Sommaire du match

MONTRÉAL - Dix minutes après la mise en jeu initiale, tout allait bien pour le Canadien. Vraiment bien!

 

Josh Anderson avait donné les devants dès la 76e seconde du match en recevant un beau cadeau de Frederik Andersen.

 

Pas question ici d’enlever quoi que ce soit du travail abattu par Anderson sur le jeu : il a d’abord épinglé un Leaf le long de la bande, s’est ensuite porté à l’attaque, a reçu une passe de Jonathan Drouin avant de filer sur le flanc droit et de foncer vers le but pour tirer alors qu’il avait John Tavares sur le dos. Tout ça, était beau. Tout ça, était bien fait. Mais jamais au grand jamais le tir décoché par Anderson n’aurait dû se faufiler entre les jambières du gardien des Leafs.

 

Mais bon! Comme je l’ai indiqué en début de texte : dix minutes après la mise en jeu initiale, tout allait bien pour le Canadien.

 

Non seulement Anderson avait permis au Canadien de marquer le premier but du match pour une dixième fois cette saison, mais à la suite de ce but, le Tricolore a maintenu la pression aux dépens des Leafs qui semblaient toujours au vestiaire. Non seulement le Canadien était la meilleure équipe sur la glace, il semblait être la seule équipe sur la glace.

 

Plus encore que le score de 1-0, les sept tirs du Canadien contre le tout petit de ses adversaires donnaient une bien meilleure allure du match.

 

À 10 :37 du premier tiers, Pierre Engvall a frappé Joel Armia au visage avec la lame de son bâton offrant du coup une attaque massive dont le Canadien semblait avoir nullement besoin pour continuer à imposer son rythme.

 

À 12 :37 du premier tiers, lorsque Engvall est sorti du banc des pénalités, le chiffre des tirs au but n’avait pas changé.

 

C’est là que le match a tourné.

 

Débordé à quatre contre quatre

 

Je sais : les Leafs ont attendu jusqu’à la fin de la deuxième période pour égaler la marque. Mais ce n’est pas grave. Ce but égalisateur on s’est mis à le sentir venir comme on sent un putois en santé s’approcher bien avant de le croiser du regard.

 

Les Leafs se sont mis à patiner. Le Canadien s’est mis à accrocher. Weber a été chassé. Danault l’a été lui aussi. Le Canadien n’avait plus de rythme. Après trois jours de congé, il est impossible, impensable, ou un savant mélange des deux, de croire que le Canadien n’avait plus de jambe.

 

D’où la constatation qu’il n’avait plus de rythme. Mais il n’avait pas plus de cohésion. Ma foi, on aurait même dit qu’il n’avait plus de confiance tant il s’est mis à courir après la rondelle comme on coure après le trouble.

 

Et le trouble, le Canadien l’a vite rejoint.

 

Danault, Gallagher, Chariot et Weber envoyés à quatre contre quatre contre Tavares, Nylander, Dermott et Muzzin : la combinaison n’a pas fait le poids.

 

Après avoir multiplié les pertes de rondelle en zone défensive, le Canadien a finalement offert à Travis Dermott la possibilité d’égaler la marque.

 

Pas à Auston Matthews qui a marqué 11 buts depuis le début de la saison, qui surfait sur une séquence de huit matchs de suite avec au moins un but, qui est débarqué à Montréal avec 58 buts marqués à ses 82 derniers matchs de saison régulière.

 

Pas à Mitchell Marner. Pas au bon vieux Jason Spezza qui a réalisé un tour du chapeau la semaine dernière et qui a toujours su profiter des matchs contre le Canadien pour se signaler comme en témoignent ses 32 buts marqués et 70 points en 67 parties contre le Tricolore en carrière. Pas à John Tavares ou à Morgan Rielly.

 

Non! À Travis Dermott qui n’avait pas marqué à ses 36 derniers matchs de saison régulière.

 

Et qui a marqué le deuxième but des Leafs?

 

Justin Holl! Son nom vous ne dit rien? Vous ne vous souvenez pas d’avoir vu des faits saillants le mettant en vedette? C’est normal. En 95 matchs dans la LNH, ce défenseur défensif affiche cinq buts seulement. Son différentiel de plus 19 est presque aussi imposant que sa récolte de points (26) en carrière.

 

Quand les collègues de Toronto lui ont fait remarquer après le match qu’il n’avait pas marqué depuis un bon bout de temps – le 27 février 2020 – Holl est loin d’avoir été vexé.

 

« Disons que ce n’est pas mon apport offensif qui est ma force. D’ailleurs si vous vous rappelez bien, ce but, c’est dans un filet désert que je l’avais marqué. L’autre d’avant, je ne m’en souviens même plus du moment où il est arrivé », a-t-il répliqué.

 

On peut comprendre Holl d’avoir oublié à quand remontait son dernier « vrai » but puisqu’il l’a marqué le 13 novembre 2019...

 

Justin Holl a beau être un défenseur à caractère défensif, le Canadien n’avait aucune raison de se montrer si généreux à son endroit. Encore à quatre contre quatre – cette fois ce sont Toffoli, Drouin, Petry et Weber qui étaient sur la glace – le Canadien a cafouillé avec la rondelle et ne s’est pas le moindrement occupé de Holl qui a pu compter lentement jusqu’à 10 avant de décocher un puissant tir frappé et déjouer Carey Price.

