Il y a 27 ans jour pour jour, Éric Desjardins marquait les trois buts du Canadien face aux Kings de Los Angeles pour permettre à la troupe de Jacques Demers de créer l’égalité 1 à 1 dans la série qui allait voir les Glorieux couronnés de leur 24e et dernière Coupe Stanley à ce jour.

Jamais auparavant – ni par la suite d’ailleurs – un défenseur n’était parvenu à trouver trois fois le fond du filet au cours d’un même match en finale de la Coupe Stanley. Desjardins, de passage à l’émission « Et le But! » avec Pierre Houde, s’est rappelé ce précieux souvenir.

 « Ce sont des beaux souvenirs. On a eu la chance de les revoir dernièrement et c’est sûr que ça nous refait plonger dans ces souvenirs inoubliables. Ç’a été un 3 juin vraiment exceptionnel, quelque chose dont tu n’oses même pas rêver. Tu le crois vraiment seulement quand ça se passe », se rappelle l’ancien numéro 26 de la brigade défensive tricolore.

La conquête : Le bâton de McSorley, les buts de Desjardins

Rappelons les faits, le CH perdait 2 à 1 avec deux minutes à jouer au match numéro deux au Forum de Montréal. L’entraîneur-chef de l’époque, Jacques Demers, demande de mesurer la courbe de la lame du bâton de Marty McSorley. Résultat, pénalité aux Kings et Desjardins en profite pour enfiler le but égalisateur. Encore faut-il aller chercher le but vainqueur en prolongation. Desjardins se souvient d’ailleurs de l’importance que représentait le prochain but qui serait inscrit.

« Dans cette série-là, on avait connu un premier match difficile, on n’était pas bien sortis du tout. On n’était quelque peu rouillés de la petite pause que nous avions eue avant la série. Quand nous sommes arrivés dans le deuxième match, on savait qu’il ne fallait pas le laisser aller. C’est certain que quand nous sommes revenus au vestiaire après la troisième avec l’égalité deux à deux, on y croyait et on savait que nous avions eu beaucoup de succès en surtemps dans les séries », explique-t-il, faisant allusion aux 10 victoires consécutives en prolongation du Canadien lors du printemps de 1993. 

Si Desjardins affichait déjà deux buts au compteur avant de fouler la patinoire du Forum pour la période ultime, le principal intéressé ne s’attendait pas nécessairement à ce qu’il soit encore celui qui noircirait la feuille de pointage pour le but victorieux. Pourtant, c'est bien ce qu'il a fait quand il a enfilé un lancer des poignets entre les jambières de Kelly Hrudey, quelques instants après avoir raté la cible d'un puissant lancer frappé.

« Personne ne m’avait mis au défi de marquer le troisième but puisque j’avais les deux autres. Comme j’ai dit, tu rêves de gagner la Coupe Stanley, mais tu ne rêves pas nécessairement de faire un tour du chapeau dans la finale. La seule chose qui était importante c’était d’aller chercher la victoire et les choses sont arrivées comme elles sont arrivées, mais ce qui était le plus important c’était de gagner », laisse humblement tomber celui qui a disputé 18 saisons dans la LNH.

Avec le match numéro 2 en poche, le Canadien n’a plus jamais levé le pied de l’accélérateur et s’est sauvé avec les trois parties suivantes pour remporter les grands honneurs. Desjardins sait toutefois que la mission était loin d’être accomplie et que les petits détails auraient pu faire pencher la balance.

Jacques Demers« Nous sommes allés à Los Angeles, les Kings revenaient chez eux et les deux matchs se sont rendus en surtemps. C’est sûr qu’on a remporté les trois matchs de suite, mais je ne peux pas dire que ç’a été simple. Ç’a pris tout le monde et nous avons tous fait le boulot. C’est certain qu’il n’y avait rien de facile. »

Vingt-sept ans plus tard, Desjardins se souvient d’un acteur clé dans cette conquête magique. Un acteur qui ne portait pas les patins les soirs de matchs, mais qui était debout, derrière le banc orchestrant la toute dernière conquête canadienne de la Coupe Stanley, un certain Coach Demers.

« Jacques au tout début de notre première rencontre lors du camp d’entraînement a su dire les bons mots, les belles phrases pour faire croire à tout le monde qu’il avait sa place sur l’équipe et qu’il était important et tout au long, jusqu’à ce qu’on soulève la Coupe, ça été la même chose. Jacques c’est quelqu’un de positif, quelqu’un qui a une énergie incroyable. Il nous a vraiment tous embarqués dans cette histoire-lui et nous nous sommes rendus jusqu’au bout en grande partie grâce à lui. »