Le Canadien se devait de battre les Hurricanes de la Caroline, mais aussi d’offrir une performance solide afin de balayer du revers de la main les doutes soulevés mardi dans la défaite aux mains des Red Wings de Detroit.

Le Tricolore a échoué. Il a échoué sur toute la ligne.

Non seulement a-t-il perdu, encaissant un affreux revers de 4-1 contre des Hurricanes de la Caroline qui s’accrochent à de minces espoirs d’accéder aux séries, mais il a perdu en jouant un match plus affreux encore que le score final l’indique. Ce faisant, le Tricolore a lui-même moussé les doutes et les critiques à son endroit. Il a lui-même attisé les inquiétudes qui minent ses partisans en vue des séries. Car oui je crois que le Canadien, malgré les points gaspillés contre Detroit mardi et la Caroline jeudi, accédera aux séries.

Mais avec seulement neuf matchs à disputer en saison régulière, le Canadien semble toutefois complètement désorganisé à l’attaque. Et je ne parle pas seulement ici de l’attaque à cinq qui n’a marqué qu’un but jusqu’ici – séquences de 10 matchs et de 22 avantages numériques – au mois de mars. L’instabilité des trios et les brèches sur le flanc gauche des deuxième et troisième duos de défenseurs sont loin de générer de la confiance à l’aube des séries.

Au contraire!

Bonne note pour Galchenyuk

Le match avait pourtant bien commencé. Muté du centre du premier trio au flanc gauche du deuxième, Alex Galchenyuk – et ses nouveaux partenaires de travail – a amorcé le match avec force. Galchenyuk s’est fait voler un but dès sa présence initiale par Derek Ryan qui a plongé devant lui pour venir sauver son gardien Eddie Lack qui venait d’effectuer un bel arrêt devant Jeff Petry.

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Galchenyuk s’est repris dès sa présence suivante. Il a marqué son 16e but de la saison, son premier en dix matchs, en décochant un tir vif dès la réception d’une belle passe effectuée par Andrew Shaw.

Ce but et surtout la façon dont il a été marqué donnaient rapidement raison à la décision de Claude Julien de muter Galchenyuk à l’aile. Il donnait aussi des munitions à ceux qui croient que c’est à l’aile et non au centre que Galchenyuk sera le plus utile au Canadien. Qu’il sera le plus productif point !

« Alex semblait beaucoup plus à l’aise à l’aile et je suis très heureux de voir que ses efforts ont été récompensés », a d’ailleurs commenté le capitaine Max Pacioretty après la rencontre.

« Alex a accepté volontiers le changement que nous avons effectué. Nous avons eu une discussion tous les deux et il m’a assuré être prêt à relever le défi. Il m’a dit que tout ce qui l’importait était de prendre les moyens pour aider l’équipe à gagner. Il a connu un fort match ce soir », a ajouté l’entraîneur-chef Claude Julien.

Éternel débat

Est-ce que ce but de Galchenyuk confirme que le Canadien a eu la main heureuse en le mutant à l’aile? Et que c’est vraiment à titre d’ailier qu’il fera gagner le Canadien et attisera les joies des partisans?

Impossible de dire de quel côté de ce débat se trouve la vérité. Du moins pour le moment.

Personnellement, je crois fermement que Galchenyuk sera plus productif à l’aile où il pourra utiliser son tir puissant et précis qui est son principal atout.

L’ennui, et c’est ce qui donne des munitions à tous ceux qui continuent de voir Galchenyuk au centre, c’est qu’en mutant le jeune américain à l’aile, le Canadien règle-t-il vraiment plus de problèmes qu’il n’en crée?

La question mérite d’être posée.

Car non seulement Galchenyuk devra-t-il performer maintenant qu’il est à l’aile – avec une bonne attitude et un brin de conviction nul doute qu’il réussira –, mais Andrew Shaw devra tenter de solidifier une ligne de centre qui ressemble bien davantage à un fil de pêche qu’à un câble capable de résister à la pression associée aux matchs de séries éliminatoires.

« Au centre ou à l'aile, je suis confortable »

Contre des Hurricanes qui jouent bien maintenant qu’ils patinent sans grande pression, les joueurs de centre du Canadien ont été hachés finement aux cercles des mises en jeu.

Globalement, le Canadien n’a affiché que 35 % d’efficacité dans cette phase cruciale du hockey. Il n’a donc gagné que 21 des 60 mises en jeu disputées. Une statistique atroce qui explique en grande partie pourquoi le Canadien a passé plus de temps à patiner derrière la rondelle qu’il ne l’a fait en possession du disque.

Tomas Plekanec a été menotté 14 fois en 16. Vous avez bien lu. Venu en relève à Galchenyuk qui en arrache depuis toujours sur les mises en jeu, Andrew Shaw n’a gagné que quatre de ses 14 duels. Pas fort non plus.

