Mike Condon a passé le test avec succès. Avec éclat même. Solide devant son filet, il a stoppé 20 des 21 tirs des Sénateurs pour auréoler son premier vrai départ dans la LNH d’une victoire de 3-1.

Capitaine du Canadien, Max Pacioretty a fait cadeau de la rondelle de la victoire au nouvel adjoint de Carey Price.

Parents et amis qui l’attendaient dans la zone réservée aux proches des joueurs qui font escale au Centre Canadian Tire ont fait cadeau de plusieurs accolades au gardien qui a baptisé sa carrière dans la LNH de brillante façon.

Mais le plus beau cadeau, c’est P.K. Subban qui l’a offert à Mike Condon dans ses commentaires d’après-match. « Nous avons le meilleur gardien au monde en Carey Price. Sa présence devant le filet est rassurante pour l’ensemble de l’équipe. Ce soir, Mike nous a donné ce que Carey nous donne normalement. Il nous a donné confiance. Il s’est imposé dès le début de la rencontre. Il nous a démontré qu’il était solide, confiant. Que ses réflexes étaient aiguisés. Il était en parfait contrôle devant son but. Il ne se battait pas pour les rondelles. Il ne nageait pas sur la glace. Il a fait exactement ce qu’on attend d’un gardien : il nous a donné une chance réelle de gagner. Et la confiance qu’il dégageait nous a permis de ne rien changer à notre approche du jeu. On a joué exactement de la façon dont nous l’aurions fait si Carey avait été devant le but », a défilé P.K. Subban.

Pendant que P.K. semait des éloges sur Condon dans le vestiaire, je ne pouvais m’empêcher de penser que toutes les qualités qu’il imputait à son nouveau coéquipier faisaient cruellement défaut dans le coffre à outils de celui qu’il est venu remplacer. Car s’il y a un gardien qui n’inspirait pas vraiment la confiance, qui nageait devant son filet et manquait de technique obligeant ses coéquipiers à changer leur style pour tenter de lui venir en aide, c’était bien Dustin Tokarski.

En passant, boudé par toutes les équipes de la LNH qui l’ont regardé passer au ballottage, Tokarski a accordé six buts sur 29 tirs dimanche dans le cadre d’un revers de 6-1 du club-école du Canadien aux mains des Sound Tigers de Bridgeport. J’espère que l’état-major du Canadien ne s’attend pas à ce que Tokarski serve de tuteur à Zachary Fucale…

ContentId(3.1154686):Confrontation entre Condon et Pageau
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Tirs de qualité

À sa première partie dans la LNH, Condon n’a pas été poivré de tirs. C’est un fait. Mais sur les six tirs reçus en première, trois ou quatre l’ont forcé à se démarquer avec des arrêts solides. Peu occupé en deuxième, il a aussi dû se signaler à une ou deux reprises. Bon! Le but de Jean-Gabriel Pageau a fait mal paraître Condon. Ce but, marqué lors d’une attaque massive du Tricolore, a été le résultat d’une rondelle mal contrôlée par le gardien du Canadien. « J’ai stoppé la rondelle avec le bras gauche. Je ne savais plus où elle était. On nous enseigne alors de bouger le moins possible. Je me suis laissé tomber sur les genoux en croyant pouvoir l’immobiliser, mais les cris des partisans des Sénateurs m’ont indiqué le contraire », a expliqué Condon après la rencontre.

Ce vilain but n’a pas déconcentré Condon. En troisième, le nouveau gardien auxiliaire a d’ailleurs fermé la porte au nez des Sénateurs qui ont tiré neuf fois sur la cage tricolore sans jamais y loger le disque.

« Il a été très bon tout le match et même meilleur en fin de partie. Il n’a fait que prolonger ce qu’il avait amorcé au camp d’entraînement », a mentionné Michel Therrien en parlant de Condon.

Duel historique

À l’image de Mike Condon, le gardien Matthew O’Connor donnait lui aussi le coup d’envoi à sa carrière dans la LNH. Ce duel peu fréquent passera à l’histoire du Canadien et des Sénateurs. Un peu aussi à l’histoire de la LNH, alors que c’était la première fois depuis l’expansion de 1967 que deux gardiens amorçaient leur carrière dans le cadre d’une même rencontre. Condon et O’Connor ont imité Doug Favell des Flyers de Philadelphie et Wayne Rutledge des Kings de Los Angeles.

