Tout cela est compliqué. Le Canadien a échangé un talent rare qu’il avait sous contrat pour encore longtemps en retour d’un joueur dont les habiletés tendent à diminuer lentement.

Mais tout ça a été fait afin de gagner maintenant, gagner gros. C’est ce qu’on peut faire avec un joueur de 30 ans de la tempe de Shea Weber, mais le directeur général du Canadien Marc Bergevin doit être conscient d’une chose, cette transaction pourrait le faire mal paraître d’ici quatre ou cinq ans.

Cette transaction est en quelque sorte une affaire d’intangibles. Weber est un médaillé d’or olympique, le genre de joueur que l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne Mike Babcock considère être un leader du même niveau que Jonathan Toews et Sidney Crosby.

Quand on discute avec des entraîneurs et des directeurs généraux, Weber est le type de joueur autour duquel il bâtirait maintenant.

« C’est une excellente transaction pour Montréal. C’est tout un coéquipier et tout un gars. C’est un leader silencieux, mais quand il parle, tout le monde écoute. Il amène tout à la table. Il n’y a pas beaucoup de failles dans son jeu », décrit un de ses anciens coéquipiers.

Il y a eu beaucoup de spéculations à l’effet que le comportement de Subban dérangeait ses coéquipiers à Montréal. Et bien, ce ne sera certainement pas le cas avec Weber. Il s’amènera sur la patinoire avec son puissant lancer et son jeu physique pour aider à mener la charge. Il jouera de la bonne façon. C’est le genre de gars qu’on envoie sur la glace dans les plus grands moments, notamment pour préserver une avance. Il obtient beaucoup de temps de jeu au sein de l’équipe canadienne, la formation la plus difficile à percer au monde. Subban est quant à lui tout juste écarté.

Weber est un défenseur numéro un typique dans cette ligue. C’est un joueur de franchise. Il est tout ce qu’on peut désirer d’un joueur.

Les gens évoluant dans le milieu du hockey l’aiment. Les deux premiers recruteurs sondés après la transaction sont catégoriques :  le Canadien a eu le meilleur dans cet échange.

« C’est une excellente transaction pour Montréal », a lancé le premier.

« Tout un échange », a ajouté un autre. « Un très, très bon échange pour Montréal. »

Le problème, c’est que le jeu de Weber est sur le déclin. C’est sans compter qu’il s’amène avec un contrat de 7,86 millions $ par saison jusqu’en 2026. Les Predators l’ont échangé au meilleur moment. Son contrat deviendra une source de problème pour le Canadien d’ici un certain temps, et peut-être même plus tôt qu’on le pense.

« Il n’est plus aussi dangereux offensivement, observe un entraîneur-chef d’une équipe de l’Association de l’Est. Je ne le vois même plus patiner, c’est (Roman Josi) qui patine et qui s’occupe de la transition dorénavant… N’empêche, Weber demeure le meilleur joueur pour l’instant. Dans deux ans, ce sera Subban. »

Un 10 sur 10, mais pas toujours

Que dire de cette défense?

Les Predators comptent sur Roman Josi, P.K. Subban, Mattias Ekholm et Ryan Ellis, le plus vieux du groupe étant Subban à 27 ans. Alors que le jeu de la LNH évolue vers la vitesse et le jeu transition, l’ajout de Subban fait de l'unité défensive des Preds l’une des meilleurs du circuit à cet égard.

Il est l’un des défenseurs les plus dynamiques de ce sport. Avec Josi et son habileté à transporter la rondelle, il est difficile d’imaginer que Nashville passera beaucoup de temps dans son territoire.

ContentId(3.1189734):Un constat d'échec du CH
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« J’aime cette transaction pour le futur de Nashville », a avancé un autre directeur général. « P.K. apporte plus d’attaque que Weber en amènera à Montréal. Il est en mesure d’avoir un plus gros impact sur un match. »

Mais Subban a aussi ses défauts. Il tentera sans doute des jeux qui risquent de rentre fou l’entraîneur-chef Peter Laviolette, et ce au pire des moments.

« Il y a un risque d’associé à Suban, mais bon Dieu qu’il est bon! », a souligné un directeur général d’un club de l’Est peu après l’annonce de la transaction. « Il travaille. Il compétitionne (sic). Il veut gagner. Sa personnalité est différente, mais il n’est pas le seul dans la LNH à avoir une personnalité différente. Il est toutefois unique dans son habileté à dominer physiquement grâce à son coup de patin, son talent et son gabarit. »

Subban est le joueur le plus dynamique. Quand l’interrupteur est en marche, il est un 10 sur 10, résume ce même dirigeant.

« Subban à son meilleur est meilleur que Weber », lance-t-il.

Il a l’habileté pour être un 10 sur 10, mais il n’est pas toujours un 10 sur 10 et c’est ça le problème.

« Parfois, il prend trop de risque », ajoute le dirigeant.

Weber est peut-être un 8,5 sur 10, mais il est toujours un 8,5. On sait ce qu’on obtiendra à n’importe quel moment.

« C’est un 8,5 à journée longue », renchérit-il.

Une certitude qui a énormément de valeur.

L’entraîneur-chef consulté résume bien cet échange. « À long terme, cette transaction a été remportée par Nashville. À court terme, c’est Montréal. »