Pendant que Carey Price et Jiri Sekac s’amusaient à Columbus et que leurs coéquipiers profitaient de la pause du Match des étoiles pour se mettre les pieds dans le sable plutôt que sur la glace, Marc Bergevin travaillait.

Le directeur général du Canadien a profité de ce « congé » pour rencontrer tous ses dépisteurs et conseillers. Ses dépisteurs des rangs mineurs afin de savoir ce qu’ils anticipaient en vue du repêchage qui se déroulera en Floride en juin prochain. Ses dépisteurs professionnels afin de faire le point sur l’ensemble des joueurs que le Tricolore a dans la mire afin de renflouer l’alignement d’ici à la date limite des transactions, le 2 mars prochain.

On sait déjà que le patron du Canadien tient autant à ses choix au repêchage qu’à un Carey Price en forme et en santé. Mais si les partisans de son équipe et les observateurs aux quatre coins de la LNH savent que le Canadien, sans Carey Price, est loin de former un club en mesure de rivaliser avec les meilleurs du circuit, le DG du Tricolore en est bien conscient lui aussi.

De fait, il est important ici de se rappeler que Bergevin, à l’aube de la saison qui bat son plein, considérait que son club, malgré sa présence en finale d’Association Est le printemps dernier, devrait trimer dur pour accéder aux séries.

Certains diront que Bergevin, en fin renard, a lancé cette prédiction pour calmer l’ardeur des fans qui voyaient déjà le Canadien défiler dans les rues de Montréal avec la Coupe Stanley. Il y a sans doute un peu de vrai dans cette affirmation. Mais il y a aussi, mais il y a surtout, la conséquence directe d’une analyse froide du Canadien.

Si Carey Price a su hisser le Canadien là où il est au classement général, il est normal que Marc Bergevin jongle avec différents scénarios afin de récompenser son gardien et de lui donner l’occasion de confirmer les prouesses de l’équipe avec des succès le printemps prochain en séries.

Avec moins d’un mois à faire avant la date limite des transactions, Marc Bergevin doit donc faire le point sur l’état de ses forces.

La prochaine cuvée offrira-t-elle un Galchenyuk, un Gallagher, un Markov ou un Subban au Tricolore ? Le Canadien doit s’accrocher à deux mains aux choix qu’il détient où ses dépisteurs sont-ils en mesure de confirmer à Bergevin qu’ils renfloueront le club de jeunes prospects de talent même si leur patron décide de transiger un de ces choix ?

Quels sont les jeunes prospects évoluant avec les Bulldogs qui sont assurés de se joindre au Canadien un jour? Quels sont les espoirs auxquels le Canadien tient vraiment? Est-ce que le temps est venu de « sacrifier » un Jarred Tinordi, un Jacob de la Rose, un Sven Andrighetto ou un Charles Hudon pour le bien du grand club?

Le fait qu’on ait vu plusieurs jeunes, et moins jeunes, espoirs du Canadien défiler à Montréal au cours des dernières semaines n’est sans doute pas étranger à ce genre d’évaluation. On veut voir où ils sont rendus. On veut voir s’ils respectent les courbes de développement. S’ils semblent en voie de répondre aux attentes ou s’ils piquent du nez. Car si le Canadien tient à s’améliorer, il devra sacrifier un choix, un prospect ou un joueur établi. La question est de déterminer lesquels sont les plus susceptibles d’intéresser les autres sans toutefois venir hanter le Tricolore dans deux, trois ou cinq ans.

Charles Hudon? Malgré les exploits qu’il multiplie à Hamilton dès sa première saison dans les rangs professionnels, Hudon n’a pas encore été rappelé. Je serais surpris qu’il le soit. À moins d’une épidémie d’oreillons dans le vestiaire du Tricolore, je crois fermement que Bergevin respectera la philosophie des Red Wings de Detroit – philosophie sage qu’il semble déjà avoir adoptée – et qu’il gardera Hudon à Hamilton, là où il doit jouer, pour l’ensemble de sa première année.

Si tel est le cas, je serais alors plus surpris encore de voir Hudon être associé à une transaction puisque Bergevin ne sait pas encore ce que le petit attaquant est en mesure de faire dans la grande ligue.

Et dans la LNH d’aujourd’hui, la patience et le respect des structures financières d’une équipe sont les deux principaux gages de succès d’un directeur général. Comme la tenue d’un gardien est le principal gage de succès d’un coach et du système qu’il impose à son club.

Il est donc facile d’avancer que Bergevin, protègera Hudon tant et aussi longtemps qu’il n’aura pas été soumis à l’ensemble des ses analyses et de celles de ses conseillers. À moins d’une offre mirobolante que le Canadien ne pourrait refuser.

Maintenant qu’il a déterminé – c’est du moins ma prétention – son plan d’attaque en vue du prochain repêchage amateur et l’état de ses forces au sein du grand club et du club-école, Marc Bergevin pourra vraiment courtiser ses homologues de la LNH.

Si les 30 directeurs généraux se parlent régulièrement depuis le début de la saison, ils commencent à entendre ce qu’ils ont à dire au lieu de simplement écouter. Au lieu de simplement avoir un vers sec au bout de leur ligne, les patrons des 30 équipes ajouteront du « bling bling » au bout de leur ligne afin de vraiment attirer l’attention de leurs homologues et tenter de les faire mordre fermement aux propositions soumises.

