Avec seulement cinq victoires à ses 20 premiers matchs et deux petits points primes ajoutés dans le cadre des 15 défaites qu’il a encaissées depuis le début de la saison, le Canadien ne s’est pas vraiment rapproché des séries en battant les Predators samedi soir au Centre Bell.

 

Il a toutefois donné raison au directeur général Marc Bergevin et à tous ceux et celles qui croient que cette équipe est meilleure que le premier quart de saison ne l’indique.

 

Avant de se mettre à croire aux séries, les joueurs du Canadien auront un mandat bien plus important à remplir. Et ils devront le relever rapidement. Ils devront démontrer que les cinq buts sans riposte enfilés aux dépens des «Preds» et la victoire de 6-3 signée aux dépens d’une bonne formation ne sont pas que des accidents de parcours.

 

Que les partisans peuvent voir dans ces cinq buts et le sixième marqué dans un filet par Tyler Toffoli pour sceller l’issue de la rencontre des signes encourageants. Qu’ils peuvent accorder une certaine importance à cette victoire et ne pas laisser le tour du chapeau réalisé par Matt Duchene au dernier tiers, trois buts qui ont soulevé des doutes au point de freiner un brin ou deux les célébrations amorcées aux quatre coins du Centre Bell, obscurcir la victoire.

ContentId(3.1397790):LNH : Predators 3 - Canadiens 6 (Hockey)
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Une victoire mercredi, à Washington, aux dépens des Capitals, aiderait bien sûr les partisans à accorder de l’importance au gain de samedi contre Nashville. Surtout qu’il s’agirait d’un premier doublé cette saison pour le Canadien.

 

Mais au-delà la victoire, le simple fait que le Canadien joue avec confiance, agressivité et conviction dans la capitale américaine serait un bon début.

 

Cela effacerait, du moins en partie, les effondrements qui ont suivi les quatre premières victoires du Tricolore : des revers de 5-1, 5-2, et 4-2 encaissés à Seattle, à Los Angeles et au Centre Bell aux mains des Flames de Calgary. Le Canadien a sauvé les meubles en perdant en prolongation contre Detroit au lendemain de sa quatrième victoire. Mais quand même : cette défaite n’a rien fait pour donner quelque crédit que ce soit au gain qui l’avait précédé.

 

De très bon à très mauvais…

 

Le premier quart de saison met d’ailleurs en évidence les grandes contradictions associées au Canadien.

 

Malgré les blessures qui les privent de joueurs aussi importants que Carey Price, Shea Weber, Joel Edmundson et même Paul Byron, malgré Jeff Petry qui n’est pas l’ombre de lui-même cette saison et malgré les pertes des Danault, Tatar et Kotkaniemi pour ne nommer que ceux-là, des absences brandies à bout de bras pour justifier tous les ennuis du Tricolore depuis le début de la saison, cette équipe a enfilé 23 buts dans le cadre des cinq victoires qu’elle a signées.

 

C’est près de cinq buts par match. C’est énorme.

 

Inversement, il n’en a accordé que six, pour un différentiel impressionnant de plus 17.

 

À l’autre bout du spectre, le Canadien n’a marqué que 21 buts dans le cadre des 15 revers qu’il a encaissés, ce qui représente une moyenne anémique de 1,4 but par match.

 

Difficile de gagner quand une équipe n’est pas capable d’offrir deux buts par match à ses gardiens. Surtout quand ces gardiens sont un auxiliaire de carrière, un jeune qui s’accroche à ses espoirs de s’établir dans la LNH et un plus jeune encore qui est encore en développement dans la Ligue américaine. Ou devrait y être.

 

Inversement, le Canadien a pris 64 buts en pleine poire lors de ces 15 défaites. Ce qui donne un différentiel de moins-23.

 

Comme contradictions, il est difficile de trouver mieux. Ou de faire pire. C’est selon.

 

Quelle importance alors accorder aux cinq victoires décisives?

 

« Ça veut dire qu’on est capable d’être bon », a simplement répondu Dominique Ducharme samedi soir après la victoire aux dépens des Preds.

 

« Il faut maintenant trouver une constance », que l’entraîneur-chef a ajouté après s’être offert une petite pause de réflexion.

 

Voilà!

 

L’effort sera toujours respecté

 

Le Canadien a battu une bonne équipe samedi. Les «Preds» sont débarqués à Montréal surfant sur une séquence de huit gains – deux signés en prolongation et un autre en tirs de barrage – à leurs 11 derniers matchs (8-2-1-0).

