Lamentables à Boston, mercredi, les joueurs du Canadien ont clamé haut et fort que la partie affreuse disputée face aux Bruins ne voulait pas dire qu’ils avaient abandonné. Qu’ils avaient déjà fait une croix sur leurs chances d’accéder aux séries. Qu’ils avaient fait une croix sur leur saison misérable.

Dire qu’on n’a pas abdiqué, c’est facile. Le prouver en s’impliquant comme il est nécessaire de le faire pour au moins s’offrir une chance de gagner en est une autre.

Vendredi, contre un adversaire plus fort qu'eux, contre une équipe à qui plusieurs donnaient la victoire avant même que soit déposée la mise en jeu initiale, les joueurs du Canadien sont passés des paroles aux actes. Ils ont travaillé. Ils ont patiné. Ils se sont impliqués. Ils ont joué au hockey.

Tout n’a pas été beau. Tout n’a pas été parfait. C’est vrai. Comme il est vrai que les Capitals ont donné l’impression de prendre le Canadien un brin à la légère. Même deux…

Mais on doit donner au Canadien le mérite qui lui revient. Il a pris des moyens pour se donner des chances de gagner.

Et il a gagné. Il a battu les Caps 3-2.

C’était seulement la troisième victoire du Canadien à ses 11 derniers matchs. Mais deux de ces trois victoires ont été signées contre la meilleure équipe de la LNH, le Lightning de Tampa Bay, et le club de première place dans la division métropolitaine, les Capitals de Washington.

Frustrant de voir le Canadien tenir tête à d’aussi bons clubs de hockey alors qu’il se fait varloper par des clubs contre qui il aurait bien plus de chances de gagner?

Certainement que c’est frustrant. Surtout pour Claude Julien qui n’arrive pas à obtenir un effort à l’image de ceux offerts contre les Caps et le Lightning. Mais c’est le prix à payer en échange du contrat de cinq ans qui lui rapporte cinq millions $ par saison qu’il a signé avant de revenir à Montréal.

C’est aussi frustrant pour des amateurs qui affichaient des espoirs peut-être démesurés en début de saison de voir leurs favoris s’offrir des victoires comme celles aux dépens de Tampa et Washington alors que les chances d’accéder aux séries sont maintenant au mieux très minces.

Gagner quand il n’y a pas de pression, quand les adversaires te prennent à la légère, c’est plus facile. C’est clair. Mais encore faut-il prendre les moyens pour gagner.

Et c’est ce que le Canadien a fait vendredi.

Bon! Cette victoire ne relance pas vraiment le Canadien dans la course aux séries. Mais à défaut de servir de tremplin vers un printemps plus heureux, ce gain atténuera le poids des défaites qui risquent de se multiplier au fil des prochaines semaines et des prochains mois...

Mes observations sur cette victoire inattendue du Canadien :

  1. Drouin a mis son club dans le pétrin
  2. Première victoire pour Niemi
  3. Hudon doit se faire confiance
  4. Plus de Mete
  5. Lars Eller s’éclate

Chiffre du match : 6 – limité à huit buts lors des 40 premiers matchs de la saison, Max Pacioretty a inscrit deux buts dans la victoire de vendredi à Washington. Un très beau but marqué en avantage numérique sur un puissant et précis tir des poignets de l’enclave. Un autre marqué dans un filet désert. Un but qui est passé de but d’assurance à but gagnant alors que les Caps ont tenté le tout pour le tout en fin de rencontre.

Pacioretty revendique six buts à ses six dernières parties. Une production qui, combinée aux longs passages à vide qu’il a traversés encore cette année, confirme que le capitaine fonctionne par séquences.

Max Pacioretty affiche 14 buts et 28 points après 46 matchs cette saison; soit un recul de six buts et de neuf points sur sa production à pareille étape l’an dernier.

Drouin a mis son club dans le pétrin

Effacés, pour ne pas dire absents, mercredi à Boston, Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk ont très bien amorcé le match de vendredi à Washington. Dès l’une de leurs premières présences, ils ont mis de la pression sur les Caps. Ils ont bataillé en fond de territoire ennemi. Au cours de celle seule présence, ils ont accompli davantage que lors de l’ensemble du match face aux Bruins.

Malgré cette grosse présence et quelques autres très bonnes en compagnie de Nicolas Deslauriers, ce trio n’a pas trouvé le fond du filet. Galchenyuk a obtenu les deux seuls tirs cadrés du trio.

Drouin a récolté une passe sur le premier but de Max Pacioretty. Une passe associée à l’une des dix mises en jeu qu’il a gagnées sur les 16 disputées vendredi. Une très bonne soirée pour Drouin qui a gagné des duels importants en fin de rencontre et qui a même été le meilleur de son camp aux cercles des mises en jeu.

