Deux gaffes ont tout changé!
Canadiens samedi, 20 oct. 2018. 22:32 vendredi, 13 déc. 2024. 12:02Qu’est-ce qui est plus grave que de perdre une avance de deux buts aux dépens d’un adversaire décimé par les blessures?
Perdre deux avances de deux buts! Et le match ensuite...
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Ces deux avances de deux buts bousillées expliquent sans doute pourquoi le Canadien revient d’Ottawa avec un point de plus en banque, mais un affreux goût de défaite dans la bouche alors qu’il a quitté Toronto, après son tout premier match de la saison, avec un goût de victoire dans une bouche toute souriante au terme d’une partie perdue là aussi en prolongation.
Le Canadien s’est rendu coupable de plein de petites, moyennes et grandes erreurs samedi soir à Ottawa, mais deux jeux particulièrement mauvais ont changé le cours d’une partie qui semblait gagnée moins de cinq minutes après la mise en jeu initiale et encore à la fin du premier tiers.
La première gaffe va au compte de Karl Alzner. Gardé au sein de la formation après une première sortie potable, mercredi, lors de la visite annuelle des Blues de Saint Louis au Centre Bell, le vétéran défenseur a tout bousillé à mi-chemin au premier tiers... et à plusieurs reprises ensuite!
Dans le coin de la patinoire, où il s’est rendu récupérer une rondelle tirée par son coéquipier Max Domi, Alzner s’est rendu coupable d’un revirement qui a ouvert la porte au premier but de Mark Stone. Dos au jeu, Alzner a bêtement donné la rondelle à l’adversaire dans le cadre d’un jeu où il a donné l’impression de craindre une mise en échec. Pour éviter d’être frappé, il s’est vite débarrassé de la rondelle. Les yeux dans la baie vitrée au lieu d’être face au jeu, immobile au lieu de respecter le style imposé depuis le début de la saison, style qui impose aux défenseurs de sortir rapidement la rondelle de leur zone, Alzner a fait tout ce qu’il ne fallait pas faire. Avec les résultats qu’on connaît.
Ce jeu similaire à l’empêtrement du Canadien en sorties de zone l’an dernier a non seulement offert le premier but aux « Sens », mais il a coupé net l’élan que le Canadien détenait jusque-là. Un élan qui lui avait permis de prendre les devants 2-0. Un élan qui lui permettait de dominer Ottawa dans tous les aspects du jeu.
Soudainement, le Canadien n’était plus le même club sur la glace. Les « Sens » non plus.
Alzner a multiplié les gaffes après sa monstrueuse erreur qui a mené au premier but. Son manque de vitesse, son manque de contrôle de la rondelle, des mauvaises passes, des revirements, des pivots mal effectués ont offert mille et une raisons de le rayer de la formation.
Même s’il n’a pas offert du gros hockey depuis le début de la saison, un Victor Mete amoindri par une blessure aurait été meilleur qu’Alzner ne l’a été samedi à Ottawa. Même un David Schlemko blessé aurait fait mieux qu’Alzner.
Ça vous donne une idée!
Brouillon, voire périlleux, dans sa façon de jouer, Alzner a ramené son partenaire de travail Jeff Petry dans une zone d’inconfort qui le rend vulnérable lui aussi. Comme on l’a vu plusieurs fois la saison dernière, Petry – peut-être déconcentré ou découragé par l’incertitude dans le jeu d’Alzner – a été beaucoup moins efficace dans ses prises de décisions. Et dans ses exécutions.
De fait, globalement, la brigade défensive du Canadien a disputé son pire match de la jeune saison à Ottawa samedi. Alzner a donné le ton en fait de vilains jeux, c’est vrai. Mais Noah Juulsen a été très ordinaire lui aussi. Même Mike Reilly qui s’attire des éloges mérités depuis le début du camp d’entraînement a été pris de cours en défensive à quelques occasions en plus d’effectuer de moins bons jeux offensifs. Parce qu’il est rapide, Reilly a pu se réparer rapidement ses erreurs. Ce qu’Alzner a été incapable de faire.
Un cadeau de Price
Au-delà la gaffe qui a permis aux Sénateurs de revenir dans le match en milieu de premier tiers, le Canadien s’est offert une deuxième avance de deux buts avant de retraiter au vestiaire.
Là encore cette avance aurait dû être suffisante.
Un brin, voire deux, de générosité de la part de Carey Price a redonné espoir aux « Sens ». Oui! Mikkel Boedker a un talent certain. Oui! Il a décoché un tir précis pour faire glisser la rondelle le long du dos de Price avant qu’elle ne trouve refuge dans la lucarne.
Mais au-delà le talent de Boedker et le fait qu’on doit lui offrir une part du mérite qui lui revient, jamais au grand jamais Price n’aurait dû lui offrir l’espace nécessaire pour lui passer la rondelle derrière le dos. Boedker était pratiquement derrière la ligne de but. Price se devait de coller le poteau en se faisant le plus gros possible. Mais au lieu de se servir de sa stature, Price a plongé vers un adversaire qui n’était nullement dangereux dans le coin de patinoire, lui offrant ainsi la chance de le devenir.
Vrai que Price devait se méfier d’une passe dans l’enclave. Et que cela explique sans doute en partie pourquoi il s’est penché vers l’avant pour étirer le bras et déployer son bâton.
Mais son premier souci devait être d’éviter un but sur le tir initial et de faire confiance à ses coéquipiers pour l’aider à contrer une éventuelle passe. Une fois la lucarne ouverte, personne ne pouvait aider la cause de Price. Même pas lui! Ses poteaux qui l’ont épaulé deux ou trois fois lors du match de samedi représentaient alors sa seule planche de salut. Mais sur ce jeu, ils n’ont rien pu faire… eux non plus.
