Canadien : Du renfort à la ligne bleue et ça presse!

MONTRÉAL - Le Canadien connaîtra une autre saison difficile. C'est clair. Et c'est aussi normal dans le cadre de la transition vers des jours meilleurs que l'entraîneur-chef Martin St-Louis et le nouvel état-major tenteront de compléter le plus rapidement possible.

Mais il faudra au moins une autre saison, peut-être deux, avec celle qui s'amorcera la semaine prochaine pour y arriver.

Et ça c'est si tout se passe bien.

Bon! Si le Canadien gagne la loterie au prochain repêchage et qu'il met la main sur Connor Bedard, la transition vers des jours meilleurs se fera peut-être un brin plus vite. À l'attaque.

À la ligne bleue et devant le filet, ce sera plus long. Beaucoup plus long!

Le Canadien est très vulnérable à la ligne bleue. Le mot vulnérable est faible. Aussi faible que la brigade défensive. Ça sautait aux yeux encore mercredi alors que le Canadien a encore perdu aux mains des Sénateurs d'Ottawa.

Et le problème du Canadien à la ligne bleue n'est pas seulement un problème de cohésion, d'entraînement, d'assimilation d'un système comme ce fut le cas sous Dominique Ducharme en début de saison dernière.

Le problème du Canadien est d'abord et avant tout un problème d'effectifs.

Et ce problème, Martin St-Louis ne pourra le régler lors du dernier match préparatoire alors que son équipe pourrait encaisser une huitième défaite de suite. Ce qui laisserait les joueurs du Tricolore avec une seule victoire pour se remonter le moral avant le début de la saison. Une bien petite victoire on en conviendra alors que le Canadien ne pouvait pas perdre cette partie amicale alors que les Blancs et les Rouges se sont croisés au Centre Bell au grand plaisir de jeunes partisans ayant profité de ce match promotionnel pour venir voir leurs joueurs favoris.

À Gander, mercredi, David Savard était le seul défenseur d'expérience à patrouiller la ligne bleue. En fait non : Madison Bowey a disputé 158 matchs dans la LNH en cinq saisons. Il a défendu les couleurs des Capitals, des Red Wings, des Blackhawks et des Canucks.

Au fil de ces cinq saisons, Bowey a passé une année complète dans la LNH une seule fois : en 2018-2019 alors qu'il a endossé les uniformes des Caps et des Wings 33 fois et 17 fois respectivement. L'année suivante, il a disputé 53 parties avec des Wings qui étaient dans la même situation dans laquelle se retrouve le Canadien en ce moment, c'est en dire en reconstruction.

Depuis, il a fait la navette entre la LNH et les clubs-écoles des Hawks et des Canucks avec qui il n'a disputé que deux matchs lors des deux dernières saisons.

À 27 ans, Madison Bowey semble donc patiner bien plus en direction de la fin de sa carrière que d'une relance.

Tout ça pour appuyer le fait qu'en raison de la blessure de Joel Edmundson et des retraits de la formation de Michael Matheson et de Chris Wideman, David Savard était le seul défenseur d'expérience au sein de la formation mercredi soir.

Pas question ici d'être dur ou injuste à l'endroit de Savard, mais le vétéran-défenseur québécois devrait compléter un troisième duo d'arrière et non un premier comme il le faisait avec Otto Leskinen mercredi.

Guhle déjà le meilleur?

Kaiden Guhle et Justin Barron formaient le deuxième duo alors qu'Arber Xhekaj et Madison Bowey complétaient le groupe d'arrières dirigés par Stéphane Robidas.

À la droite de Kaiden Guhle, Justin Barron a mieux paru que lors des autres matchs préparatoires qu'il a disputés. Remarquez qu'il y avait beaucoup de place à l'amélioration.

Barron mérite sans l'ombre d'un doute une part du crédit dans le cadre de cette partie plus qu'honnête.

Mais je propose tout de go qu'une autre part du mérite, et peut-être la plus grosse, doit aller à Kaiden Guhle qui est déjà tellement bon et à l'aise sur la patinoire qu'il arrive à faire bien paraître son partenaire de travail.

Je suis emballé par les qualités de Kaiden Guhle depuis l'an dernier alors qu'il a donné ses premiers coups de patin dans l'uniforme du Canadien.