Parce le Canadien surprend de brillante façon depuis le début de la saison, Marc Bergevin serait bien mal venu de ne pas tenter d’améliorer son équipe. Il l’a fait dès le début de la saison en renflouant une défensive suspecte que les performances de Carey Price ont sauvée à plusieurs reprises. Andrei Markov joue très bien depuis le début de la saison. Il est, sans l’ombre d’un doute, le défenseur le plus constant depuis octobre. P.K. Subban joue beaucoup mieux – même très bien – depuis la pause du Match des étoiles. Sergei Gonchar a renfloué la ligne bleue et contribué à l’éclosion de Nathan Beaulieu.

Mais derrière c’est ordinaire avec Emelin, Gilbert, Weaver et les autres arrières disponibles. Pour maximiser les chances de son équipe et aider la cause de Carey Price, Marc Bergevin devra trouver un défenseur de qualité.

L’an dernier à pareille date, je suggérais le nom de Jeff Petry des Oilers d’Edmonton. Je le suggère encore. Droitier âgé de 27 ans, Petry affiche un différentiel affreux (-27) encore cette année. Mais attention : il joue pour les Oilers d’Edmonton devant des gardiens qui n’ont rien de Carey Price. Il touche un salaire de 3 millions $ et devient joueur autonome à la fin de la saison. Si le Canadien ne parvient pas à s’entendre avec Sergei Gonchar afin qu’il prolonge son aventure à Montréal l’an prochain, il pourrait devenir une police d’assurance.

Va pour Petry!

Mais à mes yeux, le défenseur que le Canadien doit vraiment courtiser est Marc Méthot des Sénateurs d’Ottawa. Son différend contractuel avec la directeur des Sens semble loin d’être réglé et il est acquis qu’il sera échangé avant la date limite des transactions pour éviter de le perdre sans rien obtenir en retour à la date limite des transactions.

Méthot a refusé une offre de quatre ans à 4,6 millions $ par saison l’automne dernier. C’est beaucoup d’argent. J’en conviens. Il aura accepté ce salaire si le contrat avait été plus long d’une année.

À mes yeux, Méthot viendrait régler un problème à long terme avec le Canadien. Une fois dans l’uniforme du Tricolore, ce gros défenseur, défensif pourrait devenir l’ancrage nécessaire à la gauche de P.K. Subban. Méthot a déjà relevé ce genre de défi avec Erik Karlsson et il s’est très bien tiré d’affaire. Méthot est solide. Il donne de bonnes mises en échec et pourrait devenir le nouveau meilleur ami de Carey Price autour de son but.

Je sais. Plusieurs croient que cette place à la gauche de P.K. Subban est déjà octroyée à Jarred Tinordi. Mais le défenseur format géant pourra-t-il vraiment l’occuper ?

C’est le genre de question à laquelle Marc Bergevin, ses conseillers seniors et ses dépisteurs doivent répondre afin de prendre les décisions qui s’imposeront d’ici la date limite des transactions. D’ici l’ouverture du marché des joueurs autonomes l’été prochain.

Selon des collègues d’Ottawa, le Canadien et les Sénateurs ont déjà discuté du dossier Méthot. Il semble même que le nom d’Alexei Emelin aurait été mentionné en guise de monnaie d’échange. Disons que le Canadien se serait nettement avantagé avec une telle permutation aux deux bouts de l’autoroute 417.

On verra ce qui arrivera ensuite.

Ce qui semble clair – du moins à mes yeux – c’est que le Canadien a besoin de plus qu’un Mike Weaver ou d’un Davis Drewiske cette année. Car Weaver a déjà une place dans le vestiaire et le Canadien sait déjà ce qu’il peut offrir.

Pour vraiment s’améliorer, pour vraiment solidifier sa brigade de défensive, Marc Bergevin a besoin de plus que d’un simple réserviste. Il besoin d’un défenseur capable de s’imposer au sein de son troisième duo tout en mettant de la pression sur les deux arrières qui le devancent dans l’organigramme de l’équipe.

On verra. Et en passant, je suis convaincu que la liste de candidats défenseurs intéressants le CH est bien plus longue. Beaucoup plus.

Des collègues de Toronto avancent même le nom de Tyler Myers qui est venu battre le Canadien avec ses Sabres de Buffalo mardi. Après une année recrue sensationnelle, Myers a piqué du nez au cours des dernières saisons. Il n’a pas été fort mardi, tombant sous les épaules de Brandon Prust et Dale Weise. Mais le talent est là. C’est indéniable. Et une fois devant Carey Price, il deviendrait automatiquement bien meilleur.

Myers, nul doute à mes yeux, représenterait une très grosse prise et surtout une prise de grande qualité pour le Canadien.

Mais bon! Les Sabres sont-ils prêts à rendre un si gros service au Tricolore ?

À l’attaque?

Je persiste à dire que David Perron aurait été le joueur tout désigné pour le Canadien. Un droitier capable de marquer des buts.

Perron est à Pittsburgh. Sans doute pour y rester.

Ça laisse qui?

Je n’ai jamais cru aux chances du Canadien de mettre la main sur Jaromir Jagr. De fait, je ne croyais jamais que Jagr connaîtrait les succès qu’il multiplie depuis son retour dans la LNH après un long exil dans la KHL.

Mais Jagr, comme joueur de location, pourrait donner plus de punch à l’attaque au Canadien qui a bien besoin d’un survoltage en matière de punch offensif.

Je reviendrai au cours des prochains jours avec une liste plus exhaustive de candidats attaquants susceptibles d’intéresser le Canadien.