Emelin frappe le gros lot
Canadiens jeudi, 31 oct. 2013. 17:26 vendredi, 13 déc. 2024. 15:58Habitué de frapper rondement ses adversaires autant dans les coins de patinoire qu’à la ligne bleue, Alexei Emelin a frappé le gros lot aujourd’hui. Un gros lot de 16,4 millions $, soit le salaire qu’il empochera à compter de l’an prochain et pour les trois saisons qui suivront.
Quatre ans? Seize millions?
Est-ce trop long pour un gars qui complète sa réadaptation après une intervention au genou qui a mis abruptement fin à sa saison le printemps dernier?
Est-ce trop cher payé pour un défenseur aux épaules solides, c’est vrai, mais dont les qualités d’ensemble dans les autres facettes de son jeu sont moyennes sans plus?
C’est un peu cher payé sans doute. C’est aussi un coup de dé sur l’aspect physique si l’on considère que c’est avec son physique et non avec son talent proprement dit qu’Emelin aidera le plus la cause du Canadien.
Mais c’est le prix que Marc Bergevin devait accepter de payer pour stabiliser sa brigade défensive et s’assurer de compter sur la contribution physique d’Emelin pour les cinq prochaines saisons.
Lorsqu’il sera en mesure de revenir au jeu, ce qui devrait se produire d’ici une semaine à 10 jours environ – Emelin patinait avec beaucoup d’aisance à Brossard ce matin et bien qu’il n’ait pas accompagné l’équipe au Minnesota et au Colorado, son retour au jeu semble imminent – Emelin retrouvera sans doute Andrei Markov, son partenaire de travail l’an dernier.
Josh Gorges retrouvera alors P.K. Subban. Du moins en principe.
Emelin avec ses coups d’épaule, Gorges avec sa capacité de bloquer des tirs, agiront en soutien aux deux meilleurs défenseurs du Canadien qui se retrouveront lors des attaques massives.
À mes yeux, Gorges est un meilleur défenseur qu’Emelin. Moins robuste, c’est évident, mais plus efficace en défensive. Plus stable. Plus fiable. Le différentiel de plus 33 que Gorges affiche après 507 matchs en carrière, l’illustre très bien en comparaison au différentiel de moins-16 en 105 parties en carrière d’Emelin.
Et si Gorges domine tous ses coéquipiers au chapitre des tirs bloqués depuis trois ans, Emelin est dans une classe à part en ce qui a trait à la distribution de coups d’épaule. Une distribution tous azimuts comme le confirment ses 236 mises en échec assénées il y a deux ans. Loin derrière Emelin, Erik Cole (186) avait terminé deuxième.
L’an dernier, Emelin avait déjà 110 mises en échec à son dossier lorsque sa mise en échec ratée qu’il destinait à Milan Lucic des Bruins de Boston a écourté sa saison déjà écourtée à 38 matchs.
Brandon Prust, qui a terminé deuxième l’an dernier, s’est « contenté » de 87 mises en échec en 38 parties également.
Champion des tirs bloqués, leader imposant sans le vestiaire et sur la glace en dépit son talent limité, Josh Gorges touche un salaire annuel moyen de 3,9 millions $.
Dans ces paramètres, Emelin, qui est un peu l’égal de Gorges si l’on remplace les tirs bloqués par les mises en échec, touche donc un salaire raisonnable selon les paramètres déraisonnables de la LNH bien sûr.
Cela dit, les contrats de Gorges et d’Emelin démontrent à quel point Marc Bergevin a réalisé un coup de maître lorsqu’il s’est assuré les services de Max Pacioretty jusqu’à la fin de la saison 2018-2019 à un salaire annuel moyen de 4,5 millions $.
Une aubaine si l’on compare le talent et l’envergure de Pacioretty en comparaison aux deux valeureux défenseurs.
Même Brandon Prust, à 2,5 millions $ – un salaire que je trouvais démesuré lors de son embauche il y a deux ans – offre un très bon rapport qualité prix au Canadien quand on compare son salaire à ceux octroyés à Emelin et Gorges.
Quant à la durée du contrat, elle se justifiera facilement si Emelin reste en santé.
Avec Bouillon et Murray qui sont en fin de carrière alors que Jarred Tinordi est le seul défenseur «physique» qui se pointe au sein de la relève, il est normal que le Canadien ait accepté d’étirer le contrat d’une saison de plus que Bergevin l’aurait peut-être voulu.
Mais peu importe que le Canadien ait, ou non, dépensé quelques centaines de milliers de dollars de plus dans ses négos avec Emelin, le contrat du défenseur russe n’aura aucune influence sur le contrat que signera P.K. Subban.
On sait déjà que ce contrat deviendra le plus important, ou imposant, de l’histoire du Canadien. Un contrat qui oscillera autour d’un salaire annuel de 8 millions $ et qui s’étendra sur sept ou huit saisons.
À moins qu’il ne se blesse à répétition au cours des cinq prochaines années ; à moins qu’il perde son instinct, son goût et surtout sa grande efficacité à distribuer des coups d’épaule, le contrat que vient d’accepter de consentir à Emelin aidera le Canadien sur la patinoire tout en satisfaisant les partisans qui ont développé un plaisir certain à le voir épingler, solidement, mais légalement, ses adversaires sur les bandes et baies vitrées du Centre Bell et des autres amphithéâtres de la LNH.
Ce contrat assurera aussi des jours heureux à Emelin, à ses enfants, et aux enfants que leurs enfants auront. Sans oublier les gouvernements qui seront bien heureux de collecter leur part.
Ainsi, tout le monde sera content, ou devrait l’être…