S’il est vrai que le Canadien a été un brin ou deux chanceux de sortir gagnant de Toronto, Washington et Philadelphie lors de ses trois premiers matchs de la saison, la chance a joué un rôle bien mineur dans ses victoires aux dépens des Bruins jeudi et l’Avalanche samedi.

Bon! C’est toujours plus facile quand la rondelle glisse de ton bord. C’est connu.

Mais si le Canadien a obtenu quelques bonds favorables aux dépens des Bruins, jeudi, c’est parce qu’il a travaillé, qu’il a patiné et qu’il a mieux joué que ses rivaux venus de Boston.

Cette réalité était plus vraie encore samedi alors que le Canadien a complètement mystifié un club qui, du moins sur papier, devrait lui être supérieur.

J’entends d’ici quelques partisans sévères ou des amateurs qui ne portent pas le Tricolore dans leur cœur, vociférer que le Canadien a été bien plus chanceux que je le prétends et qui brandiront en preuve les buts de Galchenyuk et de Subban enfilés coup sur coup à leur sortie respective du banc des pénalités.

Oui, les circonstances ont favorisé Galchenyuk qui a intercepté une sortie de zone de l’Avalanche en posant les patins sur la patinoire et Subban qui a pu se rendre au fond de la zone du Colorado où il a profité d’une chute de Tyson Barrie pour se présenter seul devant Calvin Pickard qu’il a déjoué avec une feinte qui valait, à elle seule, le prix d’entrée au Centre Bell samedi.

L’Avalanche poussé à l’erreur

L’Avalanche n’a pas disputé un mauvais match. En fait, oui. Malgré les 34 tirs obtenus, deux de moins que le Canadien, et les 10 octroyés à Matt Duchene, l’Avalanche a déployé quelques beaux élans individuels, mais collectivement, il n’a pas bien joué

On n’a pas vu, ou à peu près pas, Nathan MacKinnon. On n’a pas vu Gabriel Landeskog non plus. Ryan O’Reilly, Maxime Talbot et Daniel Brière sont demeurés bien discrets. En défensive, on a remarqué les arrières de l’Avalanche lorsqu’ils ont raté des passes, ont été dominés par le Canadien ou qu’ils se sont rendus coupables de revirements.

Alex Tanguay (5) et Jarome Iginla (4) ont généré de l’attaque, mais on ne les a jamais senti en mesure de déstabiliser le Canadien.

L’Avalanche a certainement sa part de responsabilité à assumer s’il n’a pas disputé un fort match, s’il a semblé si peu organisé. Si le club de Patrick Roy n’a pas joué à la hauteur de sa réputation, c’est toutefois aussi, et surtout, en raison de la vitesse, de la qualité de l’échec avant, de la qualité tout court du jeu des attaquants du Canadien qui ont été beaucoup meilleurs que chanceux lors du match de samedi.

Oui! Le Tricolore a accordé le premier but pour une cinquième fois en six parties. Oui, il a encore terminé la première période avec un recul à combler.

Mais ce recul, il l’a comblé. Encore.

Comment?

En comptant sur l’apport offensif de ses trois premiers trios et même aussi un peu de son quatrième.

Travis Moen a obtenu quatre tirs au but. Ce n’est pas rien. Brandon Prust a bousillé une belle passe que lui a refilée Tomas Plerkanec dans l’enclave. Il a toutefois contribué avec ses trois mises en échec et ses trois tirs bloqués.

Quant à Manny Malhotra, il a remporté 13 des 18 mises en jeu qu’il a disputées, ce qui lui vaut un taux d’efficacité impérial de 75 %. Malhotra a été sensationnel dans le dernier droit du match alors que l’Avalanche n’a pu profiter de deux mises en jeu à la gauche de Carey Price et du fait que le gardien Calvin Pickard était au banc à la faveur d’un sixième patineur. Des petits gestes qui pèsent lourd dans une victoire.

Si le quatrième trio a fait son travail, que dire des trois premiers. Surtout ceux pilotés par David Desharnais et Tomas Plekanec. Rapides, beaux à voir lorsqu’ils orchestrent des sorties de zone, incisifs dans leurs attaques vers le filet adverse, les trios de Desharnais et Plekanec affichent une forme de mi-saison. Les jambes sont solides, puissantes. Les mains sont agiles, rapides, précises. La complicité est évidente ce qui augure bien pour la saison qui commence.

Même le trio de Lars Eller a su s’imposer quelques fois.

Bon! Rene Bourque a certainement ralenti ses deux compagnons de jeu avec un match ordinaire. Un autre. Mais Eller et Sekac se sont bien complétés, et on peut se permettre de se demander si Michaël Bournival pourrait contribuer davantage aux succès d’Eller et Sekac si on lui offrait l’occasion d’aller en relève à Rene Bourque lorsqu’il sera de retour de Hamilton.

