L’excuse simple, pour ne pas écrire simpliste, serait d’imputer la défaite aux arbitres. Oui, ils ont été sévères à l’endroit du Canadien – la pénalité à Subban en toute fin de première était tirée par les cheveux – qui a écopé six pénalités mineures. Oui, ils ont fait mal au Tricolore en refusant un but à Max Pacioretty après que Brendan Gallagher eut bousculé – contact non responsable – le gardien Ben Scrivens. Un but qui aurait permis au Tricolore de prendre les devants au premier tiers.

Était-il bon ou non ce but ?

Les fans du Tricolore claironnent que oui. L’arbitre a dit non. Pourquoi ? Parce que Brendan Gallagher a bel et bien touché à Scrivens qui a chuté après l’impact. Gallagher a-t-il été poussé par le défenseur Jeff Petry ? Oui. C’est pour cette raison qu’il n’a pas été chassé pour deux minutes. Et c’est vrai aussi que Scrivens a mis du temps avant de se relever et de reprendre position.

Carey Price a joué le même genre de tour au Lightning de Tampa Bay en série l’an dernier. Il est allé chercher un contact sur un adversaire qui n’était pas même au cœur de l’action et le but marqué quelques secondes plus tard a été refusé.

La semaine dernière contre Detroit, Price a une fois encore avancé sur un adversaire pour générer le contact qui a entraîné le refus d’un but des Wings.

Le règlement est ainsi fait que si un gardien est gêné dans ses mouvements, peu importe la cause, le but doit être refusé. Si le joueur qui gêne le gardien est responsable du contact, une pénalité s’ajoute au but refusé.

Sur le jeu en question, Gallagher ne méritait pas une pénalité. Même que Petry aurait pu être chassé pour un double échec au bas du dos de Gallagher. À tort ou à raison, l’arbitre n’a pas sévi.

Cela dit, si on aime, voire adore, la fougue de Brendan Gallagher, la petite peste du Tricolore devra se méfier. Parce qu’il est au centre de tous ces jeux controversés autour des gardiens adversaires, parce qu’il a le nez fourré dans toutes les mêlées, il fait et fera de plus en plus l’objet d’une surveillance accrue de la part des officiels. Et ce règlement qui détermine le sort réservé aux buts suivant un contact avec les gardiens étant limpides comme de la vase, il serait sage que Gallagher s’assure de profiter de la présomption d’innocence alors que sa réputation le place dans une situation contraire.

Manque de conviction

Si le Canadien a perdu, ce n’est pas à cause des arbitres. Ou pas seulement la faute du vétéran Brad Watson – plus de 1000 matchs d’expérience dans la LNH – ou de son jeune collègue Graham Skilliter qui compte tout juste 30 matchs dans la grande ligue.

Si le Canadien a perdu, c’est qu’il a été incapable de s’imposer contre un club qui n’aurait pu rivaliser avec le Tricolore s’il avait joué au Rexall Place lundi, comme il l’a fait au Centre Bell lors de ses quatre derniers matchs.

Bon ! Il faut s’y faire. Pour des raisons difficiles à comprendre si l’on considère que les Oilers et les Flames, qui ont connu plus que leurs parts de difficultés au fil des dernières années,sans oublier les Canucks, le Tricolore n’affiche que 10 victoires à ses 40 derniers matchs disputés dans l’Ouest canadien.

Ce n’est pas fort. C’est même mauvais.

Alors qu’on s’attendait à ce que le Canadien profite de la plus belle et rapide patinoire de la LNH pour voler face aux Oilers, tous les joueurs ont semblé patiner dans le sable.

Tous les joueurs ? Non !

Devant bien des parents et amis, Brendan Gallagher s’est démené comme il se démène habituellement. Il a encore déployé effort et énergie, mais le reste de l’équipe n’a pas suivi.

Il ne faudrait pas oublier la séquence magistrale d’Alex Glachenyuk en période médiane lorsqu’il a mystifié les Oilers au grand complet avec une série de feintes et de maniement de rondelle à faire rêver.

Il ne faudrait pas oublier non plus une séquence en fin de troisième période alors que pendant 30 ou 45 secondes on s’est dit que le Canadien avait vraiment l’intention de faire fondre l’avance de 2-0 des Oilers pour amorcer une remontée gagnante comme il l’a fait en tout début de saison.

