Section Joueurs autonomes 2017

Maintenant que la séance de repêchage est chose du passé, la priorité du Canadien de Montréal sera de prolonger le contrat de deux de ses piliers qui sont joueurs autonomes sans compensation : Andrei Markov et Alexander Radulov. À ce sujet, le dossier le plus épineux sur le bureau de Marc Bergevin semble être celui de l’attaquant russe qui demanderait un nouveau pacte d’une valeur annuelle de sept millions de dollars sur une période de six ans.

Si ces rumeurs sont bien fondées, il semble que le clan Radulov tente de prendre avantage d’un marché autonome avare en talent offensif. Il faut avouer qu’il y a un an, Marc Bergevin prenait un pari en mettant sous contrat l’ailier droit et que le résultat fut sans équivoque. Le numéro 47 se révéla être l’un des principaux moteurs offensifs du club cette saison, amassant 18 buts et 36 passes pour un total de 54 points. Cette récolte fait de lui le deuxième meilleur pointeur du Tricolore en saison régulière. En séries éliminatoires, Radulov éleva encore son jeu d’un cran, se révélant le meilleur attaquant du Canadien face aux Rangers de New York. Il semble que l’heure soit venue pour l’ailier droit de faire sauter la banque.

Malgré sa saison du tonnerre, dans l’hypothèse où Radulov exigerait véritablement un contrat ayant une valeur annuelle de sept millions de dollars pour six saisons, tant le salaire que la durée posent problème. Bien qu’il ait électrisé Montréal cette année, il n’a fait vibrer les cordages qu’à 18 occasions et il fêtera son 31e anniversaire dans les prochaines semaines.

Par son rendement exceptionnel sur la patinoire, Radulov a certes charmé les amateurs de la métropole, mais c’est surtout par sa fougue et sa détermination qu’il a frappé les esprits, devenant avec raison l’un des favoris de la foule montréalaise. Cela explique que tous souhaitent son retour et si le Canadien veut continuer à aller de l’avant, il se doit de trouver un terrain d’entente avec le clan Radulov, puisque le Russe a encore plusieurs bonnes saisons à offrir.

Graphique Alexander RadulovIndéniablement, Radulov apporte une autre dimension au Canadien de Montréal, une dimension qui a trop longtemps fait défaut au sein de l’organisation : la robustesse. Il excelle lorsque le moment est venu de jouer de l’épaule dans les coins de patinoire, ce qui lui permet de remporter un grand nombre de batailles à un contre un. C’est justement cet élément physique qui fait en sorte que Radulov récupère un nombre impressionnant de rondelles libres en zone offensive. Le jeu physique de Radulov est étourdissant pour l’adversaire qui voit ses efforts défensifs être vains et la menace offensive du CH s’éterniser.

Radulov n’a pas peur de se salir les mains, mais il est également bourré de talent. En effet, pour chaque tranche de 20 minutes de jeu passées à égalité numérique, seuls Artemi Panarin, Connor McDavid, Jack Eichel, Brad Marchand et John Tavares ont réalisé plus de feintes que lui. Ces gestes lui ont permis de démantibuler de nombreuses couvertures défensives au cours de la campagne, séquences de jeu ayant marqué les faits saillants de plusieurs bulletins sportifs et illustrant dans quelle mesure Radulov est un talent d’exception.

L’ailier droit est également doté d’une excellente vision du jeu, brillant au moment d’alimenter ses coéquipiers en territoire adverse. Seul Phillip Danault a complété plus de passes que lui pour le même temps d’utilisation à forces égales. Cependant, Radulov fut sans égal chez le Canadien au moment de repérer un coéquipier dans l’enclave, marque des meilleurs fabricants de jeux du circuit Bettman. Ces passes sont les plus difficiles à réaliser, mais elles sont aussi celles rapportant le plus de dividendes, alors que le tireur y bénéficie d’un angle optimal pour tromper le gardien et que le temps de réaction de celui-ci est minimal. Cela explique d’ailleurs que 76 % des buts aujourd’hui inscrits dans la LNH le soient depuis l’enclave.

En distribuant efficacement le disque en zone offensive, surtout dans les zones payantes, Radulov a généré un grand nombre de chances de marquer pour ses coéquipiers, se classant au premier rang chez le Canadien à ce chapitre l’an dernier. Ceci témoigne encore une fois de ses grands talents de passeur.

Il fut aussi le chef d’orchestre d’une large proportion des attaques du Canadien la saison dernière, alors qu’il était souvent le joueur du CH en possession de la rondelle au moment de pénétrer en territoire offensif. Ceci est parfaitement logique puisqu’avec son excellente vision du jeu, l’attaquant russe se trouvait ainsi dans des circonstances idéales pour alimenter ses coéquipiers, alors que les équipes adverses étaient en plein repli défensif.

Alliant jeu physique, talent et vision du jeu, Radulov fut plus souvent qu’à son tour la bougie d’allumage du Canadien. Pendant de longues semaines, son trio complété par Max Pacioretty et Phillip Danault fut le seul à produire offensivement. J’irais même jusqu’à dire que Radulov fut le principal responsable de nombreux points récoltés par l’équipe au classement général. En éliminatoires, il fit encore mieux.

Aussi bon Radulov fut-il, cela ne veut pas dire pour autant que l’organisation doit prolonger le séjour de son attaquant à Montréal à tout prix. Le principal défi de Bergevin ces prochains jours sera de convaincre le clan Radulov de parapher une entente qui sera à l’avantage tant du CH que du hockeyeur, question que tout le monde y trouve son compte, chose plus facile à écrire qu’à faire. Autrement, Radulov évoluera sous d’autres cieux la saison prochaine.

Cependant, perdre Radulov se révélerait être un immense pas en arrière pour l’organisation.