Au début de la saison, personne ne croyait véritablement aux chances des Golden Knights de se tailler une place en séries éliminatoires. Après tout, il s’agit d’une équipe d’expansion alignant les joueurs non protégés par les autres clubs. À l’inverse, la plupart des experts prédisaient que le Canadien de Montréal allait être de la danse printanière. Or, le Tricolore est aujourd’hui mathématiquement éliminé, alors que la fièvre du hockey se prolongera à Vegas.

La beauté du sport est son imprévisibilité. Si nous devions nous asseoir devant notre téléviseur au mois d’octobre, en sachant d’avance quelle équipe soulèvera la coupe Stanley en juin, le sport n’aurait plus aucun intérêt.

La réalité est qu’avec Carey Price, Shea Weber, Max Pacioretty, Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk, la formation du Canadien est bien meilleure que celle des Knights sur papier, mais c’est plutôt sur la patinoire que se disputent les victoires.

Un gros souci chez le Canadien cette saison a été les sorties de zone, alors que le club n’alignait aucun défenseur capable d’organiser la relance. Il en résulte que seuls San Jose et l’Arizona ratent plus de passes depuis sa zone défensive à chaque partie. De même, aucun club de la LNH ne réalise plus de jeux défensifs que le Tricolore, ce qui est un bon indice comme quoi il a passé l’année à courir après le disque en raison de ses sorties de zone piteuses.

C’est à ce moment qu’il devient intéressant de dresser un parallèle avec Vegas. Sa brigade défensive est loin d’être la meilleure de la LNH. Ses deux meilleurs arrières sont Nate Schmidt et Colin Miller, dont les meilleures saisons en carrière étaient respectivement de 17 et 16 points. Pourtant, les sorties de zone ne semblent pas avoir causé autant de maux de tête au Nevada qu’au Québec. Comment expliquer ce tour de force?

Travail en possession de la rondelle en zone défensivePremièrement, les dirigeants des Golden Knights ont adroitement identifié les joueurs sous-estimés dans la LNH et ceux-ci ont éclos avec un temps de jeu et des responsabilités accrus. Deuxièmement, le mot d’ordre à Vegas est de garder le jeu simple.

Gerard Gallant sait que le niveau de talent de son équipe demeure limité et un moyen de tempérer les dégâts est de donner la consigne à ses joueurs de se défaire du disque aussitôt qu’ils sont sous pression. Seulement quatre équipes de la LNH tentent plus fréquemment que Vegas de dégager son territoire défensif. Au terme de cette action, Vegas perd la possession de la rondelle, mais il évite surtout de commettre un revirement dans son territoire défensif, ce qui est souvent impardonnable.

Considérant que Jeff Petry est probablement le défenseur le plus fiable chez le Canadien en l’absence prolongée de Weber, il est étonnant que la Sainte-Flanelle tente moins régulièrement un dégagement que la médiane de la LNH. Attention, Petry est un bon défenseur, mais sur une deuxième paire.

Vegas ne se contente pas de dégager son territoire lorsque nécessaire, la troupe de Gallant évite également de s’y compliquer la vie, ce qui est une autre clé de son succès. Le résultat est que Vegas est l’équipe ayant le moins souvent la possession du disque dans sa zone défensive à égalité numérique pour chaque partie disputée.

Pour éviter les bévues, il faut quitter promptement sa zone et c’est exactement ce que les Golden Knights font avec brio. Seul Boston affiche un taux plus élevé de passes tentées en vue d’orchestrer une sortie de zone. Vegas est aussi la formation se contentant le moins régulièrement de remettre le disque à un autre arrière en zone défensive. Autrement dit, dès que Vegas a la rondelle en zone défensive, les Golden Knights organisent leur jeu de transition.

Vegas est indéniablement l’histoire cendrillon dans la LNH. Ses succès s’expliquent grandement par le travail de ses hommes de hockey. Ils ont su identifier les meilleurs joueurs disponibles et surtout les placer dans des circonstances favorables. Les sorties de zone sont un exemple probant à cet égard.

Le modèle des Golden Knights prouve que ce n’est pas forcément l’équipe la plus talentueuse qui sortira victorieuse. Il y a des procédés permettant de pallier un manque de talent au sein de son effectif. Gallant l’a vraisemblablement très bien compris, ce qui devrait lui permettre de remporter le trophée Jack-Adams remis au meilleur entraîneur-chef du circuit.

L’an prochain, le Canadien ne comptera pas sur les services d’un défenseur élite pour ce qui est d’orchestrer les sorties de zone, à moins d’une très grande surprise. Conséquemment, il aurait tout à gagner de s’inspirer du modèle proposé par Vegas.