Le blâme doit être distribué de manière égale et juste pour les insuccès récurrents du Canadien.

Les joueurs méritent évidemment une partie des critiques. Exception faite du match de dimanche à Chicago, on joue souvent assez bien pour gagner. On peut penser au match de samedi contre les Blues ou à celui de jeudi dernier contre les Blackhawks.

Ce que je me tue à essayer de comprendre, par contre, c’est comment cette équipe peut continuer de se tirer dans le pied avec autant d’erreurs directes, des erreurs commises par des vétérans! Andrei Markov fait beaucoup d’erreurs dernièrement. Même chose pour Jeff Petry. Torrey Mitchell n’a vraiment pas connu un bon match à Chicago. Nathan Beaulieu non plus.  C’est bien beau, chercher des excuses, mais ces gars-là doivent se prendre en main.   

Pourquoi commettent-ils ces erreurs? Est-ce un manque de préparation? De concentration? D’intérêt? Peu importe la réponse, il faut que ça cesse. Parce que demain, qui va la faire, l’erreur?

C’est de la nervosité mal placée et la seule façon de s’en sortir, c’est que les leaders soient en avant, fassent un appel au calme et convainquent les autres de suivre leurs traces. On ne peut pas demander à Paul Byron et Brian Flynn d’être constamment au front. C’est impossible.

Michel Therrien aussi mérite de voir son travail être remis en question. Je sais que plusieurs l’ont critiqué pour sa gestion de la contestation vidéo sur la séquence qui a mené au but de Marian Hossa, dimanche. À ce sujet, je vous demande de faire attention! Michel a les mêmes yeux que nous. Dans le feu de l’action, il a 30 secondes pour prendre une décision et l’aide doit venir d’en haut. Il y a des hommes qui sont payés pour ça et selon ses propos d’après-match, personne ne lui a conseillé d’en appeler de la décision des arbitres. Je lui donne donc le bénéfice du doute.

Par contre, Michel n’est pas blanc comme neige. Je crois qu’à un certain moment au cours des dernières semaines, il a protégé un peu trop ses joueurs. Je ne sais pas comment il gère son vestiaire, mais publiquement en tout cas, il a tendance à être très clément. Trop, peut-être.  

Besoin d’aide

Mais le point majeur à souligner, c’est que tant qu’il n’y aura pas de transaction majeure, cette équipe continuera de s’enliser.

Quand Brendan Gallagher entre au banc, qui est ton deuxième ailier droit? Paul Byron fait un travail exceptionnel, mais c’est quand même un joueur récupéré au ballottage. Bravo pour son travail! Mais on ne peut pas lui demander de jouer sur un deuxième trio.

À gauche, c’est la même chose. On y a replacé Alex Galchenyuk depuis quelques matchs. Est-ce que c’est la solution? Peut-être, mais il faut mieux l’entourer. J’étais certain, en début de saison, qu’il deviendrait le joueur de centre numéro un de l’équipe à Noël. Mais il n’en est pas capable, c’est sûr qu’il y a un problème. On l’a peut-être surévalué. Reste que ce gars-là ne donne pas ce qu’on attend de lui, c’est certain.

La vérité, c’est que le Canadien manque de profondeur à des positions clés. Présentement, on est incapables d’identifier six attaquants d’impact. Après quatre, on commence à douter, et puis encore!

Personnellement, j’ai toujours dit que ça prenait une transaction majeure. Même quand l’équipe alignait neuf victoires pour commencer la saison. Pourquoi? Pour s’occuper du présent, mais aussi de l’avenir. Si tu fais une transaction pour un joueur de 27 ou 28 ans, il pourrait rester avec le Canadien pendant huit ou neuf ans. C’est parfait.

On parle de transaction et j’entends tout le monde dire : « Oui, mais c’est difficile ». Moi, je n’embarque pas là-dedans. Dans une transaction, si tu veux recevoir, tu dois donner. Tu identifies ce que tu es prêt à laisser aller et tu cherches ce que tu veux avoir. Ensuite, on peut discuter.

Je ne suis pas dans les bureaux et je ne veux pas accuser Marc Bergevin. Mais je dis que ça prend une transaction et pour recevoir un joueur clé, tu dois être prêt à sacrifier des avoirs. Le meilleur exemple, c’est l’échange qui a fait passer Ryan Johansen à Nashville et qui a envoyé Seth Jones à Columbus. Les deux équipes ont évalué leurs besoins et ont fait les sacrifices requis pour les combler.

Le Canadien a besoin d’un attaquant. À la défense, on dit qu’il y a beaucoup de profondeur. Pourquoi ne pas partir de cette prémisse et voir ce qui peut en découler?

Le cas Tinordi

Le Canadien a finalement envoyé Jarred Tinordi sous d’autres cieux. Et qu’est-ce qu’il a reçu en retour? Absolument rien.

Bergevin n’aurait pas pu recevoir un joueur clé pour Tinordi, mais quand tu bâtis une transaction, tu peux donner de la quantité pour recevoir de la qualité. Le défenseur format géant aurait peut-être pu faire partie d’un paquet qui aurait permis d’aller chercher un coup de main plus concret.

Maintenant, qu’est-ce qu’on peut sacrifier? C’est aux membres de l’état-major du CH de faire une liste. Bergevin est entouré de gens qui doivent l’aider. Qui est-on prêt à laisser partir?

On a encore un premier choix au repêchage, des espoirs comme McCarron et Scherbak, des jeunes prometteurs comme Beaulieu et Galchenyuk. Il y a des choses qu’on peut faire. Maintenant, c’est un choix. Quand on me dit qu’une transaction, ça ne se fait pas, je réponds que c’est difficile, mais que les bons le font.

Pour conclure sur le cas Tinordi, je vais vous laisser avec cette question : que serait-il arrivé si on avait donné autant de chances à Tinordi qu’on en a donné à Beaulieu?

On ne parle pas du même style de joueur, mais où serait rendu Tinordi? Il ne peut plus jouer à Montréal, mais je pense qu’il peut jouer ailleurs. Il va devoir rebâtir sa confiance, mais la question se pose.