Le meilleur à ce chapitre a été Phillip Danault qui s’en est tiré avec une note de 50 % (7 en 14).

« Absolument pas bien! »

Honnête aux cercles des mises en jeu, Danault a connu un match plus difficile à son retour au centre de Pacioretty et Radulov.

Le Québécois a parlé d’une performance inacceptable de sa part. Il a pris beaucoup de blâmes en convenant avoir perdu ses repères. « Ça n’allait absolument pas bien pour moi et mon trio ce soir. Je m’étais fait à l’idée que j’allais finir l’année avec Shaw et Lehkonen. On avait développé une belle chimie. On dirait que j’ai passé le match à vouloir faire produire Max et Radu au lieu de me contenter de jouer simplement comme je le faisais quand nous avons connu du succès les trois ensemble », a plaidé Danault.

Max Pacioretty a vite volé au secours de son jeune coéquipier. « Plusieurs questions m’ont été posées relativement aux changements apportés. Les gens à l’extérieur de ce vestiaire font un bien plus gros plat de ces changements que nous le faisons nous-même. Phillip Danault est un bon joueur de hockey qui a gagné le respect de tous les gars dans ce vestiaire. Tous les ailiers aiment jouer avec lui. Il m’a dit en première période qu’il voulait bien jouer pour m’aider à produire. Je lui ai répondu que nous devions tous les trois bien jouer pour obtenir des résultats et non nous concentrer sur le défi de bien faire paraître les deux autres. On a connu une mauvaise première période, mais les choses se sont replacées en deuxième et troisième », a plaidé Pacioretty.

Dédramatiser la défaite

Le capitaine du Canadien a ensuite imploré les partisans à ne pas accorder une importance démesurée à la défaite.

« Nous venons de disputer un mauvais match. C’est clair. Mais il ne faut pas dramatiser non plus. On doit trouver les bonnes combinaisons et établir de la chimie. Ça viendra sur notre trio comme sur les autres. Nous croyons en nous dans ce vestiaire. Il faut tirer les leçons que nous avons à tirer d’un match comme celui de ce soir et prendre les moyens pour mieux jouer lors des dernières parties », a ajouté Pacioretty.

Et la stabilité? Ou l’instabilité puisque c’est ici ce dont il est question?

« Comme joueur, on doit constamment vivre avec des formes d’instabilité. On ne sait jamais quand une blessure tombera – le capitaine a alors touché du bois pour conjurer le mauvais sort – et lorsque ça arrive, tu dois réagir rapidement. Développer de la chimie avec tes nouveaux coéquipiers. Ça fait partie de notre travail », a ajouté Pacioretty qui a multiplié les entrevues après la défaite de son équipe.

Une tâche ingrate à laquelle le capitaine se livre avec beaucoup plus d’aplomb qu’il ne le faisait l’an dernier.

Stabilité recherchée

Plus encore que les défaites contre Detroit et la Caroline, plus encore que la mauvaise performance face aux Huricannes qui ressemblaient à des champions potentiels de la coupe Stanley face au Canadien jeudi et en dépit les appels au calme de Max Pacioretty, c’est l’instabilité du Canadien qui m’inquiète.

Alors que les équipes de tête peaufinent leurs systèmes, le Canadien est encore en mode essais-erreurs.

« Moi aussi j’aimerais avoir des combinaisons stables sur lesquelles compter de match en match. Mais la réalité m’a obligé à effectuer des changements. C’est mon travail de trouver les bonnes combinaisons et je compte bien y arriver le plus vite possible. Nous effectuons des rotations au sein du quatrième trio et aussi du côté des défenseurs. Le match de ce soir m’a déplu. Nous n’avons pas bien joué. Il est donc difficile d’établir des conclusions rapides sur les performances individuelles de nos joueurs. Mais globalement, nous avons besoin d’être meilleurs dans plusieurs aspects du jeu que nous l’avons été ce soir », a conclu Claude Julien.

Outre la performance d’Alex Galchenyuk dans le cadre d’un premier match disputé sur le flanc gauche, la seule autre bonne nouvelle pour le Canadien est qu’il recevra samedi la visite des Sénateurs d’Ottawa.

Des Sénateurs qui ont racheté, cette semaine, les points gaspillés aux mains du Canadien en fin de semaine dernière, alors que le Tricolore a gaspillé des points précieux qui étaient à sa portée contre Detroit et la Caroline.

Des Sénateurs qui s’amènent à Montréal avec deux points de recul sur le Tricolore, un match en main et la motivation de faire oublier les défaites de samedi et dimanche dernier, particulièrement celle de dimanche au cours de laquelle les Sens ont joué un match moribond. À l’image de celui que le Canadien a livré face aux Hurricanes jeudi…

Ça promet!

« L'exécution n'était pas excellente »
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Le Canadien n'a pas dicté l'allure du match