Jesperi Kotkaniemi connaît une première saison qui dépasse les attentes. On a même entendu son entraîneur l'encenser cette semaine. Le jeune homme a marqué à ses trois derniers  matchs et il ne semble pas montrer de signes de fatigue, ce qui est plutôt anormal. À ce stade de la saison, on était en droit de s'attendre à ce que sa courbe de progression ne soit pas aussi positive.

Mais le principal responsable de cette courbe de progression en ascension, c'est Kotkaniemi lui-même. Il se prépare bien, se repose comme il se doit et il s'alimente bien. La deuxième personne responsable est Claude Julien qui a bien dosé son temps de glace avec une utilisation moyenne de 11 à 15 minutes. Ce temps a récemment augmenté avec une participation à l'attaque massive.

Je sais qu'il est encore très jeune, mais l'an dernier déjà, il évoluait contre des hommes et ce n'était certes pas plus facile pour lui, mais il était bien préparé quand il s'est pointé au camp d'entraînement. Dans le sport, il y a un vieil adage qui dit que les meilleurs réussissent toujours à progresser.

Loin de moi l'idée de le comparer aux meilleurs, mais son cheminement est impressionnant. Comme lui, des surdoués comme Connor McDavid ou Sidney Crosby ont commencé leur carrière au même âge. Kotkaniemi est bien utilisé dans un rôle qui lui sied bien. On ne lui demande pas de produire à chaque match et on lui offre la première vague de l'avantage numérique, lui qui évolue normalement sur un troisième trio, ce qui lui permet d'avoir plus de temps de glace.

De mémoire, c'est la première fois que je vois le Canadien être capable de faire progresser un jeune. On n'a pas cherché à diminuer son temps de glace parce qu'on cherchait la victoire à tout prix. Quand les choses allaient mal en avantage numérique, on l'utilisait quand même. On n'a pas cherché non plus à l'exposer aux meilleurs joueurs adverses, quoique de temps en temps, on le fait pour lui permettre d'engranger de l'expérience. Ça lui permet aussi de faire face à un peu d'adversité et ça fait partie de la courbe d'apprentissage.

Le Canadien doit tirer des leçons et prendre en exemple ce qu'il a fait avec Kotkaniemi cette saison pour éventuel aider des jeunes qui cogneront à la porte du grand club.

Kotkaniemi est dans la bonne chaise à première saison. On voit que Max Domi en donne plus que le client en demande et que Phillip Danault débloque en attaque. Le  jeune finlandais ne peut  donc pas songer à les déloger sur les deux premiers trios, mais je pense que l'an prochain on va lui confier des responsabilités plus grandes en attaque. S'il évolue avec Tomas Tatar plutôt qu'Artturi Lehkonen la saison prochaine, il pourrait devenir plus productif.

Garder le focus

Sur papier, le Canadien disputait au moins trois parties faciles au retour de la pause des étoiles. Au-delà de se dire que ça devait être facile, il fallait quand même les jouer ces matchs et le Tricolore a finalement récolté cinq points sur une possibilité de six.

Le plus gros défi de l'entraîneur Claude Julien s'en vient avec quatre parties où sur papier son club devrait perdre. Je ne dis pas que c'est ce qui va se passer, mais Winnipeg, Toronto, Nashville et Tampa Bay ne seront pas des clients faciles. En tout cas, nettement moins faciles que les formations rencontrées depuis le retour. Au moins, le Canadien a fait ce qu'il devait faire avant de se mesurer à des équipes plus fortes et plus matures que lui.

Claude Julien doit bien préparer ses hommes pour les prochaines rencontres, qui ne seront pas une sinécure. L'entraîneur est expérimenté et la dernière chose qu'il veut, c'est que ses joueurs s'imaginent que la place en séries est assurée. Il doit le rappeler à ses joueurs, qui ont aussi un travail de préparation à faire, mais le gros du boulot revient au personnel d'entraîneurs.

Pour garder ses joueurs sur le qui-vive, il n'est pas nécessaire d'apporter des changements dans la formation. Il faut juste leur rappeler que les séries ne sont pas faites et qu'une séquence de défaites est si vite arrivée. Plus le Canadien va connaître du succès, plus il va gagner en confiance et plus les adversaires vont le respecter. Pour s'assurer que ses hommes restent les deux pieds sur terre, il va leur rappeler leur efficacité en avantage numérique. En partant de là, je pense que les joueurs vont se rendre compte qu'il y a encore du travail à faire.

*propos recueillis par Robert Latendresse