Tout ça est bien beau.

Et parce que le Canadien a gagné, Drouin a évité l’odieux qui le guettait en cas de défaite. Car en milieu de période médiane, alors que le Canadien s’accrochait à sa mince avance de 1-0, Drouin échangé des mots aigres-doux avec le juge de lignes Jonny Murray. Drouin a pointé un patin mal placé de son adversaire. Il a ensuite donné un coup de patin anodin au juge de lignes lorsqu’il a repris sa place. Un geste qui lui a valu d’être chassé. Une fois derrière le juge de lignes, Drouin a continué à lancer des doléances qui se sont transformées en insultes lors de la reprise du jeu.

Comme c’est son droit, le juge de lignes a aussitôt sévi en imposant une pénalité d’inconduite au jeune attaquant du Tricolore.

Moins de 90 secondes plus tard, c’était l’égalité 1-1.

Si Drouin connaissait une saison du tonnerre. S’il était non seulement le meilleur marqueur du Canadien, mais qu’il se retrouvait au sein du top-10, du top-15, du top-20 des marqueurs de la Ligue, on pourrait lui pardonner ce genre de réaction égoïste qui place son équipe dans le pétrin.

Mais Drouin est cinquième marqueur du Tricolore. Ses six buts égalent le nombre de buts marqués par Shea Weber et Nicolas Deslauriers qui n’ont disputé que 26 parties : 15 parties de moins que lui. À l’échelle de la Ligue, le Québécois est 188e sur la liste des marqueurs avec ses 22 points. Vingt-deux points lestés d’un différentiel de moins-20.

Pour toutes ces raisons, Drouin n’avait pas le droit de faire passer ses frustrations personnelles devant le bien collectif de son équipe. Surtout qu’en plus d’écoper une pénalité pour avoir invectivé sans ménagement le juge de lignes, Drouin a ouvert la porte à une autre pénalité plus tard dans le match alors que le Canadien s’est fait prendre avec trop de joueurs sur la patinoire. Est-ce que cette pénalité était sévère? Oui. Peut-être même trop. Mais l’infraction était visible. Et le Canadien ne pouvait pas s’attendre à profiter de la clémence des officiels après qu’une de ces vedettes eut ridiculisé un membre du quatuor à la vue de tous.

Une chance que le Canadien a gagné...

Première victoire pour Niemi

Étiez-vous du nombre des partisans qui ont contesté la sélection d’Antti Niemi pour affronter les Capitals?

Comme vous, je voudrais voir Carey Price affronter les meilleurs clubs que le Canadien croise. En fait, je voudrais voir Price devant «son» filet à tous les matchs.

Mais après neuf départs consécutifs et surtout 21 départs lors des 22 derniers matchs du Canadien, Price méritait un congé. Surtout qu’il sera de retour contre les Bruins de Boston qui étaient à Montréal vendredi soir pendant que le Canadien se battait contre les Capitals.

Price doit espérer que les Bruins ont étiré au maximum, et peut-être même fracassé, le couvre-feu imposé par leur entraîneur-chef Bruce Cassidy.

Non seulement Price méritait un congé, mais Niemi méritait aussi un départ. Après des sorties intéressantes à Nashville et Edmonton – le gardien finlandais a été très solide malgré les défaites – le vétéran méritait de voir de l’action. Il méritait surtout une meilleure performance que celles offertes par ses coéquipiers contre les Predators et les Oilers.

Il l’a obtenue. Et il a gagné. C’était non seulement sa première victoire dans l’uniforme du Canadien, mais aussi sa première cette année.

Niemi sera toujours un gardien surprenant. Capable du meilleur, comme du pire. Même que je vous lancerais qu’il est meilleur lorsqu’il semble battu et qu’il est en complet déséquilibre. C’est spectaculaire, ça oui! Ce n’est pas toujours efficace cela dit. Mais hier, la chance lui a souri.

Il faut dire que la chance a souri aux deux gardiens, car je ne me souviens pas d’avoir entendu les poteaux résonner autant durant un match de hockey. Capitals et Canadien ont échangé cinq buts hier. Je crois qu’ils ont totalisé facilement le double de tirs sur les poteaux et barres transversales…

Hudon doit se faire confiance

J’aime bien Charles Hudon. Beaucoup même. Mais le petit Québécois doit réaliser qu’il est non seulement bel et bien rendu dans la LNH, mais qu’il doit assumer cette présence dans la grande ligue.

