Pourquoi Carey Price et P.K. Subban ne repartiront pas les mains vides de la remise de trophées
Canadiens mardi, 23 juin 2015. 14:09 vendredi, 13 déc. 2024. 03:10La LNH va souligner les meilleures performances de la saison mercredi lors de la remise annuelle des trophées à Las Vegas.
Depuis que Guy Lafleur a remporté deux trophées Hart consécutifs au milieu des années 70, un seul joueur des Canadiens de Montréal a été élu joueur le plus utile. Il ne s’agit pas d’un autre prolifique marqueur ni d’un grand fabricant de jeu, mais bien de José Théodore, qui a aussi gagné le Vézina en tant que meilleur gardien. Cette semaine, comme Théodore avant lui, Carey Price est finaliste dans les deux catégories.
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Il y a deux ans, à 24 ans, P.K. Subban est devenu seulement le sixième défenseur dans la riche histoire du CH à remporter le trophée Norris remis au meilleur défenseur. En remportant une fois de plus cet honneur mercredi, Subban pourrait rejoindre Doug Harvey et Larry Robinson, tous deux au Temple de la renommée, parmi les joueurs comptant un doublé.
Voici donc mon analyse de la saison 2014-2015 de Price et Subban, incluant des comparaisons avec les autres finalistes. Tous ont une chance légitime, et voici pourquoi les deux représentants du Canadien devraient commencer à libérer de l’espace sur le manteau de leur cheminée.
Trophée Hart
Les gardiens peuvent gagner le trophée Hart? Bien sûr. En fait, plus de gardiens l’ont gagné que d’ailiers gauches. Cependant, seulement deux portiers l’ont fait dans les 50 dernières années : Théodore et Dominik Hasek. Ce dernier a gagné deux fois avec les Sabres de Buffalo dans les années 90. Cette saison, Carey Price est en compétition avec John Tavares, des Islanders de New York, et Alex Ovechkin, deux fois gagnant du Hart sous les couleurs des Capitals de Washington.
Le trophée Hart est le plus difficile à décortiquer. Cette saison, nous retrouvons un gardien, un fabricant de jeu et un tireur d’élite. De plus, comment déterminer concrètement l’impact d’un joueur dans le succès de son équipe? Dans les graphiques qui suivent, j’ai tenté de quantifier la contribution de chaque joueur.
Le premier s’attarde sur les points que le Canadien a gagnés grâce à son gardien dans les quatre dernières saisons. Il y a deux éléments à analyser : la progression de Price durant sa carrière et une comparaison entre les résultats de Price et ceux de ses coéquipiers qui ont été devant le filet.
Durant les quatre dernières saisons, Price est graduellement passé d’un gardien qui offre à son équipe deux points de temps à autre à un gardien qui offre trois points sur quatre sur une base constante. Sa fiche de 44-16-6 en 2014-2015 a rapporté 94 points. En comparaison, Pittsburgh a obtenu un total de 98 points cette saison. C’est dire que Price a mené le CH en séries presque à lui seul en seulement 65 départs. Dans les trois saisons précédentes, le substitut Peter Budaj était comparable à Price, mais l’écart avec Dustin Tokarski est bien plus grand et justifie l’importance de Price au sein de l’équipe.
Le graphique suivant image la contribution de Tavares et Ovechkin d’une saison à l’autre. Pour Tavares, j’ai établi le pourcentage de points qu’il a inscrit par rapport au total de l’équipe. Blessé pour plusieurs matchs en 2013-2014, j’ai extrapolé son total de points sur 82 matchs pour les besoins de la cause. Dans le cas d’Ovie, j’ai établi son pourcentage de buts inscrits par rapport au total des Caps.
Je ne discrédite pas du tout la contribution de ces deux joueurs, car elle est digne de mention. Toutefois, j’ai été surpris de constater à quel point les résultats ont été constants d’une année à l’autre. En fait, leur contribution a même diminué en 2014-2015. On pourrait donc argumenter que ces joueurs n’ont pas été plus utiles à leur équipe cette saison que lors des précédentes, au contraire de Price.