Pour le reste, ce n’a pas été fort. Vraiment pas.

Statistiques trompeuses

Les statistiques du match prétendent pourtant le contraire. De fait, si vous vous fiez uniquement à la feuille de pointage, les 61 tirs décochés par le Canadien – Ben Scrivens a réalisé 29 arrêts, 21 ont été bloqués en défensive et 11 ont raté la cible – laissent croire que l’équipe de Michel Therrien a dominé la rencontre. Les 19 revirements imputés aux Oilers laissent croire que le Canadien a pressé ses adversaires avec fougue du début à la fin du match.

Si vous avez suivi le match, vous savez déjà, du moins je l’espère, que la réalité a été tout autre.

Car bien que certaines statistiques lui soient favorables, le Canadien n’a pas vraiment affiché de fougue, de hargne de conviction dans cette partie. Le patin n’y était pas, ou pas assez. L’implication non plus.

Je ne veux rien enlever aux Oilers qui ont bien joué et remporté un quatrième gain de suite. Quatre gains enregistrés aux dépens de club de l’Est : Tampa, Washington et Caroline avant de se payer le Canadien.

Mais le Canadien s’est tiré dans le pied trop souvent pour rivaliser lundi.

Ou diable Tom Gilbert avait la tête sur son repli défensif qui a précédé le but de Benoit Pouliot, son premier de la saison. Je veux bien croire que le défenseur était seul contre deux Oilers. Mais pourquoi donner tout l’espace de manœuvre au porteur de la rondelle au lieu de lui faire la vie dure à la ligne bleue ?

Nathan Beaulieu a complètement oublié Nail Yakupov à la gauche du poteau laissant le premier choix de la cuvée 2012 marquer dans un filet désert après un cafouillage défensif des autres joueurs du Tricolore.

Je ne veux rien enlever au gardien Ben Scrivens non plus. Deuxième étoile de la dernière semaine dans la LNH, il a signé un premier jeu blanc des Oilers aux dépens du Canadien depuis 1989. Ce n’est pas rien. Mais sur ses 29 arrêts, combien ont été réalisés face à des tirs vraiment dangereux ?

Si vous répondez 10 vous êtes vraiment généreux.

S’il s’est défendu avec brio lors des six désavantages écoulés, le Canadien n’a obtenu que quatre tirs lors de ses quatre attaques massives. Ce n’est pas assez. Vraiment pas. Pas question de paniquer, mais après un regain de vie lors de son séjour de quatre matchs au Centre Bell, le Canadien est toujours en quête d’un premier but (0 en 20) en supériorité numérique sur la route.

C’est donc bien plus à cause de son inertie en offensive qu’en raison des arbitres que le Canadien a perdu.

Il faut quand même donner un brin ou deux de crédit aux Oilers également. Après avoir concédé 23 buts lors des quatre premiers matchs de la saison – contre Calgary, Los Angeles, Arizona et Vancouver – les Oilers ont resserré leur défensive n’accordant que neuf buts lors des cinq dernières parties. Ils doivent donc faire de bonne chose sur la glace. On l’a vu hier avec plusieurs tirs bloqués.

Mais si le Canadien avait offert une performance digne de la fiche de 7-1 qui lui a permis de se hisser en première place au classement de la LNH après huit rencontres, les Oilers n’auraient pas gagné hier. Ou ils l’auraient emporté beaucoup moins facilement.

Bon ! Personne ne croyait que le Canadien ne subirait qu’une défaite cette saison. Et les petits gars de Michel Therrien ont le droit d’avoir un mauvais match dans le corps, ou des jambes lourdes de temps en temps.

On l’a vu à Tampa Bay à la fin du long voyage en lever de rideau de la saison. On l’a vu encore hier.

Mais si le Canadien s’est fait prendre en croyant qu’une partie facile les attendait à Edmonton, il faudra se raviser rapidement. Car dans quelques heures, ce ne sera certainement pas plus facile à Calgary face aux Flames qui ne sont pas une force de la LNH, mais qui triment dur tous les soirs en raison de leur coach Bob Hartley qui les fouette avec vigueur.

Ce que le Canadien n’a pas fait lundi. Ou pas assez.