Champion des matchs serrés
MONTRÉAL – Le Canadien est encore loin d'un championnat de la section atlantique, de l'Association Est ou du classement général. Il est plus loin encore de la 25e coupe Stanley de son histoire.
Mais l'équipe de Martin St-Louis est championne des matchs serrés dans la LNH. Du moins jusqu'ici cette saison.
Au lendemain de la victoire de 3-2, arrachée aux Devils, mercredi soir, au New Jersey, le Canadien affiche 14 gains obtenus dans le cadre de parties qui se sont décidées par un petit but.
Oui! C'est un sommet dans la LNH.
Les Stars de Dallas et les Capitals de Washington sont deuxièmes avec 13.
Le Canadien est aussi premier dans la LNH avec 27 matchs qui se sont décidés par un but. Un total obtenu en combinant ses 14 victoires bien sûr – dont cinq en prolongation et quatre en tirs de barrage – et ses 13 revers : six en temps réglementaire, trois en prolongation et quatre en tirs de barrage.
Les Stars de Dallas et les Islanders de New York – avec 23 matchs décidés par un but – sont les plus proches rivaux du Tricolore à ce chapitre.
Qu'est-ce que ces statistiques indiquent?
Que le Canadien s'accroche quand les choses sont difficiles. Qu'il trouve le moyen de combler des reculs de temps en temps et surtout qu'il ne panique pas lorsque l'adversaire revient de l'arrière pour lui compliquer la vie.
Il en a donné une nouvelle preuve, mercredi soir, au Prudential Center. Après les deux rapides marqués par les Devils pendant que Nick Suzuki purgeait une pénalité de quatre minutes pour bâton élevé, les Devils ont pris le contrôle du match. C'est normal. Mais loin de paniquer, le Canadien a continué à jouer. Et Cole Caufield est allé chercher le but qui a fait la différence. Le Canadien a résisté à la remontée des Devils comme il a su résister aux remontées de Stars, à Dallas, le 3 janvier, des Rangers, trois jours plus tard au Centre Bell, ou de l'Avalanche plus tôt cette semaine. Et s'il est vrai qu'il a échappé une avance de deux buts avant de perdre aux mains des Flyers, la semaine dernière à Philadelphie, il a trouvé le moyen de sauver un point en s'inclinant en tirs de barrage.
Ces statistiques sont aussi grandement attribuables aux performances des gardiens. Samuel Montembeault l'a démontré avec un solide début de rencontre face aux Devils et ses arrêts nombreux et spectaculaires ont permis de sauver les meubles face aux Stars et aux Rangers.
Ces statistiques fort positives quand on les utilise pour illustrer le caractère des joueurs du Canadien, la motivation et la conviction que Martin St-Louis arrive à générer en dirigeant ses joueurs comme il le fait, cachent aussi des points moins positifs.
Le manque de force de frappe vient au premier rang.
Car si le Canadien est premier de la LNH avec ses 14 gains acquis avec une maigre avance d'un but, il est 32e et bon dernier au classement général avec une seule victoire par trois buts et plus.
Les Blackhawks de Chicago qui affichent six victoires de moins que le Canadien et même les Sharks de San Jose qui n'ont gagné que 10 fois cette saison revendiquent pourtant deux victoires « faciles » par trois buts.
La présence de Kirby Dach aurait sans doute permis d'améliorer cette statistique. Une meilleure production de Cole Caufield en première moitié de saison aurait aussi changé la donne. Tout comme l'ajout éventuel d'attaquants plus redoutables le fera au cours des prochaines années.
Et le jour où le Canadien gagnera plus de matchs faciles – en passant l'Avalanche du Colorado est au premier rang de la LNH avec 16 victoires par au moins trois buts sur les 29 obtenues jusqu'ici cette saison – il en revendiquera moins par la maigre marge d'un but.
Comme quoi ce championnat des matchs serrés représente en partie un prix de consolation.
Mais peu importe la valeur qu'on accorde à cette forme de consolation, il demeure incontestable que le Canadien est bien plus souvent dans le coup cette année qu'il ne l'était l'an dernier (31 matchs décidés par un but) et beaucoup plus qu'il y a deux ans (27 matchs décidés par un but).
Et ça, c'est un signe évident de progression.