Trophée Vézina
Évaluer les performances de Price ne veut pas dire la même chose que quantifier son utilité. Pour mériter le Vézina, il suffit d’être le meilleur. Cette saison, celui qui en est à une première nomination sera opposé à Pekka Rinne (Predators) et Devan Dubnyk (Wild).
J’ai mis en graphique trois statistiques : le taux d’arrêts à forces égales, la moyenne de buts alloués (m.b.a.) et le taux de victoires. J’ai considéré le taux d’efficacité à forces égales pour enlever de l’équation l’impact des unités spéciales.
Dans le premier encadré, on constate que Dubnyk et Rinne ont tous deux terminé avec un taux d’efficacité de ,933, mais que Price a été supérieur avec ,942. Les deux derniers gagnants avaient des taux de ,943 (Tuukka Rask en 2013-2014) et ,942 (Sergei Bobrovsky en 2012-2013).
Dans le deuxième encadré, Dubnyk a présenté une m.b.a. de 1,78 en 39 matchs réguliers avec le Wild, mais c’était après une performance de 2,72 comme substitut avec les Coyotes, pour une moyenne de 2,07. En fin de compte, Price a été le meneur dans la LNH à ce chapitre (1,96) et a réussi un sommet personnel en carrière. Son meilleur résultat précédent était de 2,32, l’an passé.
Le dernier encadré démontre le taux de victoires. Dubnyk a été exceptionnel en deuxième moitié de campagne pour mener le Wild à une fiche de 27-9-2. Rinne a été aussi spectaculaire tout au long de la saison, comme le prouve son dossier de 41-17-6, une performance similaire à celle de 2011-2012 où il a été en compétition pour le Vézina qui a ultimement été décerné à Henrik Lundqvist. Malgré ces deux fiches remarquables, Price est là aussi supérieur.
Si on se fie à ces statistiques, Price devrait certainement remporter un premier trophée Vézina en carrière. Comment se pourrait-il que le seul gardien à être aussi nommé pour le Hart ne gagne pas? Le seul point d’interrogation est celui-ci : l’importance que vont accorder les votants à la deuxième moitié de saison de Dubnyk dans le désert.
Trophée Norris
Je dois admettre que le cas de P.K. Subban, en quête d’un deuxième Norris, est le plus difficile à débattre, lui qui est en lice aux côtés de Drew Doughty (Los Angeles) et Erik Karlsson (Ottawa). Plusieurs défenseurs méritants ont été ignorés, comme Duncan Keith (Chicago), Mark Giordano (Calgary) et Shea Weber (Nashville).
J’ai analysé trois statistiques, à commencer par le différentiel. Il est difficile de croire que Doughty soit finaliste. L’écart entre Subban et les deux autres finalistes est si grand qu’il ne sert à rien d’approfondir la discussion. Même Keith (+12), Giordano (+13) et Weber (+15) ont fait mieux.
Au niveau du temps de glace, Doughty et Karlsson ont accumulé plus de minutes que Subban. C’est un critère important pour mesurer l’excellence d’un joueur combinée avec d’autres facteurs comme la production offensive et l’efficacité en défense. Les trois finalistes ont fait partie du top-6 au chapitre du temps de jeu, avec Doughty deuxième derrière Ryan Suter, du Wild.
Enfin, le dernier graphique traite des habiletés offensives de chaque joueur et leur valeur au sein de leur équipe. La barre représente la production individuelle en proportion avec la production de l’équipe, et le carreau représente plus spécifiquement la production sur l’avantage numérique. Subban et Karlsson sont près l’un de l’autre, mais il est à spécifier que Montréal a davantage équilibré la production offensive entre Subban et Andrei Markov à la ligne bleue tandis que Karlsson est LE quart-arrière sur l’attaque à cinq à Ottawa.
Chaque défenseur a ses points forts, mais personne ne présente de chiffres aussi éloquents dans chaque catégorie que Subban. Les votes risquent d’être répartis parmi plus de joueurs que seulement les trois finalistes, mais la constance de Subban dans son jeu global devrait lui donner suffisamment d’arguments pour grimper sur le podium mercredi soir à Las Vegas.