Price n’est pas responsable de la défaite. Il s’est d’ailleurs très bien repris avec des solides et très importants arrêts au cours des deux dernières périodes. Et même en prolongation.
Mais comme Alzner – lui non plus n’est pas le seul responsable du revers – il a ouvert une porte à ses Sénateurs dont le sort était pratiquement joué.
La fatigue? Quelle fatigue?
Dans ses commentaires d’après-match, Paul Byron a prétexté une fatigue physique et mentale de sa part et de celle de ses coéquipiers pour expliquer les erreurs et la très mauvaise deuxième période qui ont transformé une victoire en devenir en bête défaite en prolongation.
On doit refermer la porte à cette excuse au visage de Byron et de tout autre joueur qui aurait prétendu la même chose.
Ce que l’entraîneur-chef Claude Julien a d’ailleurs fait illico lorsqu’un collègue lui a demandé si la fatigue pouvait expliquer le relâchement de samedi.
Le Canadien disputait son septième match de la saison samedi. Pas son 70e...
Le Canadien n’avait disputé que deux autres matchs cette semaine. Deux matchs faciles contre les atroces Red Wings de Detroit et des Blues qui n’en menaient pas large au Centre Bell. Deux matchs à domicile.
Le Canadien n’avait donc pas joué depuis mercredi.
Et ce n’est pas comme s’il avait traversé le continent à bord d’un avion brassé par des vents contraires et avait eu à composer avec un décalage horaire de trois heures pour aller disputer son match de samedi. Il n’a eu qu’à faire deux heures d’autobus. Je veux bien croire que rouler sur la 417 entre Montréal et Ottawa est mortel d’ennui, mais quand même.
Le Canadien profite d’un calendrier des plus favorable depuis le début de la saison. Une saison vieille de sept matchs est-il besoin de le répéter. Ce qui réfute toutes les prétentions selon lesquelles l’équipe pourrait être fatiguée physiquement.
Et si elle l’est déjà, qu’est-ce que ce sera en janvier et février quand les matchs seront bien plus difficiles à jouer et qu’en plus le calendrier favorable des trois premières semaines contraindra le Canadien à traverser des séquences répétées de deux matchs en trois soirs, des trois en cinq?
Quant à la fatigue mentale, il est difficile de croire qu’un club qui surprend tout le monde au tour de la LNH avec les succès qu’il a connus depuis le début de la saison puisse souffrir d’une telle fatigue.
La fatigue mentale vient avec les défaites. Avec les revers en séries. Avec les efforts non récompensés soir, après soir, après soir.
L’an dernier, les joueurs du Canadien pouvaient prétexter une fatigue mentale après quelques-unes de leurs trop nombreuses défaites.
Samedi soir après le revers à Ottawa : non!
À titre de nouvel assistant et de membre du groupe de meneurs de l’équipe, Byron a commis une erreur après le match de samedi soir en ouvrant la porte à des excuses bien trop faciles.
Mais bon! Le fougueux guerrier sera le premier à se racheter.
En bref
- Au-delà le marasme au sein duquel le propriétaire Eugene Melnyk plonge son équipe, les jeunes défenseurs Thomas Chabot et Maxime Lajoie offrent des sources de réjouissance aux fans des Sénateurs. Chabot est rien de moins que sensationnel dans sa manière de jouer. Autant défensivement que lorsqu’il se lance à l’attaque. Quant à Lajoie, le temps nous dira si l’éveil offensif de ce début de saison est une réalité ou un mirage, mais globalement, il joue de l’excellent hockey...
- Au centre de leur trio respectif, Phillip Danault et Domi ont disputé de solides parties samedi à Ottawa. Le premier a orchestré de belles poussées offensives, a cadré cinq des six tirs qu’il a décochés et a disputé 25 des 67 mises en jeu déposées au cours du match. Quant à Domi, on l’a plusieurs fois vu revenir prêter main-forte à des défenseurs qui en avaient bien besoin. Débarqué à Montréal avec plusieurs questions reliées au fait qu’il n’est pas un « vrai » joueur de centre, Domi démontre match après match qu’il est capable de le devenir...
- Autour de Danault et Domi, leurs ailiers ont été beaucoup moins présents samedi soir. Jonathan Drouin et Tomas Tatar pour ne nommer qu’eux ont été bien plus discrets que dans les trois victoires aux dépens des Penguins, des Red Wings et des Blues...
- À son premier match de la saison, Nicolas Deslauriers n’affichait pas la vitesse et la hargne qui lui ont permis d’être si utile au Tricolore dans des causes perdantes l’an dernier. C’est un peu normal considérant qu’il a été blessé dès le premier match préparatoire. S’entraîner et travailler très fort avec ses coéquipiers c’est une chose. Mais ça ne s’approche pas du genre d’intensité avec lequel on droit composer lors des matchs...
- Après avoir été solides au premier tiers, les centres du Canadien en ont arraché aux cercles des mises en jeu samedi soir. En plus de se sauver avec une victoire de 4-3 en prolongation, les Sens ont gagné 58 % des mises en jeu disputées. Les mises en jeu ne sont pas toujours une question de vie ou de mort au hockey, mais quand tu les gagnes, tu mousses tes chances de contrôler la rondelle davantage que ton adversaire. Malgré son début de saison impressionnant, le Canadien est bon dernier dans la LNH avec une efficacité combinée de 42,6 %...
- Le Canadien est en congé dimanche. J’espère qu’il en profitera pour se reposer physiquement et mentalement...
Les Flames de Calgary seront les visiteurs au Centre Bell mardi...