ContentId(3.1154668):Canadiens 3 - Sénateurs 1
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À l’aube de son premier match, Mike Condon a tenté de maintenir la routine qu’il suit depuis toujours. Le mot clef est tenté. « J’ai eu de la difficulté à fermer l’œil pour ma sieste cet après-midi », a-t-il candidement admis.

Et bien que le gardien partant retraite rapidement au vestiaire lors de l’échauffement d’avant-match, Mike Condon est demeuré sur la patinoire du Centre Canadian Tire longtemps après Carey Price qui était pourtant l’auxiliaire dimanche. De fait, Condon est débarqué à la toute fin de la période d’échauffement.

« Je voulais obtenir quelques échappées vers la fin. Ça ne m’a vraiment pas servi, car je n’en ai pas arrêté une seule », a-t-il d’abord répondu en riant.

« Plus encore que les échappées, je savais qu’il y aurait une cérémonie de présentation des joueurs – les Sens amorçaient leur saison à domicile dimanche – et je ne voulais pas prolonger mon temps d’inactivité entre l’échauffement et la partie. »

Petry : le repli de l’année

Malgré son but accordé à Pageau, malgré le fait qu’il n’ait affronté que 21 tirs, Mike Condon a très bien fait. Il aurait d’ailleurs mérité une étoile.

Mais la vedette de cette troisième victoire consécutive du Tricolore n’a pas été Condon. Ça n’a pas été Tomas Plekanec malgré ses deux buts. Max Pacioretty a peut-être décoché dix tirs en 60 minutes, mais trois seulement ont touché la cible et le capitaine a semblé plusieurs fois à bout de souffle dimanche. Ce qui serait normal compte tenu de la blessure au genou qui l’a gardé loin de l’action pendant la presque totalité du camp d’entraînement.

La grande vedette du match de dimanche a été pour moi le défenseur Jeff Petry.

Solide en attaque (il a bien distribué la rondelle, a décoché quelques bons tirs et est souvent venu appuyer l’attaque) comme en défense (il a racheté quelques bévues de son partenaire de jeu Alexei Emelin), Petry a réalisé le jeu du match en effectuant un repli qui a privé Curtis Lazar d’une échappée jusqu’à Mike Condon.

ContentId(3.1154670):Bonne première sortie de Condon
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Parti loin derrière le jeune patineur des Sens, Petry l’a rattrapé et, au lieu de sortir le bâton comme la très grande majorité des défenseurs l’auraient fait, Petry a effectué une enjambée de plus pour envoyer Lazar cul par-dessus tête avec un solide coup d’épaule.

Lorsque l’arbitre a sifflé l’arrêt de jeu et pointé le cercle à la droite de Mike Condon comme lieu de la prochaine mise en jeu, j’ai cru un instant qu’il accordait un tir de pénalité à Lazar tant il semblait impossible que Petry l’ait neutralisé légalement.

La reprise a prouvé le contraire.

« Quand je l’ai vu partir, j’ai réalisé que nous étions dans le trouble. J’ai baissé la tête et je suis allé à fond et j’ai finalement réussi ce que je voulais faire », a expliqué Petry avec un sourire de satisfaction accroché au visage. « La saison est jeune, mais je me suis senti de mieux en mieux au fil des trois premiers matchs. Celui de ce soir a certainement été mon plus solide jusqu’ici. »

Les autres vedettes obscures du Canadien dans la victoire ont été les membres du quatrième trio. Rapides, robustes, impliqués, Brian Flynn (six tirs cadrés), Torrey Mitchell (quatre tirs décochés, deux cadrés) et Devante Smith-Pelly (un tir cadré) ont abattu du gros travail. Du travail qui a grandement plu à l’entraîneur-chef Michel Therrien.

« Ils nous donnent du très gros hockey. Ils ont plus de vitesse. Non seulement je peux leur faire confiance contre n’importe quel trio de l’autre côté, mais ils génèrent en plus de bonnes occasions de marquer. »

Seule ombre au tableau dans la victoire de dimanche : encore l’attaque à cinq.

Limités à un but en six occasions samedi à Boston, les « spécialistes » de l’attaque massive ont été blanchis en sept supériorités numériques totalisant 10 min 30 s dimanche, dont 69 secondes à cinq contre trois.

Après trois rencontres, le Canadien n’affiche qu’un but en 14 occasions. Une statistique qui rappelle les déboires de la saison dernière.

« On a encore beaucoup de travail à faire sur cet aspect du jeu », a convenu Michel Therrien.

C’est le moins qu’on puisse dire…

Le Canadien pourra se reprendre mardi, à Pittsburgh, où les Penguins donneront eux aussi le coup d’envoi à leur saison à domicile.