On verra.

P.K. spectaculaire, Markov efficace

Derrière des attaquants qui offrent au Canadien une offensive solide et équilibrée pour la première fois depuis bien des années, P.K. Subban et Andrei Markov ont maintenu la cadence samedi.

Subban a marqué deux fois. Et quels buts il a marqués.

Son premier, lors d’une attaque massive, a permis de constater que le jeune étalon gagne en maturité. Après avoir vu deux tirs frappés sur réception être déviés et/ou bloqués en défensive, Subban ne s’est pas contenté d’y aller pour une troisième tentative du même genre. Il s’est déplacé vers sa gauche pour s’offrir un corridor de tir. Et bien qu’en glissant vers la bande, il s’est privé d’un meilleur angle pour tirer, Subban a décoché un tir que le gardien Pickard n’a jamais vu passer même s’il n’avait pas la vue obstruée.

Quel tir!

Et que dire que sa poussée en fond de territoire sur son deuxième but marqué en sortant du banc des pénalités?

Comme Galchenyuk tout juste avant lui, P.K. a su combiner talent, vitesse, énergie, implication et présence d’esprit sur ce but magnifique. Un troisième déjà cette saison.

P.K. et Markov ont été sensationnels. Markov aurait selon moi mérité une étoile pour l’excellence de son jeu samedi et le fait qu’il a été le défenseur le plus sollicité du Tricolore avec 25 minutes 30 secondes d’utilisation.

Vingt-cinq minutes qu’il a passées sur la patinoire le plus clair de son temps avec Tom Gilbert qui n’a pas été vraiment meilleur samedi que lors des cinq premières parties de la saison.

On va lui donner le bénéfice du doute et lui accorder encore cinq, huit, 10 parties pour prouver qu’il mérite vraiment sa place au sein du deuxième duo d’arrières et son contrat de deux ans d’une valeur annuelle de 2,8 millions $.

Mais si Gilbert ne mérite pas vraiment d’éloges au lendemain de la victoire aux dépens de l’Avalanche, Jarred Tinordi lui mérite des félicitations.

Solide samedi, calme avec la rondelle en sortie de zone, en contrôle et confiant comme l’a prouvé une rondelle qu’il a interceptée sur un dégagement tenté au lieu d’être parti à reculons trop vite comme il le faisait en match préparatoire, Tinordi a disputé son meilleur match de la saison.

Je vais revenir sur ses performances récentes en début de semaine.

Et Price?

On ne peut pas lui reprocher grand-chose sur les deux buts qu’il a accordés. De plus, il a su s’imposer en début de match pour éviter que l’Avalanche – par le biais de Matt Duchene – n’ajoute un ou deux buts pendant que le jeune gardien Calvin Pickard réalisait 17 arrêts en première.

Et en fin de match, alors que l’Avalanche s’est rapproché à un but de pousser la rencontre en prolongation, il a respecté à la lettre la philosophie de l’ancien gardien des Oilers – entre autres – selon laquelle peu importe le nombre de buts que tu accordes, tu ne dois jamais accorder le but égalisateur.

Ce que Price a fait avec brio.

Avec Price en forme et efficace devant son filet, avec Subban et Markov comme piliers à la ligne bleue, avec les trios de Desharnais et Plekanec qui sont en feu et les deux autres qui les appuient bien, le Canadien démontre qu’il peut rivaliser avec n’importe qui et qu’il est sur le point d’assurer sa place au sein des équipes d’élite dans l’Association Est. Quoi qu’en pense et en dise le directeur général Marc Bergevin.

Entre les lignes

Après avoir inquiété lors des quatre premiers matchs (0 en 14), l’attaque massive a marqué trois fois lors de ses six dernières supériorités numériques. C’est souvent comme ça avec le « PP » : quand ça se met à rentrer, tout rentre…

Inversement, le Canadien a écoulé les quatre  pénalités écopées par ses joueurs. Une grosse amélioration.

Pierre-Alexandre Parenteau a remporté la première manche de la petite guerre qui l’opposera jusqu’à la fin de sa carrière à Patrick Roy et à l’Avalanche du Colorado. Largué par l’Avalanche qui l’a échangé au Canadien en retour de Daniel Brière, Parenteau a été beaucoup plus visible que le Gatinois samedi soir. Parenteau, qui a obtenu quatre tirs dont l’un décoché de l’enclave qui a généré une occasion en or de marquer, a obtenu près du double de temps d’utilisation de Brière. Le nouveau joueur du Tricolore a 2 :43 d’utilisation en avantage numérique alors que Daniel Brière n’a pas posé les patins sur la patinoire du Centre Bell malgré huit minutes passées par l’Avalanche en avantage numérique…

Mardi au Centre Bell, les Red Wings croiseront le Canadien qui profite d’un congé dominical. Je vous souhaite de pouvoir en faire autant…