Les partisans détestent les excuses. Surtout celles reliées à la fatigue. Dès qu’il est question de souffle court, de jambes molles, de baisse d’énergie, les partisans répliquent avec vigueur « qu’au prix qu’ils sont payés pour jouer 12, 15, 20 voire 30 minutes par matchs les joueurs du Canadien, comme tous les sportifs professionnels, devraient être capables de se donner à fond tous les soirs ».

En principe, les partisans qui travaillent beaucoup plus, pour beaucoup moins d’argent et doivent débourser le gros prix pour assister à un spectacle comme celui offert hier ont raison.

Mais dans les faits, il arrive que les joueurs soient bel et bien vidés. Sans énergie. Qu’ils aient les jambes molles.

Si, au lendemain d’un samedi soir à Montréal, les joueurs des Panthers avaient plaidé la fatigue après un revers, ç’aurait été suspect. Très!

Au nombre de fois qu’on a vu des adversaires du Canadien se scier les jambes et sacrifier leurs deuxièmes souffles en vendant leurs corps et leurs âmes dans un chic restaurant ou bar de Montréal jusqu’à ce qu’il soit tellement tard qu’on soit obligé de dire qu’il est de bonne heure, l’excuse de la fatigue pour un club qui fait escale au Centre Bell est rarement valable.

Ça fait partie de l’avantage de la patinoire…

Mais hier, contre des Panthers de la Floride qui n’ont pas eu à trimer dur pour marquer deux buts aux dépens de Peter Budaj et l’emporter 2-1, l’avantage de la patinoire, ce n’est pas le Canadien qui en bénéficiait.

Après avoir passé plus de temps assis à bord de l’avion (près de deux heures) avant le décollage qu’il en faut pour effectuer l’envolée New York – Montréal, les joueurs du Canadien sont arrivés à la maison autour de 4 h du matin.

Ajoutez à ces heures de sommeil perdues, le poids du calendrier des dernières semaines et vous avez une partie de l’explication du revers d’hier. Car si vous faites le décompte, le Canadien disputait hier un 16e match depuis le 15 novembre dernier alors qu’il avait affronté les Blue Jackets à Columbus.

Seize matchs en 30 jours, c’est beaucoup.

Et au cours de cette séquence, le Canadien, bien qu’il ne méritait pas toujours les victoires obtenues, a maintenu un dossier de 11-4-1.

Ce qui fait mal, c’est que le Canadien a encaissé trois de ces quatre défaites lors des quatre dernières parties. Qu’il s’est contenté de deux buts à ses 13 dernières périodes de temps réglementaire et que ces trois buts sont venus de la lame du bâton d’Alex Galchenyuk.

« Les gars m’ont donné ce qu’ils pouvaient me donner ce soir. Ce sont des athlètes, mais ce sont aussi des êtres humains. Il y a des limites à ce qu’ils peuvent donner et la limite était atteinte. Le citron était pressé. Il n’y avait plus de jus dedans. Avec ce qu’on a traversé comme calendrier dernièrement, on savait que ça nous frapperait un moment donné. C’était prévisible», a plaidé Michel Therrien avant d’annoncer qu’il donnait congé à ses joueurs lundi – il y aura quand même la traditionnelle visite annuelle des hôpitaux pour enfants – et qu’il les invitait à ses regrouper dès mardi alors qu’ils affronteront les Coyotes de Phoenix.

Je sais : ça vous pu au nez ce genre d’excuses. Surtout que la devise du Canadien depuis l’arrivée de Marc Bergevin à la tête du Tricolore est justement : Pas d’excuse! Et qu’elle est écrite en grosses lettres bleues impossibles à manquer dans le vestiaire.

Sans oublier que toutes les équipes doivent composer avec des calendriers difficiles. Comme les Penguins de Pittsburgh qui en ont joué 10 dans les 15 derniers jours du mois de novembre.

Et comme le Canadien n’a pas disputé beaucoup plus de matchs que la moyenne de ses adversaires, ça veut dire que son calendrier a été passablement favorable plus tôt en saison. Et qu’il encaisse aujourd’hui le juste retour des choses.

Mais oui : la fatigue explique une bonne partie du revers d’hier.

Au-delà la fatigue

La fatigue n’explique pas tout cela dit.

Le Canadien devait amorcer le match bien mieux qu’il ne l’a fait. Il devait prendre les devants pour décourager ses adversaires.

Il a failli à la tâche en se contentant de huit tirs en première alors que les Panthers en ont obtenu près du double (14).

À un moment donné, c’est 20-10 au chapitre des tirs au but et 2-0 là où ça fait vraiment mal.

Et comme Peter Budaj, qui disputait un premier match au Centre Bell cette saison, n’a pas été fort sur le deuxième but, le Canadien s’est retrouvé avec une montagne bien grosse à gravir devant lui.

Mais ce n’était pas fini.

Un but en avantage numérique en début de troisième a laissé poindre une première remontée victorieuse cette saison. Surtout lorsqu’il a hérité d’une supériorité numérique de deux hommes pendant 35 secondes en fin de match.

Mais le Canadien n’a toujours pas gagné cette année (0-10-1) lorsqu’il tire de l’arrière après 40 minutes de jeu.

