Ironique quand même de voir qu’après avoir rivalisé avec l’Avalanche du Colorado deux fois plutôt qu’une avec des formations timides en plus, le Canadien s’est incliné devant les Capitals de Washington malgré la meilleure formation proposée par Michel Therrien depuis le début des matchs préparatoires.

Mais bon! Les résultats des matchs préparatoires, surtout dans le cadre de défaites c’est bien connu, sont loin de donner de l’urticaire aux états-majors des 30 équipes de la LNH.

Je veux bien.

Mais si le Canadien doit se réjouir, avec raison, de la performance de Carey Price dans le cadre de sa première sortie officielle de la saison qui commence et des beaux flashs qu’offrent plusieurs joueurs depuis le début du camp, il faudrait en contrepartie commencer à se poser quelques questions sur les lacunes que ces matchs ont relevé.

Sans oublier qu’il faudra trouver des réponses aux nombreuses questions encore dans l’air avant de compléter la série aller-retour contre les Sénateurs d’Ottawa vendredi et samedi prochain. Sans quoi, le Canadien ratera le signal de départ de la vraie saison.

Contrairement à bien des partisans et observateurs, ce n’est pas l’attaque qui me préoccupe.

Peu importe qu’Alex Galchenyuk soit muté au centre avec les conséquences qu’un tel changement entraînerait ou qu’il demeure à l’aile, peu importe que Jiri Sekac s’impose en début de saison quitte à signifier le renvoi temporaire de Michaël Bournival à Hamilton, peu importe la composition des trios et le fait que l’attaque massive soit plus passive qu’autre chose pour le moment, ce n’est pas l’offensive qui me préoccupe, mais bien la brigade défensive.

Une brigade qui compte sur l’un des meilleurs gardiens au monde. Je veux bien. Un gardien qui va réparer les erreurs de ses défenseurs bien plus souvent qu’il ne passera sous silence leurs bons coups en accordant des cadeaux à l’adversaire.

Mais quand même.

Avec encore trois matchs préparatoires seulement à disputer, je ne vois pas comment la direction du Canadien peut se dire confiante des duos qu’elle entend envoyer dans la mêlée en début de saison.

Surtout que bien honnêtement, je ne vois pas vraiment comment on pourrait maintenir les duos proposés depuis le début du camp.

P.K. Subban demeure la pierre d’assise de la défensive. De fait, il le sera encore davantage cette année. Subban sera toujours un défenseur à risque. C’est vrai. Mais dans son cas, ce sont des risques qu’il vaut grandement la peine de courir, car très souvent ces risques sont récompensés par des buts ou des pièces de jeu spectaculaires qui étanchent en partie la soif de victoire des partisans.

Mais qui donc jouera à sa gauche?

Alexei Emelin? Vraiment? Emelin est solide quand vient le temps de donner des mises en échec. Et il devrait être meilleur – ou moins mauvais – sur le côté gauche puisqu’il pourra pivoter avec un brin ou deux plus d’aisance dans le cadre de ses replis vers Carey Price.

Mais Emelin est un défenseur à grand risque dès qu’il touche à la rondelle. Des risques qu’il ne peut transformer en dividendes en raison de son talent limité lorsqu’il hérite de la rondelle. Si Subban passe 20 minutes par match sur la patinoire à force égale et qu’Emelin est à ses côtés, les adversaires du Canadien auront un plaisir fou à multiplier les entrées de zone en direction du Russe et en déposant lentement la rondelle dans son coin pour minimiser les chances d’Emelin de se servir de ses épaules.

Et c’est là que ça pourrait se compliquer…

Je ne crois pas en Emelin avec Subban. Je ne crois pas non plus beaucoup en Markov même s’il demeure – jusqu’à preuve du contraire – le deuxième défenseur du Canadien.

Markov a le talent et l’expérience pour rivaliser avec les meilleurs trios adverses. Mais il n’a plus les jambes pour le faire d’une façon aussi soutenue que le fera P.K. Subban.

Un comité en aide à Subban alors ? Peut-être...

Mais si cela aide à stabiliser le premier duo, que restera-t-il derrière ?

Andrei Markov et Tom Gilbert me semblent trop lents et surtout pas assez physiques pour composer un duo fiable. Après quelques matchs préparatoires, j’ai plus l’impression qu’ils donneront des cheveux gris à Michel Therrien que des doses de satisfaction.

On verra.

Et pendant que Jarred Tinordi et Nathan Beaulieu mettent du temps à s’imposer et à prendre possession des places qui leur appartenaient avant le début du camp, qui au juste sera le plus apte à épauler Mike Weaver au sein du troisième duo?

Est-ce que l’état-major récompensera Greg Pateryn qui a été le meilleur défenseur du club-école l’an dernier – oui, oui, devant Tinordi et Beaulieu – sans obtenir les mêmes opportunités que les deux jeunes premiers choix avec le grand club?

J’ai hâte de voir. Il faut toutefois reconnaître que Pateryn est loin d’avoir forcé la main de Marc Bergevin et des entraîneurs puisque la qualité de son jeu a subi des fluctuations importantes au fil du camp. Peut-être même trop de fluctuations.

Magnus Nygren? Je l’aimais bien, mais il est déjà à Hamilton.

Darren Dietz? C’est le défenseur qui m’a le plus impressionné au camp l’automne dernier et il semble maintenir sa progression. Mais est-il prêt?

Dans un monde idéal, c’est Jarred Tinordi qui hériterait du mandat d’appuyer P.K. Subban à forces égales. Il ne semble pas en mesure d’assumer ce rôle tout de suite.

À mes yeux, c’est avec Mike Weaver au sein du troisième duo qu’Alexei Emelin occupait le poste qui lui irait le mieux. Je sais, je suis sévère dans mon évaluation du talent du défenseur russe. Si le hockey se jouait seulement avec les épaules, je plaiderais coupable, car côté épaule, Emelin est bien servi. Mais ça prend aussi des mains, des yeux, et un sens du jeu pour éviter de faire le genre de gaffe dont il s’est rendu coupable dimanche contre les Capitals. Et en matière de mains, d’yeux et de sens du jeu, c’est plutôt timide dans le casier d’Emelin.

Mettez ensuite Markov, Gilbert et Beaulieu dans l’équation pour composer le troisième duo et vous avez une brigade défensive qui pour le moment est suspecte à mes yeux. Suspecte au point où Marc Bergevin, bien qu’il semble vraiment réticent à le faire, devra sérieusement songer à offrir un contrat de la LNH à Francis Bouillon au lieu de lui faire avaler – de travers – un contrat à deux volets.

Car avec encore 10 jours à écouler au camp d’entraînement, la mise sous contrat de Bouillon – ou la réclamation d’un défenseur au ballotage, ou une transaction – ne semble plus simplement une mesure préventive, ça semble presque une nécessité.

À moins d’en demander encore un peu plus à Carey Price...