Le Canadien de Montréal n'a pas perdu plus de trois matchs consécutifs dans l'ensemble de la dernière saison régulière.

Cette capacité à éviter de trop importants passages à vide est souvent ce qui différencie les équipes championnes de division et celle qui doivent se contenter d'une des dernières places disponibles pour les séries. Pire encore, ces séquences de défaites peuvent s'avérer un facteur décisif dans une non-participation au calendrier printanier.

En fait, la campagne 2014-15 du Canadien a été tellement bien équilibrée que ses 110 points au classement ont été partagés également entre les deux moitiés de la saison.

À l'aube du match no 6 de leur série face aux Sénateurs d'Ottawa, les Montréalais risquent d'égaler leur pire séquence de revers de l'année et de voir leur priorité de 3-0, perçue comme insurmontable, se volatiser et paver la voie à un 7e et décisif duel. Les Sens ont effectué les ajustements devant le filet afin de reprendre l'ascendant, mais les succès de Craig Anderson ne sauraient à eux seuls expliquer l'inertie offensive du Tricolore depuis la 3e partie.

De fait, à partir de la 3e rencontre, les Sénateurs ont limité le Canadien à trois petits buts - deux à Dale Weise et un au défenseur Tom Gilbert. Le tableau ci-bas démontre la fréquence à laquelle le CH s'est contenté de trois maigres filets durant une séquence de trois parties en saison régulière.

Le nombre de buts marqués par le Canadien

La ligne rouge représente le nombre de buts marqués par le Canadien par séquences de trois matchs au cours de la saison, tandis que la bleue représente le total amassé au cours des matchs 3, 4 et 5 de la série contre Ottawa. Comme n'importe quelle équipe du circuit Bettman, les hommes de Michel Therrien ont connu des passages de grande production offensive, et d'autres durant lesquels ils n'arrivaient pas à trouver le fond du filet avec régularité.

À trois reprises distinctes en saison régulière, le CH a connu une sécheresse identique à celle qui l'afflige présentement en séries. Toutefois, ces moments difficiles sont survenus à la fin du mois d'octobre et en novembre. Depuis qu'ils ont été blanchis 1-0 par Ben Bishop et le Lightning de Tampa Bay le 10 mars, les joueurs du Canadien ont inscrit en moyenne tout près de trois buts par match.

La question qui brûle les lèvres est la suivante : qu'est-ce qui a changé? Le succès obtenu par l'édition 2014-15 du Tricolore est attribuable en grande partie aux performances étincelantes de Carey Price et de deux défenseurs qui figurent parmi les meilleurs de la ligue pour générer de l'offensive sur l'attaque massive. Mais se pourrait-il que le secret de leur constance réside aussi dans un groupe de marqueurs qui choisissent bien le moment pour contribuer lorsque le quatuor de buteurs habituels est en panne?

Les jeune vétérans Max Pacioretty (37 buts) et Tomas Plekanec (26 buts) ont chacun fourni leur deuxième meilleur apport de buts en carrière. Pour leur part, Brendan Gallagher (24) et Alex Galchenyuk (20) ont abaissé leur marque précédente. Ce qui a été remarquable a été leur habileté collective à bien répartir leur contribution sur l'entièreté de la saison.

Le deuxième graphique proposé est similaire au premier, mais se penche cependant sur le total des buts marqués par le quatuor mentionné plus haut, le tout divisé en séquences de trois parties. Par exemple, le sommet de leur production a été établi à la fin du mois de février, lorsque les quatre attaquants ont uni leurs efforts pour enfiler l'aiguille à neuf reprises en trois rencontres.

Graph2

Les résultats démontrent que l'inertie collective connue lors des matchs no 3 à 5 n'a pas été une situation connue en saison régulière. Il est vrai que Pacioretty n'a pas été au sommet de sa forme pour entamer la série, mais c'est précisément à cet instant que ses coéquipiers prenaient le relais durant les 82 premiers matchs. Ce groupe d'attaquants n'a connu que deux séquences durant lesquelles il n'a totalisé qu'un but seul durant un échantillon de trois parties.

Qui plus est, depuis le début du mois de décembre, le quatuor n'a connu que deux séquences de trois matchs durant lesquelles elle marquait collectivement moins d'un filet par rencontre en moyenne.

Si les données historique ont la moindre valeur de prédiction, on serait porté à croire que statistiquement, le quatuor formé de Pacioretty, Plekanec, Galchenyuk et Gallagher a de bonnes chances de débloquer offensivement lors de la 6e rencontre. À huit différentes occasions, les membres du groupe ont totalisé trois buts ou plus durant un même match.

Inversement, les problèmes rencontrés dans la dernière semaine pourraient signifier que la belle régularité montréalaise a tiré à sa fin au pire moment. Que sera la prochaine étape? Le Canadien arrivera-t-il à secouer sa torpeur et à empêcher sa séquence d'insuccès offensifs de s'étaler sur un 4e match d'affilée?