Après l’avoir laissé sur la galerie de presse pendant huit parties consécutives, le Canadien a échangé Jakub Jerabek aux Capitals de Washington en retour d’un choix de cinquième ronde au repêchage de 2019.

 

Cette situation est étrange. Jerabek semblait améliorer son jeu avec le grand club, jouant même plus de 19 minutes lors de 10 de ses 13 dernières parties avec le Canadien, dont lors de ses deux derniers matchs. C’était avant qu’il ne soit laissé de côté pour huit parties consécutives et avant que ne survienne cet échange.

 

Son retrait de l’alignement n’a pas mené à des résultats positifs. Sans lui, le Canadien présente une fiche de 2-4-2 à ses huit dernières parties, sa fiche étant de 4-7-2 lors des 13 dernières rencontres où Jerabek a été plus utilisé. Aucune de ces deux fiches n’est impressionnante, mais il n’y a pas eu pour autant d’amélioration.

 

Jerabek est âgé de 26 ans et il fêtera son 27e anniversaire en mai. Il était peu probable qu’il fasse partie des plans futurs de la brigade défensive du Canadien. Cependant, au premier regard, il semblait être une meilleure option en vue des prochaines années que de nombreux autres défenseurs gauchers du Canadien. Il n’aurait certainement pas demandé un salaire très élevé cet été à titre de joueur autonome sans compensation.

 

Il est possible que le Canadien ait appris qu’il ne serait pas en mesure de retenir ses services et ait décidé de mettre la main sur un choix au repêchage au lieu de le perdre sans rien recevoir en retour. Malgré une saison désastreuse, il n’y a pas eu d’écho comme quoi Jerabek était frustré ou souhaitait jouer sous d’autres cieux.

 

Au lieu de spéculer, analysons la situation et déterminons s’il y avait des raisons expliquant que le Canadien ait bien pu souhaiter se départir de Jerabek à un si faible prix.

Jakub JerabekJerabek est loin d’être le joueur de hockey idéal. Lorsqu’il était sur la glace cette saison, le Canadien a eu de la difficulté à avoir le dessus quant aux buts et aux chances de marquer à haut risque comparativement à quand Jerabek n’était pas sur la glace. Malgré le fait que le CH a présenté un meilleur différentiel de tentatives de tirs et buts attendus (selon le modèle de Corsica.Hockey) que la moyenne de l’équipe. Le Canadien a également fait mieux quant aux passes dangereuses lorsque Jerabek était sur la glace, en générant davantage qu’il n’en accordait. Cela signifie que les chances de marquer à haut risque ne révèlent pas tout à propos de la qualité des tirs.

 

La principale facette du jeu où Jerabek s’est démarqué défensivement concerne les batailles à un contre un remportées en zone défensive. Son taux de succès était supérieur à la moyenne des défenseurs de l’équipe par une marge de presque 10%. Il se classa premier dans cette facette du jeu, alors que Jeff Petry et Shea Weber viennent respectivement au deuxième et troisième rang.

 

Cependant, la gestion du disque de Jerabek n’était pas sa force. Il s’en sortait bien en zone offensive, mais il faisait moins bien que la moyenne de l’équipe en zone défensive et il était très mauvais à ce niveau en zone neutre.

 

Jakub JerabekEn le comparant à ses pairs, vous pouvez remarquer que la principale faiblesse au jeu défensif de Jerabek est que les retours de lancers ne sont pas récupérés lorsqu’il est sur la glace. Oui, il récupère plus de retours que le défenseur moyen du Tricolore. Cependant, lorsqu’il est sur la glace, le Canadien accorde plus de retours au total et seulement 41% de ceux-ci sont récupérés par Jerabek ou ses coéquipiers. Tous les autres défenseurs de l’équipe, mis à part Jordie Benn, présentent des rendements bien supérieurs à 50%. Ces retours de lancers non récupérés deviennent des chances de marquer à haut risque. Par conséquent, il se trouve également sur la glace pour bon nombre de ces dernières.

 

Il n’y a pas que du mauvais au jeu défensif de Jerabek. Le Canadien accorde moins de passes dans l’enclave lorsqu’il est sur la glace. Comme nous l’avons vu précédemment, il fait mieux que la moyenne de l’équipe au moment de remporter ses batailles à un contre un, même s’il ne gagne pas autant de batailles au total que ce vous pourriez croire, car il ne joue pas aussi agressivement que ses coéquipiers lorsqu’il n’a pas la possession de la rondelle.

 

Lorsqu’il a le contrôle de la rondelle, Jerabek contribue davantage au jeu de transition que la moyenne. Il réalise ceci essentiellement à l’aide de passes menant à une sortie de zone et de passes complétées en zone neutre. Toutefois, il ne se démarque pas grandement de la moyenne.

 

Globalement, Jerabek correspond à ce que vous pouvez vous attendre d’un bon défenseur de troisième paire. Il y a des points positifs, mais il y a aussi plusieurs lacunes. La question pour le Canadien était à savoir si ses faiblesses défensives allaient faire partie intégrante de son jeu ou étaient plutôt la conséquence du fait qu’il était une recrue s’ajustant à une patinoire de plus petite taille. Si le Canadien a déterminé qu’il n’allait probablement pas s’améliorer dans les facettes où il est plus faible, il n’est pas surprenant qu’il ait choisi de le transiger. Malgré tout, Jerabek faisait suffisamment de choses bien. C’est pourquoi je suis quelque peu surpris que le Tricolore l’ait échangé si rapidement, surtout qu’il a donné de nombreuses opportunités à un joueur comme Joe Morrow.

 

Ce n’est pas du tout une décision très risquée du Canadien. Il n’a pas donné un élément important de son futur. Pourtant, il venait à peine de signer Jerabek comme joueur autonome cet été. La situation est tout simplement… étrange.