Michel Therrien ne crachera certainement pas sur les deux points volés par Carey Price à Calgary mardi soir.

Mais s’il a soutenu son équipe en début de saison lorsqu’elle a réalisé des remontées tardives pour transformer des revers qui s’annonçaient en victoires qui ont propulsé le Tricolore vers son meilleur début de saison en plus de 50 ans, l’entraîneur-chef ne peut laisser le vol perpétré par son gardien effacer tout ce que son équipe a fait de mal hier. Ou de moins bien.

Oui Price a été magistral. Vraiment. Il a sauvé la mise, le match, les deux points. Ses 37 arrêts – dont 15 en période médiane et 12 dont plusieurs très solides au dernier tiers – réalisés en 65 minutes de jeu sans oublier les trois autres signés en tirs de barrage lui ont valu la première étoile du match. À elle seule, sa performance aux dépens des Flames devrait même lui valoir une étoile de la semaine tant il a été solide.

Cela dit, Price n’a pas multiplié les miracles hier. Non ! Ses poteaux ne lui ont pas sauvé la vie une, deux, cinq fois non plus. Calme, très calme, presque toujours bien placé, il a multiplié les arrêts de la mitaine, du bouclier, des jambières et des épaules. Non seulement a-t-il bloqué 37 tirs, mais il a aussi dû composer avec plusieurs impacts à la suite de contacts avec des joueurs des Flames et de quelques coéquipiers.

Price a vu du caoutchouc c’est clair. Mais il a vu bien trop de chandails et de fond de culotte tout au long de la rencontre. Et ça, ce n’est pas bon. Car si les Flames avaient compté sur des joueurs avec un brin ou deux plus de touche ou de talent, il est loin d’être acquis que le Canadien aurait freiné à huit sa séquence de revers consécutifs à Calgary.

Des 38 tirs des Flames, 13 ont été décochés au cours de l’une ou l’autre des sept attaques massives obtenues au cours du match, dont une séquence de 45 secondes à cinq contre trois en première période.

Price a été tellement solide, que les joueurs des Flames ont tiré 16 fois hors cible tant ils tentaient de viser les poteaux en espérant un ricochet dans le filet. Les 16 tirs hors cible égalent le nombre de tirs bloqués en défensive par les coéquipiers de Price qui sont loin d’avoir été aussi solides que leur gardien.

Si vous faites le calcul, vous verrez que les Flames ont tiré 70 fois en 65 minutes hier. Le Canadien : 47 fois. Ça donne une bonne idée de l’allure du match.

À la mi-match, les occasions de marquer du Canadien se limitaient à un tir de l’enclave décoché par Brendan Gallagher lors d’une attaque massive, à un tir de Rene Bourque dévié par Jonas Hiller au terme d’une longue échappée du mal-aimé du Tricolore et à une chance obtenue par Travis Moen.

La soirée des mal-aimés s’est poursuivie puisque c’est Tom Gilbert qui a marqué le but du Canadien en temps réglementaire. Un but marqué en avantage numérique sur un tir de la pointe. Un tir décoché après une belle pièce de jeu – autre rare fait saillant positif du CH hier soir – de Rene Bourque en zone offensive.

Autre point positif, le but de P.A. Parenteau. Pour une deuxième fois cette saison – il avait fait la même chose à Philadelphie – le Québécois a donné la victoire à sa nouvelle équipe avec un but décisif en tir de barrage.

Bon ! Ça ne permet pas officiellement – les buts en tirs de barrage ne sont pas ajoutés aux fiches personnelles des joueurs – à Parenteau de tenir parole alors qu’il m’a assuré samedi dernier qu’il gardait ses buts pour le voyage qui commençait. Mais ça lui a permis de faire gagner son club. Remarquez que c’est déjà pas mal…

Indiscipline

Pour le reste, et malgré la victoire, le Canadien a soulevé plus que questions inquiétantes qu’il a offert de réponses rassurantes.

Ne serait-ce qu’en raison de l’indiscipline affichée pour une deuxième partie de suite, le Canadien ne méritait pas de gagner hier. Des pénalités stupides. Des pénalités attribuables à une indiscipline crasse des joueurs du Tricolore.

À un moment donné, le Canadien et surtout ses partisans devront cesser d’imputer le blâme de cette cascade de pénalités aux arbitres. Les neuf pénalités mineures écopées par le Canadien hier étaient méritées. Bien méritées. Même que quelques-unes auraient pu s’ajouter. Mais à un moment donné, les arbitres se sont retenus histoire de ne pas sembler favoriser les Flames.

D’ailleurs, il fallait voir le visage crispé de Michel Therrien en fin de troisième période lorsque P.A. Parenteau et Alexei Emelin ont écopé de pénalités qui auraient facilement pu – certains diront dû – gâcher la soirée de travail de Carey Price en le privant d’un ou deux points au classement.

Une tendance amorcée en fin de deuxième lorsque Lars Eller s’est rendu coupable d’une pénalité pour rudesse bien inutile en zone neutre. Une pénalité qui a suivi une rixe survenue quelques minutes plus tôt. Une rixe au cours de laquelle, le Danois a semblé secoué.

Je ne sais pas si c’est en raison des contrecoups de cette rixe ou plus encore – je penche de ce côté – en raison de la grande inutilité de cette pénalité qu’Eller a été confiné au banc en troisième.

On verra.

Cette indiscipline inquiétante – 13 attaques massives accordées en deux matchs consécutifs, c’est beaucoup trop – a peut-être permis au Canadien d’améliorer son efficacité à court d’un homme. Mais sur une longue période, ça le tuera.

Et il faudra que Michel Therrien serre la vis et n’hésite pas à gâcher un brin ou deux le party suivant la victoire en servant un sérieux rappel à l’ordre.

À mes yeux, Michel Therrien ne devrait d’ailleurs pas s’arrêter là. Même s’il a été plus impliqué à Calgary qu’il ne l’avait été lundi à Edmonton, le Canadien n’a pas été convaincant en attaque.

Il n’a pas été convaincant point.

Et je veux bien croire qu’il est difficile de briser une combinaison gagnante, mais il me semble que le temps est venu de secouer l’équipe en effectuant quelques changements au sein de la formation. Car de la façon dont les choses se déroulent, on jurerait que les joueurs, peut-être éblouis par leur fiche de 8-2, se considèrent plus forts qu’ils ne le sont vraiment.

Avec Bournival et Sekac qui sont prêts à sauter dans la mêlée et qui voudront certainement impressionner leur coach, il me semble que l’occasion serait vraiment bien choisie de leur donner l’occasion de jouer tout en servant un message au reste de l’équipe.

Il sera intéressant de voir comment Michel Therrien jonglera avec l’importance de rappeler son équipe à l’ordre tout en évitant de bafouer son club qui n’affiche quand même que deux revers seulement.

Pas facile !

C’est pour ça qu’il fait un gros salaire.