Parce que des avances de deux buts n’avaient pas suffi lors des deux premiers matchs, P.K. Subban, Carey Price et leurs coéquipiers du Canadien ont profité du survoltage offert par Ginette Reno et leurs partisans pour s’offrir une avance de trois buts.

Ils ont bien fait. Car ils ont eu besoin de ce but d’extra pour résister à une autre remontée des Bruins.

Mais attention! Contrairement à samedi, alors que le Canadien semblait complètement paniqué, désorganisé et dépassé lors de la remontée victorieuse des Bruins au Garden, on n’a jamais senti le Tricolore en panique mardi au Centre Bell.

Bon! Il a peut-être eu chaud. Ses partisans aussi. Et les arbitres ont peut-être aidé sa cause en fermant les yeux sur un double-échec de Plekanec aux dépens de Soderberg, sur le but déplacé (volontairement?) par P.K. Subban et sur quelques infractions commises par les Bruins également. Mais le Canadien s’est bien comporté. Vraiment. Beaucoup mieux que samedi.

Malgré la solide partie que lui offrait jusque là Michaël Bournival, Michel Therrien l’a rappelé au banc dans les derniers instants de la rencontre. Il lui a préféré Lars Eller lors d’une mise en jeu cruciale à la gauche de Carey Price. Une décision qui a souri au coach du Canadien puisque quelques secondes plus tard, Eller inscrivait le but d’assurance dans un filet désert.

Passes savantes

Le Canadien a donc gagné 4-2. Il se réveille en avant 2-1 dans la série qui se poursuivra jeudi.

De la façon dont le Canadien s’y est pris pour doubler les Bruins dans le match et dans la série, Claude Julien et ses joueurs sont bien mieux de se réveiller. Car ils pourraient vite se retrouver acculés au pied du mur. Car malgré le fait que les Bruins forment une meilleure équipe et que la logique les favorisait pour chasser le Canadien rapidement, le Tricolore offre du jeu très convaincant. Du jeu inspiré. Du jeu qui inspire la confiance chez ses partisans et qui devrait commencer à soulever des doutes dans le camp ennemi comme dans la tête de tous ceux – ajoutez ici mon nom à la longue liste – qui croyaient que la série serait tout à l’avantage de Boston.

Outrageusement dominé à cinq contre cinq lors des deux premiers matchs, le Canadien a marqué tous ses buts à forces égales hier. Un signe qu’il est vraiment capable, comme le prétendait David Desharnais après le revers de samedi, de rivaliser avec les Bruins dans toutes les facettes du jeu.

Le Canadien a aussi résisté à la seule attaque massive des Bruins hier. Ça donne donc 35 désavantages numériques consécutifs écoulés sans accorder de but aux Bruins en séries si on ajoute aux six des présentes séries, les 29 écoulés lors des sept rencontres de la série 2011 opposant les deux équipes.

De fait, c’est en quittant le cachot que Subban a reçu la passe parfaite de Lars Eller pour ensuite filer seul en direction de Tuukka Rask. P.K. a sorti le gardien des Bruins de ses patins pour doubler l’avance des siens.

C’est aussi une combinaison de belles passes qui avait permis au Tricolore de prendre les devants quelques minutes plus tôt. Une passe sensationnelle de Thomas Vanek qui a repéré Tomas Plekanec complètement oublié à la droite de Rask. Mais plus encore que la passe de Vanek, la petite touche de Subban pour remettre le disque à Vanek à la ligne bleue des Bruins était plus sensationnelle encore. Du moins à mes yeux.

Subban : exceptionnel

Subban a donc ajouté deux points à sa récolte hier. C’était son troisième match de suite de deux points aux dépens des Bruins. Son cinquième en sept parties depuis le début des séries.

Une statistique exceptionnelle.

Quand on décortique les statistiques du match, on relève cinq pertes de rondelle à la fiche de Subban : le quart des pertes de rondelle reprochées au Canadien. Mais au lieu de le condamner, il serait important de réaliser qu’il a passé près de 28 minutes sur la patinoire. Plus que tous ses coéquipiers. Plus que tous ses adversaires des Bruins, à commencer par Zdeno Chara qui s’est « contenté » de 24:33. Des minutes de beaucoup moins bonne qualité que celles offertes par Subban, en dépit des cinq revirements qu’on lui reproche. Subban a été dans l’action du début à la toute fin de la partie. Dans toutes les facettes de l’action. Il doit être le joueur qui a le plus souvent touché à la rondelle au cours de la partie. Dans ces circonstances, il est normal qu’il soit plus susceptible que d’autres de commettre un revirement ici, un autre là.