Je le suis plus encore cette année.

J'irais même jusqu'à dire qu'il poussera dans le dos de Michael Matheson à titre de meilleur défenseur du Tricolore d'ici à la fin de la saison qui s'en vient.

C'est bien sûr un compliment pour Guhle. Et ce n'est certainement pas une gifle à Matheson qui a été l'un des meilleurs joueurs du Canadien – Jake Evans, Rem Pitlick, Christian Dvorak, Guhle bien sûr et Nick Suzuki même si l'échantillon est bien mince sont dans le lot – depuis le début du calendrier préparatoire.

Mais le fait que Guhle puisse détrôner Matheson à titre de meilleur arrière du Tricolore fait la preuve par mille que la brigade défensive du Canadien est vulnérable.

Qu'elle est faible!

Qu'elle a besoin de renfort et vite.

Joel Edmundson aidera la cause des jeunes quand il sera en mesure de reprendre sa place. C'est clair. Mais la question est quand reviendra-t-il?

Chris Wideman? Il a rendu de bons services au Canadien l'an dernier. Il en rendra encore cette année. Il ne faudrait toutefois pas oublier que c'est dans la KHL que l'ancien directeur général Marc Bergevin l'a repêché il y a deux ans. Et que c'est peut-être bien dans les mineures ou en Europe qu'il jouerait s'il ne s'était pas trouvé une niche au sein de la formation de la pire équipe de la LNH l'an dernier.

Kent Hughes doit s'impliquer

Toutes ces brèches au sein de la brigade défensive obligeront Guhle à tenter d'en colmater plus qu'il ne devrait avoir à le faire. Il a beau être bon, et même vraiment bon, le proverbe à l'impossible nul n'est tenu a toujours la même portée au hockey comme dans la vie en général.

Pis encore, toutes ces brèches exposeront peut-être dangereusement tous les autres jeunes défenseurs qui seront appelés à remplir des rôles trop importants par rapport à leur niveau de jeu actuel.

Kent Hughes a fait du gros travail l'été dernier pour améliorer son équipe. Le nouveau directeur général doit continuer. Il doit trouver de l'aide pour éviter de placer Guhle et les autres espoirs à la ligne bleue dans des situations qui pourraient retarder, voire contrecarrer leur développement.

Le ballottage sera une solution.

Mais ce ne sont pas des as qui se retrouveront au ballottage en fin de semaine. Ce seront des défenseurs que d'autres clubs veulent larguer parce qu'ils ne font plus l'affaire, parce qu'ils avancent en âge ou parce qu'on voudrait bien se débarrasser de leur contrat qui mine la masse salariale de leur équipe.

Mais voilà : dans la situation actuelle, le Canadien n'a pas besoin d'un as défenseur. En fait oui. Tous les clubs ont besoin d'un as défenseur, surtout les équipes, comme le Canadien, qui n'en ont pas.

Mais avec la transition qui commence, cet as défenseur peut attendre… un peu.

C'est d'un vétéran mercenaire dont le Canadien a grand besoin. Un gars qui mangera des minutes. Un qui ne se découragera pas trop au fil des défaites qui vont s'accumuler. Un gars qui ne se remettra pas en question parce qu'il se fait battre plus souvent qu'il ne gagne lors des assauts répétés des attaquants adverses qui risquent de mousser leurs statistiques personnelles en jouant contre le Tricolore.

Si ce mercenaire défenseur n'est pas disponible au ballottage, Kent Hughes devra le trouver par le biais d'une transaction. Ou de deux, car deux arrières en renfort ce ne serait pas trop. Et tant qu'à y être pourquoi ne pas donner du poids au proverbe jamais deux sans trois…

Et le plus beau avec les transactions, c'est que Hughes, en jouant bien ses cartes et en profitant de sa banque d'espoirs et de choix au repêchage pourrait peut-être trouver bien plus qu'un vétéran mercenaire. Il pourrait trouver un arrière qu'il greffera à sa brigade pour longtemps au lieu d'en obtenir un qui ne fera que passer.

L'important, c'est qu'il en trouve un. Car oui, le Canadien a un besoin urgent de renfort à la ligne bleue. Ça prend du renfort et le plus vite sera le mieux.