Ce vendredi 26 décembre, à 18 h, RDS présente le deuxième épisode de Table d'hôte, une série à diffusion mensuelle qui rassemble des personnalités sportives marquantes autour d’un bon sujet et d’une bonne table. Pour le 2e épisode, Table d'hôte a réuni Michel Therrien, Alain Vigneault, Jacques Demers et Mario Tremblay pour mettre en lumière les réalités associées à un emploi aussi prestigieux qu’exigeant : entraîneur du Canadien de Montréal.

Avant la diffusion de cette émission, Mario Tremblay a accepté de parler de son expérience derrière le banc du Tricolore.

L'enregistrement de l'émission durant l'été a vraiment été une belle réunion d'entraîneurs. Comme c'était la période estivale, les gars étaient très relaxes pour aborder leurs expériences et on n'a pas vraiment senti de barrière dans leurs commentaires. L'animateur Pierre Houde a fait un excellent travail pour diriger la rencontre et développer les sujets. J'ai beaucoup apprécié y participer. On devrait d'ailleurs le faire plus souvent.

Quand j'ai accédé au poste d'entraîneur du Canadien, je remplaçais Jacques Demers, et même si c'est moi qui lui ai succédé, nous sommes toujours restés de bons chums et il n'y a aucune animosité entre nous. Moi, j'ai été remplacé par Alain Vigneault avec qui je m'entends bien aussi. Nous sommes de bons amis et c'est juste un processus normal dans le métier. Je ne suis pas le premier et le dernier à le vivre. Je suis très heureux de voir que nous sommes tous des francophones qui avons eu la chance d'occuper cette fonction et il faut féliciter le Canadien d'avoir donné la chance à des Québécois d'accéder à la LNH.

Michel Therrien et Alain Vigneault ont une longue carrière dans la LNH et s'ils n'avaient pas obtenu cette chance du Canadien, ils ne seraient peut-être pas là aujourd'hui.

La journée où je suis devenu l'entraîneur du Canadien, j'ai ressenti une immense fierté. Quand tu te retrouves derrière le banc après avoir porté fièrement les couleurs de cette équipe, c'est gigantesque. C'est difficile à décrire. Je pense qu'il faut être passé par là pour vraiment saisir ce qui se passe en nous. Les gens peuvent commenter tant qu'ils le veulent, mais si tu n'as jamais vécu l'expérience, tu ne peux pas comprendre. Être entraîneur du Canadien est sans doute l'un des jobs les plus difficiles, mais c'est une expérience qui m'a été vraiment bénéfique.

Je n'avais pas d'expérience comme entraîneur à l'époque, mais c'était difficile de dire non à l'appel du Canadien. Si j'avais dit non, je m'en serais toujours voulu de ne pas avoir relevé le défi. J'ai réfléchi une nuit à l'offre de Réjean Houle de devenir entraîneur. Je me sentais bien entouré avec Jacques Laperrière, Steve Shutt et Yvan Cournoyer dans des rôles d'adjoints. Nous avons quand même bien fait et sous ma gouverne, le Canadien a conservé un dossier de 81-63-25 avec deux participations aux séries éliminatoires. Je ne suis aucunement gêné de ma fiche.

Serge Savard m'avait brièvement sondé à savoir si j'étais intéressé par un poste d'entraîneur. Il avait été question de m'envoyer à Fredericton dans la LAH pour gagner mes grades. Serge avait finalement changé d'idée. Avec le recul, je sais que ça aurait été mieux si j'étais allé prendre de l'expérience avant de diriger le Canadien. Aujourd'hui, c'est une évidence, mais à l'époque, j'y suis allé avec mon jugement en m'appuyant sur mon entourage et sur les expériences vécues avec mes différents entraîneurs. Je ne suis pas un imbécile. Si j'avais été entraîneur avant, les choses auraient été plus faciles. Au moins, j'avais déjà joué dans la LNH.Mario Tremblay

Je n'oublierai jamais ce premier match que nous avions gagné contre les Maple Leafs de Toronto grâce au but de Pierre Turgeon avec un dixième de seconde à faire à la rencontre. Que ce soit comme entraîneur ou comme joueur, tu veux juste que ton club obtienne des points au classement. Après la partie, Pat Burns était fâché et il avait déclaré que n'importe quel entraîneur aurait gagné ce match!

J'étais heureux de cette victoire. C'était comme si j'avais marqué un tour du chapeau. Ce sont des moments qui ne s'oublient pas.

Cette première saison à la barre du Canadien a été marquée par un incident majeur qui a entraîné le départ de Patrick Roy de Montréal. Tout monde connaît l'histoire et avec le recul, je pense que ça aurait été mieux si on avait pris les moyens de discuter avec Patrick pour qu'on se comprenne mieux et lui dire qu'on ne voulait pas l'échanger. On avait une bonne équipe à l'époque et la situation parfaite aurait été de trouver une solution au conflit.

Si ça arrivait aujourd'hui, on ferait les choses d'une autre façon. Patrick était fâché et il avait dit à Ronald Corey qu'il venait de jouer son dernier match avec le Canadien. Avec mon expérience d'aujourd'hui, on aurait eu une rencontre pour dénouer l'impasse.

J'ai préféré remettre ma démission après deux saisons parce que je croyais que c'était mieux pour l'organisation. Les médias ont été très durs à mon endroit à l'époque et il arrive un temps où on ne peut plus endurer. J'étais allé voir Réjean et monsieur Corey et je leur avais dit que je m'en allais. J'aurais aimé rester, mais dans les circonstances, je pense que c'était mieux de laisser ma place à une autre personne.

Mais être entraîneur du Canadien est très enrichissant. Ça fait vieillir et c'est aussi très formateur. L'expérience a duré deux ans, mais combien elle a été riche. Quand les choses vont bien, c'est magique, mais quand les choses vont moins bien, ce n'est pas toujours évident de diriger à Montréal.

*Propos recueillis par Robert Latendresse