Mais après une cinquième soirée de deux points en sept matchs, peut-on vraiment lui en tenir rigueur? Ou lui reprocher d’avoir blessé Thomas Vanek en assénant une mise en échec qui lui a valu une pénalité mineure aux dépens de Reilly Smith? Il me semble que poser la question, c’est y répondre. Subban s’impose comme le fer de lance du Canadien depuis le début des séries. Bien que Carey Price ait été miraculeux lors des deux premiers matchs face aux Bruins, il me semble qu’on peut avancer que Subban est le joueur le plus utile des séries jusqu’ici.

Contrairement à Subban qui a eu la rondelle toute la soirée, Thomas Vanek et Daniel Brière ont su maximiser leur possession plus timide. Vanek sur le but magnifique offert en cadeau à Plekanec. Quant à Brière, il a offert une échappée à Dale Weise qui a n’a pas eu à sortir Rask de ses patins pour marquer. Il a simplement eu à lui passer la rondelle entre les jambières. Un but qui a fait mal paraître l’un des trois finalistes dans la course au trophée Vézina. Un finaliste qui est complètement éclipsé par son vis-à-vis du Canadien dans cette série.

Parlant de Price, il n’a pas été aussi occupé que lors des deux premiers matchs. Je vous suggère même qu’il n’a pas été aussi fort que lors des deux premières parties même s’il a accordé moins de but. Pas que Price n’a pas été bon. Loin de là. Mais il n’a simplement pas eu à l’être.

Et j’ai adoré le fait qu’il ait relancé vers Torey Krug la rondelle qu’il venait de gober dans sa grosse mitaine après un bel arrêt effectué pour bloquer un tir frappé bas que le défenseur des Bruins a dirigé entre les jambières du gardien du Canadien.

« Je ne sais pas de quoi vous parlez », a plaidé Price lorsqu’on lui a demandé après la rencontre si son geste se voulait une réplique aux commentaires de Krug et de son équipier défenseur Dougie Hamilton reliés au fait que la majorité des buts marqués contre Price dans cette série l’avait été dans la partie supérieure…

De grands absents

Michel Therrien a pris d’autres très bonnes décisions avant le troisième match de la série.

Travis Moen et Douglas Murray ont su faire sentir leurs présences pour de bonnes raisons dans la victoire de mardi. Leur contribution sur le plan physique a été remarquée et sentie. Tout comme celle d’Alexei Emelin. Avec cinq, trois et sept mises en échec, ces trois joueurs ont permis au Canadien de dominer les Bruins 36-31 au chapitre des coups d’épaule échangés.

Contre un club considéré comme l’un des plus robustes dans l’Est, ce n’est pas rien!

L’idée de remplacer Brandon Prust (enfin!) par Michaël Bournival a aussi donné des dividendes puisque Bournival, avec sa vitesse et son sens du jeu, a très bien appuyé Tomas Plekanec et Thomas Vanek.

Car oui, Vanek a évolué au sein du deuxième trio. Il y a remplacé Brendan Gallagher qui s’est retrouvé avec Pacioretty et Desharnais.

Bon! La fougue de Gallagher n’a pas permis à Pacioretty et Desharnais de débloquer offensivement, mais ce trio a été plus impliqué. Plus actif. Il ne reste qu’à mettre des buts au tableau.

Parlant de premier trio : on peut bien reprocher ce qu’on voudra au premier trio du Canadien, mais celui des Bruins est loin de casser la baraque non plus.

Même que Jarome Iginla, à qui les joueurs des Bruins veulent offrir une première coupe Stanley en carrière, est loin, très loin, d’aider sa cause.

Je suis un fan d’Iginla depuis que je l’ai suivi à la Coupe Memorial à Kamloops en 1995. Il est franchement décevant depuis le début de la série contre le Canadien.

Peut-être que la mise en échec de Travis Moen qui l’a catapulté presque sur le banc du Canadien en fin de match le réveillera.

On verra.

Mais Iginla a besoin de se réveiller s’il tient vraiment à prolonger son rêve de coupe Stanley. Ses coéquipiers des Bruins aussi…

Quant au Canadien, il n’a qu’à continuer sur sa lancée. Car devant un gardien qui garde les buts de la façon dont le fait Carey Price, avec un défenseur comme P.K. Subban qui joue à la hauteur et plus même de son potentiel et une attaque bien répartie entre quatre trios qui travaillent, il est en train de battre les Bruins.

Et s’il devait perdre malgré tout aux mains de ses ennemis de Boston tout en jouant comme il l’a fait mardi, on n’aurait rien de rien à reprocher à Price, Subban, leurs coéquipiers, Michel Therrien et l’ensemble de l’organisation du Canadien.

Mais de la façon dont ça va là, le Canadien est bien plus près de sortir les Bruins des séries, que de lui-même se retrouver en vacances.