Alex Galchenyuk a raté un filet ouvert après que Brian Gionta eut fait dévier un tir frappé de P.K. Subban de la ligne bleue. C’était la deuxième occasion ratée par Galchenyuk lors du match. Même que la première, lors du premier tiers, était plus belle encore alors qu’il n’avait qu’à soulever la rondelle pour donner les devants aux siens.

Mais bon! On ne blâmera pas le plus jeune joueur du Canadien pour ça.

Galchenyuk au banc?

Puis, alors que Peter Budaj était de retour au banc à la faveur d’un sixième joueur, les Panthers ont bloqué des tirs et ont su sauver leur victoire. Une cinquième – dont deux en tirs de barrage – à leurs six derniers matchs en passant.

Parce qu’il venait de compléter une présence de près de 50 secondes, Galchenyuk était sur le banc pour cette séquence finale qui s’est prolongée sur 69 secondes. Michel Therrien a fait appel au trio de Desharnais, avec Pacioretty et Gallagher, à Tomas Plekanec pour avoir deux centres sur la patinoire – et un bon marqueur – avec Subban et Markov bien sûr à la pointe. Les deux défenseurs ont décoché de puissants tirs dans les derniers instants de la rencontre. Les rondelles ne se sont pas rendues à Scott Clemmensen parce qu’elles ont été bloquées par Jesse Winchester et Marcel Goc.

Est-ce que le coach du Canadien aurait dû envoyer Galchenyuk finir la rencontre au lieu de faire appel au vétéran Plekanec pour les mises en jeu?

Je vous laisse le soin de décider.

Il est bien évident que Galchenyuk, à 19 ans, doit avoir plus d’énergie que le vétéran Plekanec. Et comme Galchenyuk est l’auteur des trois derniers, sa sélection était souhaitable et souhaitée.

Mais si le Canadien avait perdu une mise en jeu importante au cours de cette dernière minute de jeu en raison de la présence d’un seul centre sur la patinoire, Michel Therrien aurait tout autant été critiqué.

Une autre preuve qu’il est très difficile pour un coach de gagner la guerre des perceptions quand son équipe perd.

Mais au-delà les reproches qui peuvent lui être adressés – injustement selon moi – sur la gestion de la fin du match d’hier, Michel Therrien a pris une sage décision en invoquant la fatigue pour défendre bec et ongles ses joueurs.

Il sera intéressant de voir comment ils l’en remercieront mardi soir contre les Coyotes de Phoenix qui seront de passage au Centre Bell.

Car attention! Les Coyotes, qui n’ont que deux points de moins au classement que le Canadien avec trois matchs en mains – je sais, ils doivent les gagner –, ne seront pas trop fatigués mardi. Ils en seront à un premier match depuis samedi et à un 4e seulement en 11 jours.

Faudra donc que Michel Therrien et ses joueurs soient prêts, motivés et surtout être bien reposés.

But refusé : explications

Les Panthers croyaient avoir marqué le but d’assurance en fin de match, mais il a été refusé. Brad Boyes a botté la rondelle avec son patin droit. Mais comme la rondelle a ensuite touché le bâton de Josh Gorges avant de se retrouver derrière Peter Budaj, plusieurs ont cru, moi le premier, que les responsables qui visionnaient le jeu à Toronto renverseraient la décision initiale.

Eh bien non! Elle a été maintenue.

Croisé à sa sortie du Centre Bell, l’arbitre Ghislain Hébert m’a expliqué que Brad Boyes, ou un de ses coéquipiers, auraient dû reprendre le contrôle du disque avec la lame de son bâton pour que le but soit bon. Si la rondelle avait simplement ricoché sur le bâton du joueur des Panthers – ou celui d’un coéquipier – le but n’aurait pas été accordé comme ce fut le cas malgré l’impact avec le bâton de Gorges.

J’espère que c’est clair…

Parros : commotion confirmée

Personne n’est doutait vraiment, du moins je l’espère, mais le Canadien a confirmé après la rencontre que George Parros a bel et bien subi une autre commotion cérébrale, samedi, à Uniondale, lors du combat qui l’opposait à Eric Boulton. Parros a été examiné pendant la rencontre. Il est donc au repos pour une période indéterminée et fera l’objet d’évaluations quotidiennes de la part des membres de l’équipe médicale du Tricolore…

Le match en chiffres

1- P.K. Subban a récolté une première passe hier soir après une disette de six matchs…

6 – Le but d’Alex Galchenyuk en début de troisième période était le premier du Canadien en avantage numérique après une disette de six matchs ou de 16 attaques massives selon votre choix…

7 – P.K. Subban (4) et Raphael Diaz (3) ont obtenu 7 des 18 tirs du Canadien hier…

28 – Parfait encore hier en désavantage numérique, le Canadien n’a accordé qu’un but à court d’un homme lors des 28 pénalités mineures écoulées lors des 11 derniers matchs…

31 – Le défenseur Dmitry Kulikov a effectué 31 présences sur la patinoire hier soir. Un sommet pour les deux équipes…

31:17 – Je ne suis pas un grand fan et je considère toujours que son contrat (57,143 millions $ pour huit ans) représente l’une des pires erreurs administratives des dernières années dans la LNH, mais le défenseur Brian Campbell a passé 31 minutes 17 sec sur la patinoire en 31 présences hier. C’était son troisième match de suite de plus de 30 minutes d’utilisation. C’est beaucoup de hockey ça madame, monsieur…