MONTRÉAL - Autant physiquement qu’à propos de leur parcours d’hockeyeur, les contrastes frappent entre les défenseurs Brett Lernout et Charles-David Beaudoin, mais ils partagent tout de même deux points en commun. 

D’abord, ils ont chacun connu un camp des recrues à la hauteur des attentes. Ensuite, ils n’ont pas obtenu leur invitation pour l’étape suivante, celle du camp d’entraînement, mais ils ont sans aucun doute laissé une carte de visite prometteuse.

Force est d’admettre que les différences se répertorient toutefois en un plus grand nombre. Le premier a vu le Canadien grimper au repêchage afin de sélectionner tandis que l’autre a été invité à la toute dernière minute en raison d’une blessure affectant Marc-Olivier Crevier-Morin.

Lernout provient du Manitoba et évolue dans la Ligue junior de l’Ouest dans l’uniforme des Broncos de Swift Current alors que Beaudoin détient la chance de poursuivre son cheminement au niveau junior avec les Voltigeurs de Drummondville, l’équipe de sa ville natale.

Au moment de procéder aux entrevues, le regard de Beaudoin, avec sa stature de cinq pieds onze pouces et 178 livres, se pose directement à la hauteur de ceux des journalistes. De son côté, Lernout, du haut de ses six pieds et quatre pouces, doit infliger une gymnastique à son cou pour en faire autant.

Même s’ils en étaient à l’étape des découvertes au camp des recrues du CH, les deux défenseurs droitiers ont démontré une aisance rassurante et, à la limite, impressionnante. Par contre, Lernout et Beaudoin ont gagné des points des raisons totalement opposées.

Fiable défensivement et robuste chaque fois qu’il le peut, Lernout était ravi de sa prestation avant de recevoir les commentaires des dirigeants du Tricolore.

« Je suis vraiment content de la façon dont j’ai pu jouer. J’ai gardé les choses simples en complétant mes passes, en m’assurant de faire bouger la rondelle efficacement et en optant pour des jeux faciles », a commenté le colosse de 205 livres qui pourra ajouter quelques livres à son gabarit.

Cet été, au repêchage, le Canadien a causé une certaine surprise en devançant son rang de sélection du troisième tour pour s’approprier les services de cet espoir qui accepte parfois de jeter les gants.

Prévoyant être choisi plus tardivement, Lernout avait préféré suivre la deuxième journée du repêchage au domicile familial de Winnipeg où il a appris quelques notions de français grâce à sa mère.

Plutôt détendu et sûr de ses moyens, Lernout affirme que sa vie n’a pas été trop bouleversée par ce repêchage, mais il se sent définitivement plus à l’aise à sa deuxième audition au Complexe sportif Bell de Brossard.

« Je me suis remis rapidement au boulot – après le repêchage – et je suis plus confortable cette fois que je l’étais au camp de développement. Ça me permet de mieux me débrouiller sur la patinoire et c’est amusant », a convenu Lernout qui était heureux d’avoir pu étaler le caractère physique de son répertoire.

Auteur de 8 buts et 14 mentions d’aide – et surtout 103 minutes de punition – en 72 parties la saison dernière avec les Broncos de l’entraîneur Mark Lamb, Lernout sait très bien ce qu’il aura dans sa mire en 2014-15.

« Je vais retourner à Swift Current avec l’intention de connaître une progression et une excellente saison pour revenir ici l’an prochain. Je veux avant tout améliorer mon patinage et principalement mes mouvements latéraux », a souligné l’athlète à la longue crinière blonde qui aime s’inspirer du côté hargneux qui était déployé par Chris Pronger.

Chez les Broncos, Lernout a provoqué un effet bœuf lors de la précédente campagne.

« Il passait un peu sous le radar au moment d'entamer la dernière saison, mais il a joué de façon à se tailler une place sur toutes les listes de repêchage », a vanté Trent McCleary, l'ancien de la LNH, qui demeure impliqué sur le conseil d’administration de l’équipe.

« Il comprend très bien son rôle comme joueur. En plus de posséder un puissant lancer, il surprend plusieurs adversaires par sa vitesse. En fait, il est l’un des patineurs les plus rapides des Broncos si pas le plus rapide », a poursuivi McCleary en soulignant son côté intimidant venant de ses mensurations.

Charles-David BeaudoinBeaudoin a confirmé son potentiel 

Si Lernout se sert d’abord de ses attributs physiques, Beaudoin mise avant tout sur son intelligence sportive pour tenir son bout et la recette a porté fruit au cours des derniers jours dans l’entourage du Canadien.

À vrai dire, Beaudoin a étonné plusieurs observateurs par son assurance dans ses décisions, son efficacité avec la rondelle et sa constance à la ligne bleue.

« Si je dois repartir, je n’aurai aucun regret parce que j’ai su jouer dans mes forces en évitant le piège de vouloir trop en faire », avait déclaré Beaudoin avant que le verdict ne soit dévoilé par le Canadien mardi après-midi.

Récipiendaire en 2012-13 du trophée Marcel-Robert remis par la LHJMQ au joueur qui se démarque pour ses résultats académiques et sportifs, Beaudoin explique qu’il doit une fière chandelle aux entraîneurs des Voltigeurs qui ont contribué à sa préparation.

« Je suis arrivé avec aucune pression et j’ai travaillé très fort cet été avec les entraîneurs des Voltigeurs. Tout au long de l’été, j’ai cru que j’obtiendrais une invitation pour un camp. Elle est arrivée tardivement, mais je l’ai reçue et je me suis présenté avec de la confiance en mes moyens », a dévoilé ce modèle d’implication communautaire et sociale.

Cette fois, Beaudoin ne s’est pas vu offrir le contrat dont il rêve, mais il entend y parvenir grâce à une autre saison convaincante avec la troupe de Martin Raymond. Cela dit, il se réjouit d’avoir confirmé qu’il pouvait bien se débrouiller avec des espoirs de haut calibre.

Brillant comme il l’est, la motivation sera assurément au rendez-vous après cette expérience. Il pourra aussi s’inspirer d’une multitude de défenseurs qui ont pu s’établir dans la LNH sans se faire repêcher. En tête de liste, on peut remarquer l’entraîneur des Bulldogs de Hamilton, Sylvain Lefebvre, ainsi que Francis Bouillon, Dan Boyle et Josh Gorges.

Un pied dans son rêve