Je ne suis pas un partisan des bagarres au hockey. Vous le savez. Même que je suis en faveur de leur abolition pure et simple. Vous le savez aussi.

ContentId(3.1115660):« Nathan a fait la bonne chose »
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Cela dit, non seulement je comprends la décision de Nathan Beaulieu d’avoir jeté les gants devant David Clarkson après que le joueur des Leafs eut frappé dangereusement Sergei Gonchar, derrière le but de Carey Price en fin de première période, mais je l’approuve.

Pas parce qu’il s’est battu. Ça non. Mais parce qu’il est venu à la rescousse d’un coéquipier. Je sais, la loi du talion n’a rien de moderne. Elle n’a rien de diplomatique non plus. Elle est même la plupart du temps insensée. Mais des fois, même si c’est rarement, elle mérite d’être appliquée.

Nathan Beaulieu n’a pas donné la victoire au Canadien en jetant les gants devant David Clarkson dans le cadre d’un combat au cours duquel il a très bien paru. Même qu’en écopant de 17 minutes de pénalités – cinq minutes pour s’être battu, deux minutes à titre d’instigateur et une pénalité automatique de 10 minutes pour inconduite en marge de la pénalité mineure d’instigateur – il a plongé son club dans une marre de mélasse parce que le Canadien s’est retrouvé à quatre défenseurs pour près de 18 des 20 minutes de la période médiane.

Mais en jetant les gants comme il l’a fait, Beaulieu a gagné le respect de ses coéquipiers d’une façon qui n’a pas beaucoup de sens à l’extérieur de la patinoire, mais qui en a beaucoup dans le vestiaire d’un club de la LNH.

Malgré le but gagnant marqué en tirs de barrage par David Desharnais, malgré les 28 arrêts de Carey Price, malgré les performances colossales de P.K. Subban (35 min 21 s d’utilisation) et d’Andrei Markov (31 min 57 s d’utilisation) c’est sur le casier de Nathan Beaulieu que les joueurs du Canadien ont accroché la cape remise au joueur du match.

Une cape qui vaut bien plus que l’une ou l’autre des trois étoiles officielles de la rencontre. En passant, c’est un non-sens que Subban et Markov aient été exclus de cette sélection samedi.

« Je n’avais pas le choix », a reconnu Nathan Beaulieu lorsqu’il a justifié sa décision de jeter les gants. En passant, il n’a pas réalisé avant d’entreprendre le combat qu’il se dressait devant David Clarkson qui est loin d’être un bon joueur de hockey, mais qui est capable – ou l’a déjà été – de se battre.

« C’est là que j’ai réalisé que je n’avais peut-être pas pris la décision la plus intelligente de la soirée, mais je n’ai pas reculé. De toute façon, je devais le faire. Pas seulement pour venir en aide à Sergei (Gonchar) qui m’aide énormément depuis que je joue à sa gauche, mais parce que c’est ce que je devais faire pour aider l’équipe. Nous formons un groupe uni. Nous veillons les uns sur les autres. Je devais donc le faire moi aussi », a plaidé Beaulieu.

Les échos de vestiaire

S’il considère qu’il n’avait pas le choix de prendre la décision de croiser le fer avec Clarkson pour le geste qu’il venait de commettre à l’endroit de son partenaire de jeu, Nathan Beaulieu reconnaît que cette décision témoigne du fait qu’il se sent maintenant membre à part entière de l’équipe.

« Je ne me serais pas battu comme je l’ai fait lors de mes premiers rappels avec l’équipe. C’est évident. Mais au fil de la saison, à force de côtoyer les joueurs de cette équipe, tu sens que tu fais partie du groupe. De la bande. Et nous formons une bande unie dans une seule cause : celle de la victoire », a mentionné Beaulieu.

Quand je lui ai demandé quelle sensation il ressentait d’avoir été décoré de la cape du match par ses coéquipiers, Beaulieu a souri. « C’est la deuxième fois que je l’obtiens. C’est un beau feeling. C’est bon pour la confiance. Ça aide à se sentir membre à part entière de l’équipe », a-t-il ajouté.

La deuxième?

« Oui j’ai reçu la première l’automne dernier – le 13 novembre face aux Bruins de Boston – alors que je m’étais battu justement. Peut-être que je devrais changer mon style », a ironisé Beaulieu.

