Dites merci à Nate Thompson!
Canadiens mardi, 3 déc. 2019. 23:59 samedi, 14 déc. 2024. 17:54MONTRÉAL - Lorsque les Islanders se sont rapprochés à un but du Canadien avec 149 secondes à faire à la troisième période, une brise glaciale a déferlé dans le Centre Bell.
Le chant de la victoire que quelques centaines de partisans avaient entonné quelques minutes plus tôt dans leur hâte toute normale de célébrer la fin de la série noire de huit défaites consécutives a aussitôt fait place à des murmures.
Non! Le Canadien n’allait pas gaspiller l’avance de 3-0 qu’il s’était offerte aux dépens d’une des bonnes équipes de la LNH? Il n’allait pas s’écraser comme il l’avait fait dimanche à Boston, comme il l’avait fait devant les Devils du New Jersey pour amorcer sa glissade? Comme il l’avait fait aussi devant les Rangers de New York qui avaient comblé un recul de 0-4 pour finalement l’emporter 6-5 en temps réglementaire en plus...
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Le Canadien n’allait pas gâcher le retour de Saku Koivu sur la patinoire du Centre Bell entouré de tous les capitaines – il ne manquait que Max Pacioretty qui affrontait les Devils avec ses coéquipiers des Golden Knights – qui ont succédé à Henri Richard?
Il n’allait pas! Il ne pouvait pas!
Si le Canadien a évité la catastrophe qu’aurait représenté une neuvième défaite consécutive, c’est en partie grâce à Carey Price qui a réalisé deux très gros arrêts, en partie aussi à Shea Weber qui a marqué le but qui a soulagé tout le monde en dégageant dans une cage déserte.
Mais le grand responsable du grand soupir de soulagement qu’on pu pousser les partisans du Canadien, leurs favoris, leur coach Claude Julien, ses adjoints et les autres membres de l’état-major qui pourront éviter les critiques et les appels à leur congédiement d’ici à ce que le Canadien n’encaisse deux autres défaites de suite, s’appelle Nate Thompson.
Le bon Nate n’a pas obtenu d’étoile. Et sans doute que personne ne parlait de lui en sortant du Centre Bell ou en se préparant à écouter l’Antichambre après la partie.
Mais Thompson a quand même sauvé le match et fait dévier la tempête qui menaçait de s’abattre sur son équipe en remportant pas une, mais les deux mises en jeu disputées en toute fin de partie à la droite de Carey Price alors que les Islanders y allaient le tout pour le tout avec six patineurs sur la glace.
Thompson a eu le dessus aux dépens de Josh Bailey alors qu’il restait 75 secondes à faire en troisième. Shea Weber a ensuite perdu la rondelle et les Islanders ont menacé jusqu’à ce que Ben Chiarot ne dégage jusqu’à l’autre bout.
Avec 33 secondes à faire, Thompson affronte cette fois Brock Nelson. Le vétéran du Canadien gagne son duel, Weber ne perd pas la rondelle et tire plutôt jusqu’à l’autre bout pour marquer son neuvième but de la saison, son deuxième dans une cage déserte en fin de rencontre.
« Il était hors de question que je perde ces deux mises en jeu. Avec la série de défaites qu’on avait sur le dos, avec la remontée des Islanders qui n’étaient qu’à un but de niveler les chances, je me répétais une chose, une seule : tu dois gagner ta mise en jeu », que Thompson m’a répondu avec un large sourire de satisfaction au visage.
Triomphe modeste et discret
Les caméras étaient allées sur Price. Bien sûr. Sur Gallagher, sur Weber, sur Phillip Danault et les autres « vedettes » du Tricolore.
Mais quand j’ai parlé à Thompson, il était seul dans un coin du vestiaire.
« Je n’ai pas besoin d’une étoile ou de l’attention des médias ou des partisans pour savoir que j’ai fait mon travail. Ma récompense vient de la victoire et des commentaires de tous mes coéquipiers qui ont réalisé l’importance des deux mises en jeu gagnées. Mais une fois ces duels gagnés, mes coéquipiers sont eux aussi entrés en scène. Je n’ai pas tout fait ça seul. Surtout que ce soir, nous avons disputé un match très solide collectivement. On a pris les moyens pour gagner un match qu’on se devait de gagner », a ajouté Thompson.
Lorsque Thompson s’est retrouvé sur la patinoire pour disputer la première des deux mises en jeu qui lui ont permis de sauver le match, il n’avait gagné que trois des neuf duels disputés jusque-là.
Pourquoi l’envoyer alors?
Phillip Danault, le spécialiste en la matière, connaissait lui aussi un match difficile avec six mises en jeu gagnées sur les 16 disputées. Max Domi était quatre en dix. Mais ce n’est pas pour ses qualités défensives qu’on envoie Max Domi sur la glace. Suzuki était trois en dix. Kotkaniemi était six en 14, mais comme il s’était rendu coupable de plusieurs revirements dangereux et potentiellement très coûteux en zone défensive, il était alors beaucoup plus sage de le garder sur le banc.
Contre des Islanders qui affichaient près de 64 % d’efficacité aux cercles des mises en jeu depuis le début du match, Thompson a donc pu se reprendre.
« Je n’avais pas de stratégie spéciale sur l’une ou l’autre des mises en jeu. Je n’avais pas d’informations personnelles sur Bailey ou Nelson. J’étais simplement concentré sur la rondelle et prêt à prendre tous les moyens possibles pour la ramener derrière moi malgré le fait que j’étais sur mon côté faible », a analysé Thompson qui s’est bel et bien repris.
