Depuis que j’ai troqué l’uniforme de La Presse pour celui de RDS, vous avez été nombreux à me demander si je devenais du coup un partisan du Canadien; si je devais illico me ranger derrière le Tricolore en mettant plus d’accent sur ses forces que ses faiblesses; si on me permettrait d’analyser, de décrire et de raconter à ma façon ce qui se passe sur la glace et dans le vestiaire sans craindre d’être muselé.

La réponse : ce n’est pas parce que j’ai changé de club que je vais changer de style. Que je vais troquer mes lunettes sombres pour d'autres, plus roses.

Ça ne veut pas dire d’être toujours négatif, de se contenter du côté noir de la médaille et de refuser de voir ce qui se passe de bien et de bon chez le Canadien.

Ça non!

Ça veut simplement dire d’être juste, honnête, objectif. Du moins le plus possible. Ça veut parfois dire d’avoir le courage d’aller parfois à contre-courant malgré les vagues de critiques que soulèvent des positions contre le Canadien. Ça veut aussi dire d’avoir l’humilité de reconnaître ses erreurs et de les corriger. Si P.K. Subban et Carey Price ont le droit d’effectuer une mauvaise passe ou d’accorder un mauvais but, il est bien possible que je me trompe une fois de temps en temps.

Mais pas trop!

C’est donc animé par ce souci d’honnêteté que je vous propose, comme première prédiction de la saison, que le Canadien n’accèdera pas aux séries cette année.

Contrairement aux Panthers de la Floride, aux Devils du New Jersey, aux Sabres de Buffalo et peut-être même aux Hurricanes de la Caroline dont les chances de prolonger leurs saisons le printemps prochain sont nulles, le Canadien pourrait me faire mentir.

Bienvenue François Gagnon!
Bienvenue François Gagnon!

Et à vrai dire, il serait facile et certainement beaucoup plus populaire de donner le huitième rang au Canadien ce matin dans le cadre de ma première chronique sur RDS.ca.

Mais pour transformer ce rêve de jouer en séries en réalité, le Tricolore et ses fans devront compter sur des saisons rêvées de Price et Subban.

Ils devront aussi compter sur un éveil offensif d’un Daniel Brière en forme et en santé qui permettra à David Desharnais et Max Pacioretty de se réveiller après une sieste d’une demi-saison l’an dernier. Ils devront compter sur une autre saison magistrale d’Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher alors que l’histoire démontre depuis toujours que les deuxièmes saisons dans les rangs professionnels sont souvent bien difficiles à égaler. Ils devront compter surtout sur une équipe en santé en espérant qu’au lieu de s’acharner sur eux, comme ce fut souvent le cas au cours des dernières années, les blessures sauront épargner les Markov, Gionta, Murray et autres joueurs en perte de vitesse qui ne peuvent se permettre de jouer à 80 % de leurs capacités.

Et ce n’est pas tout.

Avec la refonte des divisions, le Canadien devra aussi compter sur l’aide d’une, deux ou trois équipes des divisions Atlantique et Métropolitaine qui pourraient propulser le Tricolore en séries en connaissant des saisons en deçà des attentes.

Car si tous les clubs de l’Est connaissent des saisons à l’image de celles que j’anticipe de leur part, le Canadien se battra avec les Maple Leafs de Toronto, les Islanders de New York et peut-être le Lightning de Tampa Bay pour la huitième et dernière place en séries.

Boston, Ottawa et Detroit loin devant

Sur papier – je sais que le hockey se joue sur la glace et non sur papier – les Bruins, les Sénateurs et les Red Wings qui débarquent dans sa division cette année, devraient terminer devant le Canadien.

Les Bruins se battront avec les Penguins pour le premier rang dans l’Est au grand complet.

Les Red Wings ont peiné à faire les séries l’an dernier. Normal. C’était une année de transition. Avec la qualité de leurs vedettes, de leur gardien Jimmy Howard, de leur entraineur-chef Mike Babcock, de leurs joueurs de soutien et de leur organisation en général, les Wings retrouveront leurs ailes cette année. Sans même à avoir à boire de Red Bull…

Quant aux Sénateurs, ils seront meilleurs cette année que le printemps dernier alors qu’ils ont sorti le Canadien des séries vite fait.

