BROSSARD, Qc - Après quatre jours sans pouvoir mettre un visage sur leur prochaine cible, les joueurs du Canadien se sont finalement entraînés avec un adversaire en tête dimanche matin.

Qualifié pour la deuxième ronde des éliminatoires depuis mardi, le Tricolore y a finalement été rejoint samedi par les Bruins de Boston, qui ont éliminé les Red Wings de Detroit en cinq rencontres. L'horaire du duel entre les deux rivaux n'est pas encore connu.

Montréal et Boston se retrouvent en séries pour la 34e fois de leur histoire. La dernière remonte au printemps 2011, alors que les Bruins avaient eu besoin de sept matchs et de trois victoires en prolongation pour prévaloir et ensuite continuer leur chemin vers leur première conquête de la coupe Stanley en 39 ans.

Onze joueurs de l'édition actuelle du Canadien ont vécu la déception de cette élimination il y a trois ans. Les autres vivront le paroxysme de cette rivalité pour la première fois.

« J'en ai vu plusieurs, des séries Canadien-Boston, mais d'avoir la chance d'y participer, c'est spécial, a concédé Daniel Brière. Je ne veux rien enlever au Lightning de Tampa Bay, ça a été quelque chose de fantastique de gagner contre eux en première ronde, mais c'est encore mieux d'affronter les Bruins et savourer la victoire contre eux, ça serait la cerise sur le sundae. Pendant les deux prochaines semaines, je ne vais penser qu'à ça. Je vais en rêver. »

CH-Bruins : Pour une 34e fois

Brière, qui a inscrit trois points en quatre matchs cette saison contre les Bruins, ne sera toutefois pas en terrain inconnu à Boston. Lors de son séjour de six années à Philadelphie, il a notamment fait partie de l'édition 2010 des Flyers qui est devenue la troisième équipe de l'histoire de la Ligue nationale à combler un déficit de 0-3 dans une série 4-de-7.

« Philadelphie-Boston, ce n'était pas de tout repos non plus. C'était une bonne rivalité. On les a affrontés à deux reprises en séries et c'était très intense. »

« J’ai regardé des séries entre les deux équipes dans le passé, mais je les ai aussi affrontés en séries. C’est difficile de jouer là-bas, mais ce l'est ici aussi, donc ce sera une bonne série », prévoit Thomas Vanek, qui avait affronté les Bruins dans l'uniforme des Sabres de Buffalo au printemps 2010.

« Il y a une riche histoire entre les deux équipes et il ne fait aucun doute que ce sera une série émotive », anticipe Josh Gorges, qui parle en connaissance de cause. Le Canadien affrontera les Bruins en séries pour la quatrième fois depuis qu'il s'est amené à Montréal. Parmi ses coéquipiers, seuls Francis Bouillon, Tomas Plekanec et Andrei Markov peuvent se vanter d'avoir autant de vécu contre ces vieux ennemis.

« Il faudra se battre pour chaque petit détail. Un match facile contre Boston, ça n'existe pas, sait trop bien Gorges. Ils forment une équipe bien structurée qui ne concède rien. Ce sera toute une bataille. »

Cette saison, les Bruins ont remporté le trophée des Présidents, remis aux champions du calendrier régulier, grâce à une récolte de 54 victoires et 117 points. Six équipes sont parvenues à les vaincre à plus d'une reprise, mais aucune ne leur a donné plus de fil à retordre que le Canadien, qui a remporté trois des quatre parties entre les deux clubs.

Peter Budaj s'est vu confier le filet pour trois de ces quatre rendez-vous. À son seul match contre les Bruins cette saison, Carey Price a signé une victoire de 2-1 le 5 décembre.

« Tout ça ne veut plus rien dire, s'est empressé de préciser Brendan Gallagher. Les deux équipes sont au même point et voudront être la première à gagner quatre matchs. Ils auront leur plan de match, nous aurons le nôtre et ceux qui démontreront la meilleure exécution aura le dernier mot. »

« Les séries, c'est une toute nouvelle saison, a comparé Gorges. Nous devons croire en nous, mais nous devons aussi réaliser qu'il s'agira de tout un défi. Les Bruins ont connu tellement de succès en séries au cours des dernières années et forment une équipe très expérimentée.

Vers un retour de Moen?

Un changement était observable lors du troisième entraînement de l'équipe en autant de jours. Travis Moen, qui n'a pas joué depuis qu'il a subi une commotion cérébrale le 24 mars, justement contre les Bruins, remplaçait Michaël Bournival sur un trio complété par Daniel Brière et Dale Weise. La recrue québécoise patinait quant à lui sur la cinquième unité avec George Parros et Ryan White, deux joueurs qui attendent toujours le signal pour sauter dans la mêlée.

S'il en connaît plus qu'il y a deux jours sur le sort qui l'attend à l'amorce de la deuxième ronde, Moen a bien caché son jeu devant les journalistes, se contentant de dire qu'il espérait évidemment être de la partie lorsque le Canadien renouera enfin avec l'action.

« Il n'y a rien comme le hockey de séries », reconnaît Moen, qui a 73 matchs éliminatoires et une coupe Stanley, remportée avec les Ducks d'Anaheim, à son CV.

« Je crois qu'on peut former une unité qui mise sur la vitesse et l'énergie. Ces deux gars-là sont très rapides et on peut se servir de nos atouts pour garder la rondelle profondément en territoire adverse. Danny est très habile avec la rondelle près du filet, alors mon travail et celui de Dale serait de foncer au but et de lui créer des ouvertures. »

« Contre Tampa Bay, on a été chanceux. On n'a pas eu besoin de faire de changements dans l'alignement. Les quatre lignes ont fonctionné, les six défenseurs allaient bien... C'est rare que ça arrive », offrait Brière comme différente perspective.

« En avançant, ça va devenir de plus en plus difficile. Contre Boston, ça va être une série physique et on va sûrement avoir besoin de renfort des joueurs qui n'ont pas eu la chance de jouer en début de séries. Donc c'est important d'essayer de mettre tout le monde dans l'ambiance. »

Dans cette optique, il sera notamment intéressant de surveiller le sort qui sera réservé à Douglas Murray et Jarred Tinordi. Les deux robustes défenseurs ont été laissés de côté pour les quatre matchs contre le Lightning, mais leur gabarit imposant pourrait leur valoir une place dans la formation face aux Bruins. Michel Therrien, qui ne s'est pas adressé aux médias dimanche, a toutefois refusé de dévoiler son jeu cette semaine.

Alex Galchenyuk, qui s'est blessé au bas du corps dans la dernière semaine du calendrier régulier, était toujours le seul absent sur la glace du Complexe sportif Bell dimanche. Deux jours plus tôt, Therrien s'était contenté de dire qu'il était possible de revoir le jeune attaquant en deuxième ronde, sans offrir plus de détails.