Vrai qu’il est ironique de voir Beaulieu être décoré par ses coéquipiers du grand club à la suite de deux bagarres alors que Jarred Tinordi, qui devait justement être le gros défenseur capable d’imposer son physique sur la patinoire, prolonge son apprentissage dans la Ligue américaine.

« Je n’ai jamais eu la réputation d’être un bagarreur, mais je ne me suis jamais caché non plus. Je jetais les gants quatre, cinq fois par saison dans les rangs juniors. En fait, je le faisais quand je sentais que c’était nécessaire », a enchaîné Beaulieu.

Samedi soir, après l’assaut de Clarkson aux dépens de Sergei Gonchar, c’était nécessaire.

Gonchar blessé

Retourné au vestiaire après la mise en échec assénée par David Clarkson, Sergei Gonchar n’est pas revenu au jeu. Après la rencontre, Michel Therrien n’a rien dit quant à son état de santé. Pas même d’indication sur le haut, le bas ou le milieu du corps. Sur la galerie de presse, les spéculations allaient bon train entre une commotion cérébrale et une blessure au dos.

S’il est clair que le vétéran défenseur a été secoué, on ne saura que plus tard dimanche s’il accompagnera l’équipe à Detroit où le Canadien croisera les Red Wings lundi.

Peu loquace sur l’état de santé de son vétéran défenseur blessé, Michel Therrien a toutefois qualifié de « dangereuse » la mise en échec de David Clarkson à l’endroit de Gonchar.

David Clarkson a écopé une pénalité majeure de cinq minutes (obstruction) pour son geste à l’endroit de Gonchar. Il a écopé une autre pénalité de cinq minutes pour son combat avec Beaulieu et a été chassé du match.

Malgré la cascade de pénalités qui lui est tombée dessus, David Clarkson n’aura pas à subir les foudres supplémentaires de la LNH alors qu’on a jugé que les officiels avaient été suffisamment sévères à son endroit.

S’il s’est rendu coupable d’obstruction, David Clarkson n’a pas frappé Gonchar complètement par-derrière. Il profite du même genre de clémence affichée par la LNH à l’endroit d’Alexei Emelin – Jason Spezza – lors de la récente escale des Stars de Dallas au Centre Bell.

Subban et Markov : des chevaux

S’il était nécessaire, du moins à mon avis, de parler de la tenue de Nathan Beaulieu – qui a aussi disputé un bon match lorsqu’il n’était pas confiné au banc des pénalités – il est plus nécessaire encore de lancer des fleurs à P.K. Subban et Andrei Markov pour l’effort colossal déployé samedi.

ContentId(3.1115681):Merci aux défenseurs!
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Plus que des fleurs, ce sont des pastilles d’énergie et des caisses de boisson énergisante que les deux piliers méritent tant ils ont passé du temps sur la patinoire.

En raison de la perte de Gonchar et de Beaulieu, Subban (35:21) et Markov (31:57) ont passé plus d’une demi-heure sur la patinoire.

Subban a effectué une présence de quatre minutes en début de période médiane alors que Tricolore évoluait en avantage numérique pendant la pénalité majeure infligée à Clarkson. Il a ajouté une présence de plus de trois minutes pas longtemps après. En fait, Subban a joué 13 (12:59 en fait) des 20 minutes en deuxième.

Ce n’est pas seulement la quantité colossale de travail que les deux défenseurs ont accompli qui impressionne, mais la qualité de ce travail.

À la fin de la prolongation, Subban et Markov avaient des allures de momies dans le fond du territoire du Tricolore tant ils étaient vidés. Tant le citron avait été pressé, repressé, compressé.

Tout ce que Subban a été en mesure de faire après que la sirène eut mis fin à la prolongation a été de se laisser glisser jusqu’à son copain Phil Kessel, alors agenouillé et à bout de souffle lui aussi, pour lui offrir une petite tape d’encouragement.

« J’étais prêt à continuer pour une quatrième période », a toutefois lancé un Subban souriant lorsqu’il s’est présenté devant les journalistes après avoir eu le temps de reprendre son souffle et un brin d’énergie.

Le pire dans tout ça, c’est que bien qu’il badinait, je crois vraiment qu’il aurait pu y arriver.

Il aura un dimanche de congé pour se reposer et refaire ses forces en vue du match de lundi, à Detroit, face aux Wings.