Oui! Il a terminé sa soirée avec une efficacité de 45 % seulement. Mais parce qu’il a remporté les deux mises en jeu qu’il devait gagner, le reste lui a été pardonné. Ou devrait l’être...
Donner des sueurs froides au Canadien
Barry Trotz a apprécié la poussée tardive de son équipe. Il aurait toutefois préféré qu’elle vienne un peu plus tôt afin de donner un peu plus de sueurs froides au Canadien et peut-être arriver à le déstabiliser.
« Quand une équipe traverse une période difficile, elle devient vite vulnérable lorsque l’adversaire lui met de la pression. On l’a fait, mais on l’a fait trop tard pour pouvoir en profiter », a lancé l’entraîneur-chef des Islanders tout en donnant le crédit qui devait revenir au Tricolore.
« Le Canadien a disputé un très bon début de match. On s’y attendait d’ailleurs. Nos adversaires voulaient sortir de leur séquence de défaites, ils jouaient devant de nombreux anciens capitaines présentés avant la rencontre. En plus, ils amorcent très souvent leurs matchs en force. C’est ce qu’ils ont fait alors qu’ils étaient " all in " en première. Nous avons évité le pire et si nous avions pu éviter le premier but marqué avec moins d’une seconde à faire en première période, je crois vraiment que le reste du match aurait été différent. On aurait pu se reprendre après une mauvaise première période. Mais je n’enlève rien au Canadien. Il a fait ce qu’il fallait pour gagner », a poursuivi Barry Trotz.
Contester ou ne pas contester?
Si les deux mises en jeu gagnées par Nate Thompson ont joué un rôle crucial dans la victoire du Canadien, la décision de Barry Trotz de ne pas contester le deuxième but du Canadien a également eu un impact certain.
À mi-chemin en période médiane, Brendan Gallagher, bien posté devant le filet, a fait dévier un tir de Shea Weber. La rondelle a frappé le gardien Tomas Greiss, la rondelle est revenue dans l’enclave et Gallagher a bondi sur le retour pour marquer son 11e de la saison.
Gallagher a toutefois touché la rondelle avec un bâton qui semblait dépasser la limite permise. Trotz a jonglé avec la possibilité de contester ce but – la LNH a étendu cette saison les contestations dans les cas de passes avec la main et de rondelles touchées plus haut que la limite – mais s’est retenu de le faire.
« Nos gars de vidéo on fait du très bon travail. Ils m’ont donné plein d’informations pour guider ma décision. Mais le jeu était tellement serré que j’ai décidé de ne pas contester. En raison de la pénalité que j’aurais écopée dans le cas d’une décision maintenue, je ne voulais pas placer mon équipe dans une pire situation encore que celle de nous retrouver en arrière 0-2. Si la sanction n’avait été que la perte d’un temps d’arrêt comme avant, j’aurais contesté sans la moindre hésitation. Mais la pénalité mineure me faisait peur. Est-ce que j’ai bien fait? Je ne sais pas. Mais ces contestations sont rares et c’est plus rare encore qu’elles permettent de renverser les décisions initiales des arbitres. J’assume l’entière responsabilité sur ce jeu », a plaidé Trotz.
Les particularités du règlement pour rondelle touchée illégalement au-dessus de la limite permise compliquaient la prise de décision de Barry Trotz.
Si la rondelle déviée par Gallagher s’était retrouvée directement dans le filet, c’est la barre horizontale qui aurait servi de paramètre pour déterminer si le joueur du Tricolore l’avait touché illégalement ou non.
Et dans ce cas-ci, la reprise tendait à démontrer que la rondelle avait bel et bien été touchée plus haut que la barre horizontale.
Mais comme la rondelle n’a pas dévié directement dans le but et que le jeu s’est alors poursuivi, ce sont les épaules de Gallagher qui devenaient le paramètre de calcul. Cette marge de manœuvre à l’avantage du joueur du Canadien a entraîné la décision initiale des arbitres de ne pas siffler d’arrêt de jeu lorsque Gallagher a repris le contrôle de la rondelle.
Inversement, si les arbitres avaient jugé que Gallagher avait touché à la rondelle avec un bâton tenu plus haut que ses épaules, ils auraient alors stoppé le jeu, car Greiss – ou un autre joueur des Islanders – n’a jamais été en contrôle de la rondelle. Et attention : le simple fait de toucher le disque n’est pas une indication de contrôle de la rondelle.
Avec les épaules de Gallagher comme paramètres, les reprises étaient beaucoup moins concluantes en matière de légalité ou d’illégalité du geste qui a mené au deuxième but du Tricolore.
En bref
- En ajoutant les buts de Phillip Danault et de Shea Weber marqués avec moins d’une seconde à faire en première et 28 secondes à écouler au dernier tiers, le Canadien a maintenant marqué 18 buts dans les trois dernières minutes d’une période depuis le début de la saison : neuf lors de la dernière minute, cinq lors des deux dernières minutes et quatre lors des trois dernières...
- Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette statistique fait presque totalement contrepoids aux buts que le Canadien a accordés en fin de périodes jusqu’ici cette saison. Le Tricolore a été victime de 12 buts marqués lors des 60 dernières secondes d’une période, cinq lors des deux dernières minutes et le but de Mathew Barzal marqué en fin de match mardi était le troisième accordé par le Tricolore au cours des trois dernières minutes d’une période. Ce qui veut donc dire que le Canadien a accordé 20 buts en fin d’engagements depuis le début de la saison, deux de plus qu’il n’en a luimême marqué...
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