Le périple du Canadien de Montréal dans l’Ouest américain arrive à son terme, mais l’un de ses meilleurs soldats vient de tomber au combat en Alex Galchenyuk. Bien qu’au moment d’écrire ces lignes, la gravité de la blessure et la période estimée d’absence du joueur de centre ne soient pas encore connues, les amateurs du Tricolore retiennent leur souffle. L’impact de l’Américain dans la formation du Canadien est indéniable, lui qui est même présentement le meilleur marqueur du club cette saison et qui s’est confirmé au poste de premier joueur de centre. Perdre Galchenyuk à long terme serait catastrophique, mais comme le pronostic n’est pas encore tombé, il est trop tôt pour céder à la panique.

Ce qui est certain, c’est que Galchenyuk ne sera pas de la partie face aux Blues de St. Louis mardi soir. Il ne serait également pas surprenant de le voir manquer à l’appel le temps de quelques matchs, sans pour autant qu’il ne soit question d’une absence à long terme. Bien qu’il soit impossible de remplacer un talent brut tel que celui du numéro 27, il serait tentant pour le Canadien de se tourner vers David Desharnais pour tenter de colmater cette brèche.

Jusqu’ici, la saison 2016-17 de Desharnais est ponctuée de hauts et de bas, jouant mieux récemment. Il n’en demeure pas moins qu’il ne fut pas placé en des circonstances lui permettant réellement de se faire valoir, Galchenyuk pivotant le premier trio et évoluant sur la première vague d’attaque à cinq, Plekanec s’avérant le centre le plus utilisé par Michel Therrien en raison des responsabilités défensives qui lui sont décernées. Il en résulte que son rôle fut réduit comparativement aux saisons antérieures et qu’il ne fut pas jumelé aux meilleurs éléments offensifs de l’équipe.

Or, la perte de Galchenyuk pourrait forcer la main de Therrien en ce qui a trait à une utilisation accrue du Québécois. Par le passé, Desharnais a déjà prouvé qu’il avait un don pour alimenter ses coéquipiers et qu’il avait une excellente chimie avec Max Pacioretty. Avec deux buts contre Los Angeles, il se pourrait que le capitaine ait finalement débloqué offensivement et afin de poursuivre dans la même veine, il serait logique de vouloir rapatrier son vieux complice.

Il ne faut pas s’y m’éprendre, Galchenyuk est dans une classe à part et il serait totalement injuste de s’attendre au même rendement venant de Desharnais. Cependant, je crois que pour quelques semaines, le petit attaquant serait en mesure de limiter les dégâts.Statistiques avancées Galchenyuk vs Desharnais

Ce qui a véritablement permis à David Desharnais de percer dans la LNH, c’est sa vision du jeu. Il excelle au moment d’alimenter ses coéquipiers en zone offensive. Même que pour chaque tranche de 20 minutes jouées à égalité numérique, il complète 8,9 passes en zone offensive, ce qui est bon pour le quatrième rang chez le CH. De même, Desharnais rejoint à 1,1 occasion un coéquipier dans l’enclave dans le même intervalle, ce qui est bon pour le deuxième rang chez le Canadien. Cette dernière facette est critique chez un fabricant de jeux, comme 76% des buts aujourd’hui inscrits dans la LNH le sont depuis cet emplacement.

Ce don de Desharnais qu’est sa vision pourrait pallier partiellement au vide offensif résultant de l’absence de Galchenyuk. Il n’en demeure pas moins que l’Américain excelle lui aussi en territoire adverse au moment de faire circuler la rondelle, y complétant 11,0 passes, ce qui est bon pour le premier rang de l’équipe, et 1,1 passe dans l’enclave pour chaque tranche de 20 minutes jouées à égalité numérique.

En d’autres termes, Desharnais est le joueur se rapprochant le plus de Galchenyuk au moment de distribuer avec efficacité le disque en zone adverse. Seul Radulov fait mieux que ceux-ci, complétant 10,0 passes et repérant un coéquipier dans l’enclave à 2,0 reprises pour chaque 20 minutes disputées à forces égales. Ce rendement exceptionnel de Radulov a même incité certains experts à préconiser que le Russe remplace Galchenyuk au centre, option logique mais que je ne prône pas personnellement, comme il ne s’agit pas de la position naturelle du numéro 47. Une telle décision créerait de même un trou béant sur le flanc gauche, le Canadien étant mieux nanti au centre avec Desharnais, Plekanec, Danault, Mitchell et Flynn.

Une autre facette dans laquelle le rendement de Desharnais se veut similaire à celui de Galchenyuk est au moment de transporter le disque en zone offensive, alors que ces deux joueurs effectuent cette action à 3.7 reprises pour chaque période de 20 minutes jouées à égalité numérique, seuls Radulov et Pacioretty faisant mieux. Desharnais et Galchenyuk aiment orchestrer les attaques en zone adverse, ce qui explique qu’ils se trouvent si souvent en possession du disque lors des entrées de zone.

Ainsi, le flair offensif de Desharnais suggère qu’il pourrait être la meilleure option de rechange au centre.

Toutefois, Desharnais ne saurait égaler le rendement de Galchenyuk au moment d’enfiler l’aiguille, alors que Galchenyuk est un marqueur né, contrairement à Desharnais. Ce dernier n’a jamais inscrit plus de 16 buts dans une même campagne depuis qu’il a joint le circuit Bettman en 2009-10 et son lancer ne fait pas frémir les cerbères adverses, comme celui de Galchenyuk. Il en résulte que Desharnais dégaine beaucoup moins fréquemment et que lorsqu’il le fait, c’est davantage pour occasionner un retour de lancer, comme ce fut le cas sur le but de Shaw dimanche dernier contre les Kings, que pour déjouer le gardien. À cet égard, il est possible de constater que Galchenyuk tire deux fois plus souvent de l’enclave que Desharnais.

Par contre, un facteur militant en faveur de Desharnais est sa symbiose de toujours avec Pacioretty. Il est évident que le capitaine se cherche cette saison et la principale raison expliquant que Pacioretty ait de la difficulté à toucher les cordages est que seulement 37.8% de ses tirs décochés depuis l’enclave frappe la cible. Pour marquer, il faut commencer par cadrer son lancer. En comparaison, ce même taux était de 60,5% l’an dernier pour le 67, lui qui avait alors connu sa troisième saison consécutive d’au moins 30 buts.

Pacioretty n’a pas perdu toute sa précision au cours de l’été, ce serait absurde. Ces chiffres suggèrent plutôt que l’ailier est moins bien alimenté et qu’il doit décocher ses lancers alors que l’adversaire se trouve à proximité, il s’ensuit que son tir est souvent bloqué ou précipité.

Un des atouts de Desharnais est qu’il est capable d’attirer les joueurs adverses, démantibulant la couverture défensive, comme il attend au dernier moment avant de livrer sa passe. Ceci s’explique du fait que Desharnais génère un temps de possession de 35 secondes en zone offensive pour chaque tranche de 20 minutes jouées à forces égales, se classant deuxième chez le Canadien à ce chapitre. Évoluer avec Desharnais pourrait s’avérer la solution amenant Pacioretty à se démarquer davantage, lui permettant de retrouver définitivement sa touche de marqueur.

Peut-être qu’en jumelant Desharnais et Pacioretty pour quelques rencontres, leur chimie refera surface et que la magie s’opérera? Cette combinaison pourrait-elle se révéler d’autant plus dangereuse avec l’ajout de l’explosif Radulov? Quoi qu’il en soit, le Canadien n’a rien à perdre en essayant cette combinaison.