 

C’était une bonne « garnotte ». Mais en épiant la réaction de dépit de Price, il est clair que le gardien croyait qu’il aurait dû capter la rondelle avec sa mitaine.

 

Je le crois aussi.

 

Encore étourdis par ce but qui donnait les devants aux Leafs, Price et ses coéquipiers sont demeurés les patins dans le sable dès la reprise du jeu.

 

Eh oui! Toronto en a profité pour récidiver : deux buts en 42 petites secondes.

 

Et qui a marqué? Non ce n’est pas un des gros joueurs des Leafs! Car bien qu’il soit grand et costaud, Ilya Mikheyev a lui aussi profité de la générosité du Canadien pour inscrire son premier but  de la saison. Son neuvième seulement en 52 matchs dans la LNH...

 

Encore un mauvais match

 

Tomas Tatar a ravivé un brin les espoirs du Canadien et de ses partisans en resserrant le score (3-2) en fin de troisième. Mais bien objectivement : le Canadien a été tellement mauvais qu’il ne méritait pas la prime associée à un revers en prolongation ou en tirs de barrage.

 

Exception faite du trio de Suzuki qui, au-delà du but de Josh Anderson, a affiché deux brins d’intensité, les autres se sont contentés de jouer au « Corsi » au lieu de jouer au vrai hockey. Mettre des rondelles au filet adverse pour gonfler une facette des statistiques avancées ça paraît bien sur des tableaux, mais ça paraît bien mal sur la patinoire. Je pense ici au trio de Phillip Danault qui a été particulièrement débordé. À celui de KK aussi.

 

Jake Evans a été solide aux cercles des mises en jeu. En fait, il a été et de loin le meilleur du CH avec six mises en jeu gagnées sur les huit disputées. Mais autrement son trio n’a pas généré grand-chose.

 

Artturi Lehkonen est passé proche une fois, mais une fois encore, il n’a pas su en profiter.

 

Relégué au quatrième trio parce que Joel Armia a repris sa place avec KK et Toffoli après une absence de sept matchs, Corey Perry n’a rien cassé mercredi. Rien de rien. Rien en tout cas pour justifier qu’on garde Paul Byron sur la touche plus d’un match.

 

Byron méritait l’exclusion qu’il a essuyée hier soir. Mais au nombre d’attaquants qui ont mal joué dans ce match qui devait servir de baromètre pour départager les deux meilleures équipes de la division canadienne, d’autres pourraient le remplacer sur la galerie de presse.

 

À la ligne bleue, ce n’a pas été beaucoup mieux.

 

Ben Chiarot a été rien de moins que mauvais. Shea Weber est loin d’avoir disputé un fort match. Et il se retrouve avec un différentiel de moins-3 pour en témoigner. Mais Chiarot aurait dû écoper une, deux, voire trois pénalités mineures de plus tant il est en retard sur les jeux et doit accrocher pour rester dans le coup.

 

Alexander Romanov et Brett Kulak ont eux aussi eu les mains pleines trop souvent au cours de cette partie.

 

Est-ce qu’on reverra Victor Mete demain? Je ne sais pas. Je donnerais la chance à Kulak et Romanov de prouver qu’ils n’avaient qu’un mauvais match dans le système mercredi.

 

Cela dit, avec Connor McDavid et Leon Draisaitl qui feront une première escale à Montréal ce soir et qui voudront venger les deux revers gênants (5-1 et 3-1) que leur a infligés le Canadien à Edmonton plus tôt en début de saison, peu importe les joueurs que Claude Julien enverra dans la mêlée, ils devront tous être meilleurs qu’ils ne l’ont été hier si le Tricolore veut se donner une chance de gagner.

 

Ou d’aider Jake Allen à donner une chance à son équipe de gagner.

 

Bon! J’écris Allen parce que dans le cadre d’une séquence de deux matchs en deux soirs, on s’attend à ce Price obtienne congé. Mais le gardien numéro un ne jouant vraiment pas à la hauteur de son potentiel, est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux lui donner plus de matchs pour l’aider?

 

Je lance ça de même...

 

Entre les lignes

 

- Frederik Andersen a reconnu avoir été généreux sur le premier but du match. Comment est-il arrivé à retrouver son aplomb après avoir accordé un but si tôt dans le match et sur le tout premier tir? Un tir de routine de surcroît? « Tu passes au tir suivant et tu prends les moyens de l’arrêter. Tu ne peux pas réussir comme gardien si tu n’arrives pas à mettre rapidement de côté les buts que tu accordes. »

 

- Le Canadien a marqué le premier but du match 10 fois déjà cette saison. Il a perdu trois fois  : contre Toronto mercredi et Ottawa jeudi dernier en temps réglementaire et encore aux mains des Leafs, mais cette fois en prolongation, lors du tout premier match de la saison...

 

- John Tavares a dû retraiter au vestiaire en cours de rencontre après avoir été écrasé par Shea Weber qui est tombé lourdement sur lui lors d’une mêlée près du filet du Canadien en période médiane. « J’ai dû me soumettre au protocole afin de s’assurer que je n’avais pas subi de commotion cérébrale. Dès que j’ai eu le feu vert, je suis vite revenu prendre ma place...»

 

Le Canadien et les Leafs se croiseront à nouveau samedi, mais cette fois à Toronto. Mais avant de penser à la revanche contre Toronto, le Canadien devrait accorder de l’importance aux Oilers...