où ma prétention selon laquelle le Canadien n’avait pas le droit de perdre ce match.
Et vous savez quoi? Le Canadien n’aura pas plus le droit de perdre celui de mardi, à Detroit, parce que les Red Wings sont plus démunis encore que les Devils.
Mais bon!
Le Canadien s’est contenté de deux victoires à ses huit derniers matchs (2-5-1) et il vient de perdre cinq fois de suite sur la route.
Rien pour mousser la confiance en vue de l’escale à Detroit dans le cadre d’un deuxième match en deux soirs, d’une visite à New York contre les Rangers vendredi, et d’une virée en Californie la semaine prochaine avec une petite partie pour se remonter le moral au Centre Bell samedi... contre Sidney Crosby et les Penguins!
Weber est-il blessé?
Claude Julien a balayé du revers de la main les questions reliées aux conséquences de la date limite des transactions sur les performances de ses joueurs. Il a eu la même réaction lorsqu’on a voulu avoir ses explications sur les quatre avantages numériques gaspillés par son équipe : « Next Question », a-t-il sèchement répondu.
L’entraîneur-chef du Canadien n’a pas voulu non plus aborder le sujet délicat associé aux performances récentes de son capitaine Shea Weber et à la possibilité qu’il joue en dépit d’une blessure où qu’il soit aux prises – et c’est très possible – avec les conséquences de l’inactivité de près d’un an en raison des blessures à un pied et à une cheville qui ont contrecarré sa saison l’an dernier.
« Je ne commencerai pas à répondre à des spéculations sur l’état de santé de mes joueurs. Shea va bien », a tranché Claude Julien.
S’il va bien, il ne joue pas bien. Pas bien du tout. Weber et son partenaire de travail se sont rendus coupables de plusieurs mauvaises présences encore hier. Des mauvaises présences qui se répètent sur une base de plus en plus fréquente depuis quelques semaines.
Depuis le retour de la pause du Match des étoiles et du congé statutaire qui l’a suivie.
Weber, dont la vitesse n’est pas l’arme de prédilection, patine avec lourdeur. Il est plus lent non seulement dans ses déplacements, mais ses réactions en zone défensive le long des bandes et autour du filet sont moins vives. Rien à voir avec la manière dont il a repris le collier à son retour au jeu en novembre.
Weber et Mete étaient sur la patinoire sur les deux buts des Devils. Des buts marqués parce que les Devils ont dominé leurs adversaires du Canadien en intensité et exécution autour de Carey Price.
« Victor et Shea ont été battus sur des attaques amorcées derrière le filet. On doit faire du meilleur travail dans ces situations », a simplement convenu l’entraîneur-chef du Canadien qui a ensuite faussé compagnie aux journalistes.
Bergevin tient à ses espoirs
Marc Bergevin ne pouvait prévoir que ses joueurs s’écraseraient comme ils l’ont fait lorsqu’il leur a servi un vote de confiance.
Mais il savait une chose : il allait être critiqué.
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« Je sais que je vais être critiqué parce que j’ai refusé d’hypothéquer l’avenir, mais j’aurais été plus critiqué encore si j’avais accepté de donner les joueurs qu’on me demandait en retour de joueurs d’impacts. Dès que j’entendais le nom de KK (Jesperi Kotkaniemi) il était hors de question d’aller plus loin », a expliqué Bergevin plusieurs fois.
Le DG du Canadien a donc nié avoir été dans la course pour Matt Duchene ou tout autre joueur d’impact très convoité. « J’étais ouvert à tout et oui je me suis renseigné auprès de tous les DG de la Ligue sur qui ils offraient et qui ils voulaient en retour. Mais dans le cas de Duchene comme dans ceux des autres, il était hors de question d’embarquer là. »
Ce que je comprends de l’entêtement de Marc Bergevin de refuser d’hypothéquer son avenir, c’est qu’il ne croit pas que le jeu en vaut la chandelle.
Oui Bergevin veut gagner. Oui il voit comme tout le monde que son équipe surprend et qu’elle aurait peut-être pu surprendre bien plus avec un Mark Stone, un Wayne Simmonds, un Matt Duchene, un Brandon Montour.
Mais quand Bergevin souligne qu’il est important de demeurer « réaliste » dans l’évaluation de succès de l’équipe, je suis convaincu qu’il nous dit : «laissons le noyau actuel avec Kotkaniemi qui n’a que 18 ans apprendre, grandir et devenir plus fort cette année et voyons ce qu’il sera en mesure de donner l’an prochain et dans deux ans lorsque les Romanov, Poehling, Suzuki et autres espoirs viendront se greffer à une équipe qui sera alors plus prête à gagner.»
On peut être d’accord ou non avec lui sur cette volonté de respecter l’année de transition en cours. Sur sa capacité de résister aux chants des sirènes qui lui soufflaient à l’oreille d’y aller pour un grand coup, ce que les Blue Jackets de Columbus, les Predators de Nashville et les Jets de Winnipeg ont fait au cours des derniers jours.
Mais on doit lui donner le crédit de tenir parole.
Si le Canadien rate les séries, les critiques seront acerbes. Très même. Et on remettra comme c’est arrivé à plusieurs reprises au fil des dernières années ses décisions et non décisions.
Mais s’il est vrai que Marc Bergevin s’est « contenté » d’ajouter Jordan Weal lundi, après avoir donné plus de profondeur à son équipe avec les Nate Thompson, Dale Weise et Christian Folin qu’on n’a pas encore vu jouer, il ne faudrait pas oublier qu’il a donné un sérieux coup de barre l’été dernier avec les départs de Pacioretty et Galchenyuk qu’il a remplacés par Tatar et Domi.
À ce titre, Max Domi a bien mal accueilli la question pourtant très appropriée de ma collègue Chantal Machabée après le match qui lui a demandé si le fait d’avoir perdu six fois lors des huit derniers matchs (2-5-1) suscitait de l’inquiétude dans le vestiaire.
« Je ne sais pas comment réagir face à cette question. Nous formons un groupe uni et nous savons ce que nous sommes en mesure d’accomplir. Nous devons trouver les façons de gagner, mais nous avons tous 100% confiance aux joueurs qui forment cette équipe », a tranché Domi.
« Nous formons un groupe spécial ici. Il nous reste 19 matchs pour réaliser quelque chose de spécial. Et nous sommes tous convaincus de pouvoir y arrive r», a ajouté Jordie Benn.
Il ne reste qu’à le prouver!