 

Vrai qu’ils complétaient une séquence de dix parties dont neuf disputées sur la route, mais ils étaient malgré tout reposés en raison du report de la partie qu’ils devaient disputer à Ottawa, contre les Sénateurs qui sont minés par la Covid, jeudi.

 

Contre cette bonne équipe, contre ce club reposé, le Canadien a gagné parce que la majorité de ses joueurs a offert un effort soutenu. Parce que les joueurs ont été impliqués. Qu’ils ont connu plus de bonnes présences que de mauvaises.

 

Ils n’ont pas été parfaits. Loin de là. D’ailleurs, même s’il a retraité au vestiaire avec une avance de 1-0 après le premier tiers, le Canadien n’a pas été la meilleure des deux équipes sur la patinoire du Centre Bell lors des 20 premières minutes.

 

Les Predators l’ont été.

 

Mais Samuel Montembeault a réalisé des arrêts solides pour non seulement garder son club dans le match, mais protéger cette avance qui a tout changé.

 

Car en deuxième, les Preds sont sortis sur les talons et le Canadien a cette fois été en mesure d’en profiter. Il a su en profiter parce qu’il a maintenu, voire accentué le rythme, au cours de la période médiane. Contrairement à ses vilaines habitudes du premier quart de saison alors qu’ils se sont trop souvent contentés de trop peu en matière d’effort, d’implication, de concentration et d’exécution, les joueurs du Canadien ont maintenu le rythme nécessaire pour se donner une chance de gagner.

 

C’est ce qu’il devra faire à nouveau mercredi, à Washington, vendredi à Buffalo et samedi à Pittsburgh où il complétera sa prochaine séquence de trois matchs de suite sur la route.

 

Ça ne l’assurera pas de battre les Caps, les Sabres et les Penguins qui ont blanchi les Leafs (2-0) samedi après avoir blanchi le Canadien 6-0 au Centre Bell jeudi.

 

Mais ça l’assurera d’obtenir le respect des amateurs et des observateurs qui pourront alors conclure que le Canadien a travaillé assez fort et assez bien pour gagner, mais que les nombreuses blessures l’ont empêché de franchir le fossé qui les séparait de la victoire. Trop souvent dans le cadre du premier quart de saison, il était impossible d’imputer aux blessures le poids des défaites, car les joueurs en santé et en uniforme n’offraient pas un rendement susceptible d’au moins leur donner une chance de gagner.

 

Sauf lors des victoires.

Tous les joueurs ont mis l'épaule à la roue

 

Il est donc temps, grand temps, plus que temps, de démontrer que ces victoires étaient bien plus que des anecdotes. Que des cadeaux tombés du ciel.

 

Et j’insiste sur ce point : l’effort, l’implication, la conviction ne propulseront pas toujours le Canadien vers la victoire. Mais ces trois éléments assureront toujours les joueurs du Tricolore du respect des fans et des observateurs qui savent qu’à l’impossible nul n’est tenu.

 

Lehkonen récompensé

 

Encore samedi, l’exemple d’effort, d’implication et de conviction est venu du trio de Jake Evans. Avec Armia et Lehkonen à ses côtés, Evans a piloté le trio le plus constant du Canadien lors des derniers matchs. En relève en Armia – relégué au quatrième trio – lors des deux derniers matchs disputés depuis le rappel de Cole Caufiled, Brendan Gallagher a donné une autre dimension à ce trio.

 

Un trio qui a vu ses efforts enfin récompensés alors que Lehkonen qui avait bousillé des occasions de marquer à la douzaine a finalement touché le fond du filet sur ce qui n’était pas vraiment une occasion de marquer.

 

Un bel exemple du principe selon lequel le ciel aidera ceux qui l’incitent à les aider. Cela dit, Lehkonen a vu son bâton casser en deux plus tard dans le match alors qu’il filait vers la cage des Preds. Ce qui incite à croire que les Dieux du hockey l’ont frappé d’un mauvais sort.

 

Mais dans le cas de Lehkonen, une chose est certaine : il a finalement marqué son premier but de la saison, mais en dépit ses mains de fer dans des gants d’acier, en dépit ce qui semble être un mauvais sort associé à son chandail numéro 62, il n’arrêtera jamais de travailler pour aider la cause de son trio, de son équipe.

