De mission impossible à mission accomplie
MONTRÉAL - Le Canadien a lancé sa deuxième moitié de saison de brillante façon samedi.
Oui! Oui! Je sais qu'il a perdu.
Mais si vous faites exception du point échappé dans le cadre de ce revers encaissé en prolongation, le Canadien a gagné sur la majorité des autres fronts tant il a disputé un match solide. Un match au cours duquel les joueurs ont fait tout ce qu'ils étaient en mesure de faire pour contenir le plus possible Connor McDavid, Leon Draisaitl et des Oilers qui forment l'un des clubs de l'heure dans la LNH.
Des Oilers qui ont dû trimer dur, revenir de l'arrière et profiter de leur cinquième attaque massive de la soirée pour sceller l'issue d'un match que le Canadien leur a rendu difficile.
La mission de battre les Oilers, voire de simplement les contenir, était difficile. Presque impossible. Malgré le résultat final, on peut avancer que cette mission a été accomplie.
Le Canadien a tellement bien joué face aux Oilers, surtout dans la phase défensive, qu'on peine à comprendre comment il a pu être aussi mauvais jeudi, alors qu'il s'est incliné aux mains des pauvres Sharks de San Jose, et la veille à Philadelphie face aux Flyers.
«La peur de perdre», a lancé comme explication l'ancien entraîneur des gardiens Stéphane Waite à l'Antichambre après la rencontre.
Si tel est le cas, Martin St-Louis et les partisans du Tricolore doivent espérer que les «petits-gars» auront encore une peur bleue de perdre lundi soir alors que Nathan MacKinnon, un Jonathan Drouin survolté – sept buts, 15 points à ses 15 derniers matchs – et leurs coéquipiers de l'Avalanche du Colorado feront escale au Centre Bell.
Il faut dire que l'Avalanche a de quoi faire peur. Malgré un recul de 0-3, les «Avs» sont revenus de l'arrière, samedi, à Toronto, où ils ont fait très mal paraître les Maple Leafs qu'ils ont finalement battus 5-3. C'était leur neuvième victoire lors des 11 derniers matchs (9-1-1).
Guhle-McDavid : face à face
Revenons au match de samedi : dans la liste des faits saillants positifs et même très positifs, la performance de Samuel Montembeault et celle plus impressionnante encore de Kaiden Guhle qui avait comme mission de contrer Connor McDavid viennent en tête de liste.
Guhle a été impérial. Rien de moins.
Et le meilleur baromètre pour déterminer la qualité de sa soirée de travail n'est pas que Connor McDavid ait été limité à une passe sur le but vainqueur inscrit en prolongation. Un but marqué à quatre contre trois pendant que Mike Matheson écoulait une pénalité. Un but enfilé alors que Guhle était au banc des joueurs et non dans la mêlée.
Le meilleur baromètre est le fait que McDavid a affiché des signes évidents de frustration et d'impatience tant l'attention que lui accordait Guhle était étouffante.
Jumelé à Mike Matheson, Guhle complétait un duo d'arrières capables de rivaliser sur le plan de la vitesse avec ses rivaux. En prime, Guhle a su ajouter une solide dose de robustesse qui l'a aidé à contenir McDavid.
Guhle et Matheson ont donné le ton. Les autres ont suivi.
Il faut ici souligner l'efficacité du trio de Jake Evans flanqué de Rafaël Harvey-Pinard et Brendan Gallagher qui a été très efficace dans ses missions défensives.
Le trio de Nick Suzuki a lui aussi été efficace. Il est même nécessaire d'ajouter que Cole Caufield ne s'est pas contenté de simplement marquer le premier but de la rencontre. Un beau but (son 12e). Un but marqué en avantage numérique (son 5e). Un but caractéristique du petit franc-tireur qui a surpris Stuart Skinner en décochant un tir dès réception d'une belle passe de Nick Suzuki.
Caufield a aussi été impliqué en défensive. Comme le reste de l'équipe d'ailleurs s'est assuré de souligner l'entraîneur-chef Martin St-Louis.
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En mode défensif
Les joueurs du Canadien étaient visiblement en mode défensif samedi. Ça sautait aux yeux. Compte tenu de l'adversaire, c'était nécessaire.
Pour être efficace en défensive, le Canadien a sacrifié un brin ou deux d'offensive. Ça aussi, ça sautait aux yeux.
À mi-chemin dans le match, il n'affichait que 12 tirs. Il a complété la rencontre avec 24... dont sept sont venus de la lame du bâton de Cole Caufield.
