Marc Bergevin reconnaît que c’est au sein de l’organisation du Canadien de Montréal et non du Lightning de Tampa Bay qu’Alex Barré-Boulet aurait dû faire le saut dans les rangs professionnels.

Le directeur général du Tricolore refuse toutefois d’assumer l’entière responsabilité associée au fait que le meilleur marqueur de la LHJMQ a décidé de s’entendre avec le Lightning et non le Canadien.

« Nous avions de l’intérêt à l’endroit de Barré-Boulet. Nous avons contacté son agent – Paul Corbeil – avant les Fêtes et nous lui avons parlé encore au cours de l’hiver. Il nous a indiqué lors de la première discussion qu’il étudiait d’autres offres et nous a annoncé qu’il avait une entente de principe avec une autre formation lors de notre deuxième conversation. Je suis bien d’accord sur le fait que le Canadien doit prendre les moyens pour garder les jeunes qui jouent dans notre cour et qui n’ont pas été repêchés. Mais si ces jeunes décident d’aller ailleurs, on ne peut pas être tenu responsable », a plaidé le directeur général lors d’un entretien avec RDS.CA il y a deux semaines en Floride.

Sur ce point Bergevin a raison : à titre de joueurs autonomes, les jeunes qui en sont à leurs derniers coups de patin dans la LHJMQ peuvent décider avec qui ils entendent faire le saut dans les rangs professionnels.

Mais le Canadien doit s’assurer de prendre les moyens de se battre à jeu égal avec les autres formations. Ce qui n’a pas été tout à fait le cas dans le dossier de Barré-Boulet. La première offre faite par le Canadien était associée à un contrat de la Ligue américaine alors que celles des autres formations qui courtisaient le centre de l’Armada de Blainville-Boisbriand étaient liées à des contrats de la LNH. Des contrats à deux volets, bien sûr, mais des contrats de la LNH quand même.

Parce que les partisans ont frais en mémoire la perte d’un Yanni Gourde qui vient d’atteindre la LNH à 26 ans après avoir fait le saut dans les rangs professionnels avec le club-école du Lightning de Tampa Bay qui lui a offert un contrat à titre de joueur autonome en 2016, la «perte» d’Alex Barré-Boulet a soulevé une vague d’indignation à Montréal.

En plus d’être considéré comme l’une des meilleures organisations de la LNH, le Lightning compte sur un directeur général adjoint très actif au Québec en Julien BriseBois. Non seulement BriseBois est-il le bras de Steve Yzerman à Tampa, mais il a la responsabilité – et les pouvoirs qui viennent avec – de bâtir un club-école solide à Syracuse. Des facteurs qui contribuent à favoriser le Lightning aux dépens du Canadien.

Marc Bergevin considère que les dualités entre son offre et celles des autres formations avaient moins de conséquences négatives que plusieurs le laissent entendre. «Alex Barré-Boulet est un excellent joueur dans les rangs juniors. J’ai demandé à nos recruteurs de me fournir des projections sur sa carrière professionnelle. Il est impossible de savoir s’il atteindra la LNH un jour, encore moins s’il s’y établira. Mais nous avions de l’intérêt à son endroit parce que nous voulons donner des chances aux gars qui sortent des rangs juniors au Québec. On l’a fait encore l’an dernier en offrant un contrat d’entrée dans la LNH à Antoine Waked. On a payé un peu plus cher que les offres sur le marché pour l’avoir avec nous et nous aurions pu suivre le même scénario avec Barré-Boulet. Mais il s’est entendu avec une autre organisation. On fait nos devoirs. On a d’autres gars à l’œil surtout qu’avec notre club-école à Laval, il est encore plus important de s’assurer de garder les gars d’ici. Il faut toutefois que les amateurs comprennent que la décision finale ne nous revient pas.»

Fort de sa saison de 53 buts et 116 points en 65 avec l’Armada cette année, Alex Barré-Boulet a signé un contrat de trois ans qui lui permettra de toucher un salaire de base de 650 000 $ ou 700 000 $ s’il atteint la LNH lors de sa première saison ou des deux subséquentes. À Syracuse dans la LAH, son salaire sera de 70 000 $ au cours de ses trois premières saisons dans les rangs professionnels.

Est-ce que le Canadien aurait pu être plus généreux à l’endroit de Barré-Boulet en matière de salaire dans la Ligue américaine afin de mousser ses chances de damner le pion au Lightning? La réponse est oui. Mais lorsque le Tricolore est revenu à la charge avec sa deuxième offre, le clan Barré-Boulet avait une entente de principe qu’il a respecté. Une décision tout à fait logique puisqu’un joueur autonome qui sort des rangs juniors, aussi bon soit-il, serait bien mal venu de se bâtir une sale réputation en balayant du revers de la main toute entente de principe. Surtout s’il s’agit de la première de sa carrière.