Kirk Muller n'a jamais connu l'expérience d'être joueur autonome sans compensation durant sa carrière de joueur, mais c'est d'une certaine manière le type de situation qu'il a vécue dans les heures après avoir annoncé aux Blues de St. Louis qu'il allait explorer ses options.

Après avoir discuté avec quelques formations, c'est finalement vers un environnement qui lui est familier, celui du Canadien, que Muller s'est tourné.

« Une fois que l’opportunité s’est présentée et que j’ai reçu l’appel de Michel Therrien, j’ai tout de suite été intéressé. On a eu une longue conversation, c’était très facile. Comme vous pouvez voir, ça s’est fait très vite. Il n’y a eu aucune hésitation de mon côté et je suis très enthousiaste à l’idée d’aider l’équipe à atteindre ses objectifs », a indiqué le nouvel entraîneur associé du Tricolore dans une conférence de presse téléphonique, vendredi matin.

« Vous savez, c'est pratiquement un retour à la maison pour moi! Ma fille a étudié à Montréal et elle y a vécu pendant une dizaine d'années. Elle est bilingue et elle sera ma professeure de français! », a-t-il lancé.

Pour Therrien, il était hors de question de laisser filer Muller sans au moins s'entretenir avec lui afin de sonder son intérêt envers un retour dans le giron du Canadien.

« J’ai eu la chance d’être bien entouré depuis le début de mon séjour dans la LNH, que ce soit Guy Carbonneau ou Gerard Gallant par exemple. (…) Il faut être aux aguets et quand une telle opportunité se présente. Marc (Bergevin) a fait les démarches auprès (du DG des Blues) Doug Armstrong. Je lui ai dit qu’il ne fallait pas rater notre coup là-dessus, et heureusement pour nous, ça s’est concrétisé », a-t-il relaté.

« Kirk est un bon communicateur, un excellent leader en plus de bien connaître l’organisation. Il a gagné une coupe Stanley avec le Canadien. Pour Marc et moi, c’est important. Le fait qu’il a connu du succès à diriger des unités spéciales tout en ajustant à différents systèmes de jeu a aussi joué gros. D’ailleurs, le jeu de puissance sera sa responsabilité. »

Les statistiques donnent entièrement raison à Therrien. Pendant les cinq saisons que Muller a passées à Montréal comme entraîneur-adjoint, entre 2006 et 2011, le Canadien a mené la LNH au chapitre de l'efficacité en avantage numérique deux fois, et terminé au deuxième rang en une autre occasion. Et jamais l'équipe n'a-t-elle affiché un taux d'efficacité inférieur à 19 pour cent.

Muller est meilleur comme entraîneur adjoint

Et lors de ses deux saisons à St. Louis, les Blues ont terminé 4e (22,3 pour cent) et 6e (21,5 pour cent).

En comparaison, le Canadien a été confiné dans le dernier tiers du classement à chacune des trois dernières saisons et n'a jamais franchi le seuil de 16,5 pour cent.

Interrogé en quelques occasions sur les solutions à apporter pour redonner du tonus à l'attaque à cinq du Tricolore, Muller s'est montré prudent, insistant sur le fait qu'il voulait d'abord s'asseoir avec Therrien et les autres adjoints.

« Pour connaître du succès en avantage numérique, il faut une présence constante au filet, créer beaucoup de mouvement et de circulation et être créatif et imprévisible », s'est-il tout de même aventuré à dire.

L'entraîneur-chef du CH a convenu qu'avec la venue de Muller, une réorganisation des tâches s'imposera parmi son personnel d'adjoints.

« J’ai avisé mes adjoints hier car tout cela s’est fait très vite. Je vais les rencontrer la semaine prochaine. Assurément, il y aura un changement de responsabilités. Chose certaine, Kirk va être à côté de moi à côté du banc. Personne ne va partir toutefois », a-t-il assuré.

Une équipe jeune et rapide

Non seulement a-t-il été rapidement convaincu que le rôle qu'on lui proposait à Montréal était celui qui lui convenait, Muller croit aussi que les éléments en place dans l'organisation sont propices à gagner dans la LNH.

L'avocat du diable : l'arrivée de Kirk Muller

« Le Canadien compte sur le meilleur gardien au monde. C’est d'ailleurs très malheureux ce qui est arrivé à Carey l’an dernier. Son retour en santé est une excellente nouvelle pour tout le monde. (…) On a une équipe possédant un noyau de jeunes leaders qui veulent gagner et apprendre. Je suis excité à l’idée de travailler avec eux, d’autant plus qu’il y en a quelques-uns avec qui j’ai déjà travaillé »

« Le jeu change si vite dans la LNH. Ça prend de la vitesse pour connaître du succès, et l’organisation du Canadien en a à revendre. »

L'héritage de Hitchcock

Il y a cinq ans déjà que l'ancien no 11 du Canadien a quitté le navire pour tenter sa chance dans l'organisation des Hurricanes de la Caroline.

Depuis 2011, Muller affirme avoir cheminé énormément.

« Je suis un bien meilleur entraîneur qu’à mon départ de Montréal. En Caroline, j’ai connu tout un apprentissage. J’ai fait des erreurs et j’en ai tiré des leçons. Puis à St. Louis, j’ai eu la chance de côtoyer l’un des meilleurs de sa profession. J’ai été entouré d’un personnel d’instructeurs qui amène une éthique de travail et un souci du détail. J’en ai beaucoup appris auprès de Ken Hitchcock sur la façon de bien préparer une équipe de hockey. »