 

Artturi Lehkonen a donc finalement été récompensé samedi. Tout comme Ryan Poehling qui a marqué deux buts en 37 secondes pour lancer le Canadien en avant 4-0 puis 5-0 à mi-chemin à faire en période médiane.

 

Poehling a marqué avec deux bons tirs. Il faudra toutefois qu’il s’assure de bien comprendre que c’est le travail et l’implication qui lui ont permis de marquer ces buts. Et que les autres ne viendront pas nécessairement facilement.

 

Le message sera-t-il compris

 

C’est ce message que Dominique Ducharme doit s’assurer de faire comprendre à ses joueurs.

 

Le coach a assuré que c’est justement ce message qu’il livre depuis l’ouverture du camp d’entraînement. De fait, depuis l’accueil de ses joueurs à Brossard avant l’ouverture du camp.

 

« Je leur ai dit dès le début que des pièges nous attendaient. La présence en grande finale, la courte période estivale, le manque d’entraînement et l’impression qu’on pourrait retrouver notre niveau des séries étaient autant d’éléments qui pouvaient compliquer notre début de saison. Je l’ai dit avant le camp. Je l’ai répété pendant le camp. Et c’est pour ça que je l’ai aussi souligné après notre défaite à Buffalo lors du deuxième match de l’année. On était impliqué à la maison. On ne l’était pas, ou pas assez, sur la route. Je sais qu’on ne gagnera pas les 60 prochaines parties. Mais il faut que notre groupe trouve une façon d’être plus constant au niveau de l’effort, de l’implication et de l’exécution d’ici la fin de la saison. Ce sera la seule manière de revenir de l’arrière et de revenir dans la course », a plaidé Ducharme.

 

Il sera intéressant de voir à quel point ce message sera compris et respecté.

 

Pour la première fois d’une façon volontaire – le Canadien a dû recourir à une telle formation l’an dernier afin de respecter le plafond salarial – Dominique Ducharme a eu recours à 11 attaquants et sept défenseurs samedi.

 

Une combinaison qui lui a permis d’avoir plus de flexibilité à la ligne bleue et surtout de pouvoir donner plus de temps d’utilisation aux attaquants qui le méritaient.

 

J’aime cette idée.

 

Car le temps d’utilisation, et surtout le temps d’utilisation de qualité, est le dernier outil à la disposition des coachs de la LNH pour «passer» des messages plus directs aux joueurs qui font la sourde oreille aux directives.

 

Bien hâte de voir combien de temps cette stratégie sera maintenue et de voir si elle permettra d’obtenir des performances soutenues lors de matchs consécutifs. Ce qui pourrait ouvrir la porte à la possibilité que le Canadien arrive à gagner deux matchs de suite et non de se contenter d’un gain, aussi convaincant soit-il, de temps en temps.

 

Entre les lignes

  • Fort de ses 33 arrêts sur les 36 tirs des Predators, Samuel Montembeault est devenu le 67e gardien de la l’histoire du Tricolore à signer une victoire…
     
  • Montembeault est aussi devenu la 29e Québécois à remporter un match dans l’uniforme du Canadien, le premier depuis José Théodore le 28 janvier 2006 contre Toronto…
     
  • Avec ses deux buts marqués en 37 secondes en période médiane samedi, Ryan Poehling s’est approché du doublé enfilé en 35 secondes par Joe Juneau le 6 mars 2002; le coup double le plus rapide des quelque 20 dernières années pour le Canadien dans le cadre d’un match disputé à domicile…
     
  • Capitaine des Preds, Roman Josi n’accorde pas la moindre véracité au fait que les soirées de jeudi et de vendredi passées à Montréal et les nombreuses distractions offertes aux joueurs aient pu miner les chances de son équipe de gagner samedi. «On a profité de ces trois journées pour tenir de bons entraînements et pour se reposer. D’ailleurs, on a très bien amorcé le match. Nous étions la meilleure équipe en première période. C’est en deuxième que tout s’est effondré. Au moins, on est revenu en troisième et on pourra bâtir là-dessus»…
     
  • Matt Duchene a inscrit samedi son deuxième tour du chapeau en carrière. Il a dû patienter un peu plus de 10 ans entre les deux exploits alors qu’il avait réalisé son premier tour du chapeau le 4 novembre 2011 alors qu’il défendait les couleurs de l’Avalanche du Colorado…
     
  • Le Canadien reprendra l’entraînement lundi. Bon dimanche