Nouveau capitaine, Jason Spezza accorde une grande importance à ses nouvelles responsabilités. Des responsabilités qui l’inciteront à devenir la pierre angulaire de l’attaque de son équipe. Sans oublier que le pied de nez d’Équipe Canada qui ne l’a pas invité au camp de sélection en vue des Jeux de Sotchi pourrait être une source intarissable de motivation.

La perte de Daniel Alfredsson fera mal. Bien sûr. Sauf qu’en Bobby Ryan, acquis des Ducks d’Anaheim, Spezza retrouve un attaquant de premier plan qui pourrait faire revivre les grandes années du duo Spezza-Dany Heatley.

Remis de sa rupture du tendon d’Achile, Erik Karlsson redeviendra la menace offensive qui lui permettra de rivaliser avec P.K. Subban, Shea Weber, Drew Doughty et Kristopher Letang au sein du groupe d’élite des meilleurs défensifs de la LNH.

Bien protégé par une défensive lourde et solide, Craig Anderson n’aura pas à être aussi sensationnel qu’il ne l’a été l’an dernier pour guider les Sénateurs jusqu’en séries. Il n’aura qu’à rester en santé.

Boston, Detroit et Ottawa hériteront donc des places réservées en séries dans l’Atlantique.

Selon moi, le Canadien et les Leafs se battront pour le quatrième rang. Tampa terminera pas loin derrière alors que Buffalo et la Floride devraient être largués dès la fin du mois de novembre. Ou à peu près…

On peut avancer sans trop de risques de se tromper que Pittsburgh, Washington, New York – je parle bien sûr des Rangers – et Philadelphie se battront pour les trois laissez-passer dans la division Métropolitaine.

Ça veut dire quoi?

Parce que les Flyers reprendront leur place en haut du classement après leur saison misérable de l’an dernier, du moins je le crois, ils hériteront de la première des deux places réservées aux «meilleurs deuxièmes».

Ça laissera le Canadien avec les Islanders et les Leafs dans une lutte à trois pour la dernière place disponible. Je ne sais pas pour vous, mais je ne gagerais pas plus qu’un huard ou deux sur les chances du Tricolore.

Mais comme je le disais plus haut : ce n’est pas impossible.

Année de transition

Contrairement à Michel Therrien, dont la survie à titre d’entraîneur-chef est associée aux victoires et aux défaites, et aux partisans qui tiennent à des succès immédiats de leurs favoris, une exclusion des séries ne serait pas la fin du monde pour le Triocolore.

À l’aube de la saison 2013-2014, il me semble que le Canadien amorce une année qui lui permettra de compléter la transition amorcée par Marc Bergevin lorsqu’il a hérité du poste de directeur général.

Plusieurs vétérans, dont le capitaine Brian Gionta, amorcent leur dernière année dans l’uniforme tricolore. Les prochains mois permettront de voir si les Tinordi, Bournival et autres jeunes qui se pointent pourront les remplacer. Une expérience qui se fera au coût de quelques revers qui pourraient faire la différence le printemps prochain.

Avec Plekanec, Desharnais et Eller qui privent Alex Galchenyuk d’une mutation au centre où il jouera lorsqu’il sera la pierre d’assise de l’attaque du Canadien, il faudra à un moment donné «sacrifier» l’un des autres centres pour lui faire une place.

Lequel? On pourra en reparler souvent au cours de la saison. Mais peu importe l’identité de ce centre sacrifié, l’opération coûtera des victoires elle aussi.

Mais ces opérations seront nécessaires.

Car une fois Subban armé du très gros contrat qui l’attend – Le Canadien devra verser entre 60 et 62 millions $ pour garder P.K. à Montréal selon moi – une fois Carey Price remis sur le droit chemin par le nouvel entraineur des gardiens Stéphane Waite, une fois Galchenyuk bien en selle au centre du premier trio, une fois les vieux remplacés par une relève qui a encore besoin d’être développée, le Canadien pourra amorcer ses saisons régulières en lorgnant la coupe Stanley et non une simple place en séries éliminatoires.

Dans un monde idéal, ce changement surviendra peut-être dès l’an prochain.

Mais pour cette année, le Canadien et ses partisans semblent une fois encore condamnés à s’accrocher au rêve d’accéder aux séries. Un rêve qui n’est pas impossible. Mais un rêve qui aura besoin d’aide pour devenir réalité.

On reconnecte plus tard.