L'éveil de Caufield et Slafkovsky
Autres signes de progression : l'éveil récent de Cole Caufield et celui qui se confirme de match en match de Juraj Slafkovsky.
Le grand Slovaque a commenté à merveille le premier but de la rencontre, son sixième de la saison, lorsqu'il a dit : « ne me demandez pas comment j'ai marqué, je sais simplement que j'étais au bon endroit au bon moment! »
Voilà le secret de la Caramilk! Avec sa stature et sa force, Slafkovsky en marquera des buts s'il s'installe près des gardiens adverses pour rediriger une belle passe comme il l'a fait mercredi soir au New Jersey. Il pourra aussi marquer en sautant sur des rebonds. Les champions marqueurs ne se contentent pas de marquer un « Michigan » de temps en temps pour faire parler d'eux. Ils se battent là où il est difficile de se battre pour marquer des buts qui passent trop souvent inaperçus, mais sans lesquels il est impossible de gagner sur une base régulière et de viser des championnats.
De voir Slafkovsky s'imposer comme il le fait depuis quelques semaines pour sauter sur des rondelles libres, de le voir imiter les mouettes qui se bousculent dans les stationnements des casse-croûtes pour sauter sur des frittes tombées sur l'asphalte permet d'entrevoir l'avenir avec beaucoup d'optimisme pour le tout premier choix de la cuvée 2022.
Et que dire que Cole Caufield si ce n'est qu'il semble avoir saisi le message de Martin St-Louis qui a souligné qu'il fallait bien plus que simplement des buts pour faire d'un bon joueur, un joueur élite.
Voir Caufield aller devant le filet pour créer le jeu qui lui a permis de marquer le but de la victoire mercredi devrait aussi être une grande source de satisfaction pour le Canadien et ses partisans.
Car s'il ne se contente pas de rester en périphérie pour attendre des rondelles que ses coéquipiers se battent pour récupérer, Caufield contribuera bien plus aux succès de son équipe.
Et avec Caufield d'un côté des gardiens ennemis et Slafkovsky de l'autre, avec ses deux joueurs prêts à marquer, l'attaque massive du Tricolore deviendra rapidement meilleure simplement parce qu'elle sera beaucoup moins prévisible.
En passant, des 14 buts qu'il a marqués, Caufield en a enfilé neuf pour donner une avance d'un but à son équipe. Celui de mercredi était son quatrième but gagnant. Son premier en temps réglementaire après ses trois en prolongation et l'autre – but décisif – obtenu en tirs de barrage.
Tous les buts sont importants. Mais des 14 qu'il revendique, Caufield en a donc marqué neuf pour donner une avance d'un but à son équipe et quatre alors que le Canadien tirait de l'arrière par un but.
Le « petit Cole » est en retard sur sa production anticipée, mais les buts qu'il revendique ont très majoritairement été importants...
Entre les lignes
- Le Canadien n'a toujours pas perdu cette saison en temps réglementaire (11-0-1-0) lorsqu'il mène après deux périodes...
- Le Canadien a signé sa deuxième victoire de la saison (2-5-1-2) mercredi, malgré le fait qu'il a encaissé deux buts en désavantage numérique. Il avait aussi battu les Blue Jackets de Columbus (4-3 en prolongation) le 26 octobre dernier au Centre Bell...
- Le Canadien affiche 18 victoires (18-4-2-3) dans les 27 matchs au cours desquels il a enfilé deux buts consécutifs...
- Inversement, il a su résister aux doublés marqués par ses adversaires comme en témoignent ses 14 victoires (14-16-3-3) lors des 36 rencontres au cours desquelles il a encaissé deux buts de suite...
- Le Canadien est rarement déclassé aux cercles des mises en jeu. De fait, c'est arrivé neuf fois seulement cette saison. Mais les Devils ont été implacables mercredi en limitant les centres du Tricolore à seulement 17 mises en jeu gagnées sur les 45 disputées (38 %). Ils avaient été plus durs encore lors de leur visite au Centre Bell en gagnant 38 des 60 mises en jeu du match (63 %)...
- Parlant de mises en jeu, après les 70 disputées lundi soir, contre l'Avalanche, les officiels en ont déposé 25 de moins mercredi. Pas surprenant que le match se soit déroulé à vive allure...