Cela dit, le Canadien a quand même obtenu sept tirs lors des quatre attaques massives obtenues. Il n'a marqué qu'une fois, mais a trouvé moyen de menacer lors de ces supériorités numériques.
Le Tricolore a aussi été beaucoup plus efficace qu'à son habitude à court d'un homme même si le but de la victoire a été marqué alors que les Oilers étaient en attaque massive. Et malgré les neuf tirs obtenus au fil des cinq supériorités numériques.
Cela dit, bien que Kaiden Guhle ait excellé en défensive et que le reste de ses coéquipiers aient été fort efficaces eux aussi, les Oilers ont quand même obligé Samuel Montembeault à effectuer 40 arrêts. Ils ont aussi décoché 85 tirs, soit 39 de plus que le Canadien.
Comme quoi les Oilers ont quand même contrôlé le jeu par moments. Surtout en troisième période alors que le Canadien n'a pas été en mesure de les contenir avec autant d'étanchéité que lors des 40 premières minutes.
Mais quand on dépasse le simple décompte et qu'on analyse plus en détail les tirs cadrés et décochés, on se rend compte que les coéquipiers de Samuel Montembeault ont aidé la cause de leur gardien en bloquant 25 rondelles tout en limitant la qualité des occasions sur les tirs qu'ils n'ont pu stopper.
Montembeault s'est habilement occupé du reste. Il n'est pas à blâmer sur les deux buts.
Sur celui de la victoire, la rondelle a frappé le poteau sur sa gauche avant de ricocher dans son dos pour glisser ensuite au fond du filet.
Sur le premier, la contestation de Martin St-Louis a été rejetée par les responsables des opérations hockey à Toronto.
Obstruction : oui ou non?
La LNH a-t-elle eu raison d'accorder ce but qui a permis aux Oilers de niveler les chances en tout début de troisième période?
Il sera difficile de faire consensus sur le jeu.
Initialement, je croyais que le contact entre le patin de Warren Foegele et le bâton de Samuel Montembeault justifiait non seulement la contestation déposée par Martin St-Louis, mais aussi l'annulation du but.
Une fois le but accordé, j'ai contacté un responsable du centre des opérations hockey à Toronto pour obtenir l'explication de la décision. Aux yeux des responsables qui ont analysé le jeu avec les arbitres de faction au Centre Bell, le contact qui a repoussé le bâton de Montembeault vers sa droite était tout aussi imputable au gardien du Canadien, qu'à son défenseur David Savard et au joueur des Oilers qui a coupé devant le filet du Tricolore. «Les trois sont impliqués directement dans cette séquence d'où notre décision de déterminer que l'impact s'est déroulé dans le cours normal du jeu», que le responsable m'a indiqué.
On peut être d'accord ou pas avec l'explication, surtout que Leon Draisaitl a pu profiter du léger déséquilibre de Montembeault vers sa droite pour pousser la rondelle libre entre le poteau et son patin au fond du filet.
Mais c'est celle qui a été fournie…
Entre les lignes
- Rappelé en raison de la blessure qui a chassé Josh Anderson de la formation, Joshua Roy a disputé un premier match en carrière avec le Canadien samedi. Comme il l'avait fait avec Emil Heineman, Martin St-Louis a placé Joshua Roy dans des conditions plus favorables au sein d'un trio piloté par Sean Monahan et complété par Joel Armia. Roy a disputé un match honnête. Il a été victime de quelques pertes de rondelle en première période, mais est loin de s'être laissé décourager ensuite. Il a été limité à un tir hors cible, trois rondelles bloquées en défensive et une mise en jeu perdue en 17 présences totalisant 13 min 3 s de temps d'utilisation…
- Le Canadien a encaissé un premier revers cette saison (10-0-1-0) dans le cadre des 11 rencontres au cours desquelles il menait après 40 minutes de jeu…
- Le Canadien n'a pas encore subi de revers en temps réglementaire jusqu'ici cette saison (6-0-2-0) lors des matchs disputés les samedis au Centre Bell. Il a battu les Blackhawks, les Capitals, les Jets, les Bruins, les Islanders et le Rangers et avait perdu en prolongation aux mains de Red Wings avant de le faire samedi contre les Oilers…
- Parce qu'ils seront en action pour une rare fois un lundi, Martin St-Louis a convié ses joueurs à un entraînement dominical à Brossard.