Limité à quatre buts depuis le début de la saison, Hudon se retrouve dans un rôle des plus intéressants au sein d’un trio qu’il partage avec Max Pacioretty et Paul Byron. Un trio qui a d’ailleurs été fort productif dans le cadre du match contre les Caps. Productif à l’attaque, mais aussi efficace en défensive.

Ce trio aurait pu produire davantage, n’eut été le manque de confiance qui a poussé Hudon à prendre une bien vilaine décision lors d’une descente à deux contre un. Même s’il était en bonne position pour décocher un tir, Hudon a préféré tenter une passe difficile du revers qui n’a jamais rejoint Byron. Résultat : la descente en surnombre n’a rien donné. Rien de rien.

Byron s’est rendu coupable d’une générosité débordante – et injustifiée – en première période lorsqu’il a passé vers Pacioretty au lieu de décocher un tir lui-même.

Il est normal de voir une recrue manquer de confiance. Normal aussi de voir un gars comme Byron favoriser la lame du bâton de Pacioretty plutôt que la sienne. Mais si ces joueurs occupent – même par défaut en raison des blessures – une place aux côtés de Pacioretty, ils doivent l’assumer. À ce titre, le seul message que Charles Hudon devrait écouter sur son iPod lorsqu’il prépare son match est : fais-toi confiance Charles!

Plus de Mete

En l’absence de Shea Weber, il est clair que Victor Mete est le meilleur défenseur du Canadien. Un beau compliment pour le petit gars. Une vilaine note au dossier des vétérans qui l’entourent. À commencer par Jeff Petry qui semble au bout du rouleau.

Même si Shea Weber était en forme et en santé, Mete serait encore le défenseur le plus rapide du Canadien. Et ça, c’est tout à l’honneur de l’arrière qui est encore d’âge junior.

Maintenant que les chances d’accéder aux séries ne sont que virtuelles, j’aimerais voir plus de Mete. J’aimerais le voir dès les premières secondes de toutes les attaques massives. J’aimerais le voir le plus souvent et le plus longtemps possible sur la patinoire dans toutes les circonstances.

Quoi? Le Canadien risquerait de le brûler? De brûler les étapes?

Au contraire. Au point où il en est rendu, le Canadien devrait justement profiter du fait qu’il peut se permettre d’offrir à Mete – comme aux autres jeunes de son organisations – la chance d’effectuer des erreurs sans qu’elles ne coûtent une place en séries pour lui dire Go! Go! et Go!

Une telle décision permettrait d’avoir un éventail complet de ce que le jeune peut et ne peut pas faire. Du coup, cela ferait prendre conscience au jeune – et aux jeunes – ce qu’il doit peaufiner pour être meilleur l’an prochain alors que le Canadien devra trouver une façon de sortir de son marasme et de peut-être se hisser en séries.

Mais bon... ce n’est pas moi qui mène!

Lars Eller s’éclate

Je n’ai jamais été un fan de Lars Eller lorsqu’il évoluait à Montréal. Je le trouvais girouette. Remarquez que ce n’était pas seulement de sa faute. En lui offrant des rôles au sein de trios offensifs avant de le confiner dans des rôles défensifs, l’état-major a contribué à l’étourdir.

Et quand il était étourdi, Eller l’était pour vrai.

Cette année avec les Caps – et c’était comme ça l’an dernier aussi – Lars Eller semble vraiment avoir trouvé son aplomb.

Il a maintenant un rôle stable au sein du troisième trio. Un troisième trio qui doit être efficace en défensive comme tous les troisièmes trios, mais qui doit aussi s’impliquer à l’attaque.

En gagnant 13 des 16 mises en jeu qu’il a disputées vendredi soir, Eller pourrait difficilement avoir été plus efficace défensivement. C’est aussi lui qui a redonné un peu d’espoir aux fans des Caps lorsqu’il a marqué le deuxième but des siens en fin de match sur un tir frappé solide et précis.

C’était le 10e but d’Eller cette saison. Ses 22 points combinés à son efficacité en défensive lui permettent de regarder ceux qui doutaient de lui à Montréal et de leur dire qu’ils étaient dans l’erreur.

Cela dit, avec la puissance des joueurs qui évoluent au sein des deux premiers trios des Caps, Eller ne peut, comme c’était le cas à Montréal, vociférer contre le fait qu’il soit confiné au sein d’un troisième trio alors qu’il se sent capable d’évoluer au sein de l’un des deux premiers, voire le premier.

À défaut de jouer à la chaise musicale, Eller a enfin trouvé la chaise qui était la plus confortable pour lui. Grand bien lui fasse.

*** Lisez la chronique de François Gagnon au sujet du vénérable Red Fisher, décédé vendredi à l'âge de 91 ans.