Le Canadien ne pouvait se permettre de perdre. Après quatre défaites de suite, contre des Islanders qui jouaient pour la deuxième fois en moins de 24 heures, devant des partisans qui tenaient à une victoire, il se devait de gagner. Et de gagner en temps réglementaire.

Il l’a fait.

Et s’il a gagné, c’est en grande, en très grande partie à cause des jeunes. Des jeunes comme dans le trio des jeunes qui, hier encore, a été, et de loin, le meilleur trio du Canadien.

Pendant que Thomas Plekanec, Brian Gionta et Max Pacioretty étaient très occupés, avec la complicité des défenseurs Josh Gorges et Raphael Diaz, à contrer les efforts de John Tavares, le trio des jeunes s’est chargé du volet offensif du match.

Avec la fougue de Gallagher, la vitesse et l’intelligence de Galchenyuk, la persévérance d’Eller, le trio des jeunes a permis au Canadien de prendre le contrôle de la rencontre.

Bien que leurs efforts n’aient pas toujours été récompensés au cours des derniers matchs, les jeunes n’ont jamais ralenti. Ils ne travaillaient pas toujours bien, mais ils travaillaient toujours. Et quand tu travailles, tu mets de ton côté les chances d’être récompensé.

On en a eu la preuve encore hier.

Les jeunes ont raté un but en première période. Ont-ils ralenti? Baissé la tête? Abandonné?

Non! Non! Et non!

C’est pour ça qu’ils ont marqué le premier but du match en période médiane, qu’ils ont redonné les devants 2-1 au Canadien en fin de deuxième et qu’ils ont scellé l’issue du match en troisième alors que les Islanders donnaient l’impression d’être sur le point de niveler les chances 3-3.

Ne pas oublier Bournival

Le trio des jeunes a permis au Canadien de gagner hier.

Mais il serait injuste de passer sous silence le brio du plus jeune des jeunes joueurs du Canadien : Michaël Bournival.

Bournival n’est pas le plus jeune en âge. Il l’est toutefois en expérience. Mais bien qu’il ne disputait qu’un 15e match en carrière dans la LNH, Bournival a affiché une confiance surprenante pour une recrue.

Parce que Michel Therrien doit trouver une façon de relancer Max Pacioretty, l’entraîneur-chef du Canadien a envoyé le jeune Bournival au sein du troisième trio la semaine dernière à la faveur de Pacioretty.

Contre les Islanders hier, Bournival a encore amorcé le match à la gauche de David Desharnais et Rene Bourque.

Deux revirements successifs en début de rencontre lui ont valu une rétrogradation au sein du quatrième trio. Le coup aurait pu être difficile à encaisser. Le petit gars aurait pu passer le match à se poser des questions, à se demander si la décision du coach, en plus des retours prochains des blessés – Daniel Brière et Brandon Prust – ne mettaient pas sa place au sein de l’alignement en péril.

Eh bien non.

Au lieu de perdre son temps, ses énergies et sa confiance en se posant autant de questions inutiles, Bournival s’est assuré de faire ce qu’il fait de mieux : jouer au hockey.

Même au sein du quatrième trio, Bournival a patiné, il a foncé, il s’est impliqué. Malgré ses quatre petites présences en première période, Bournival a obtenu un tir sur le gardien québécois Kevin Poulin. Un tir que je placerais dans la colonne des occasions de marquer.

En deuxième, Bournival a forcé la main de son coach. En jouant avec la passion qui l’anime depuis le premier jour du camp d’entraînement.

Résultat, il a obtenu du temps de qualité en avantage numérique. Du temps que Bournival n’a pas gaspillé en faisant dévier un tir de la pointe de Raphael Diaz pour donner les devants 3-1 au Canadien en fin de deuxième période.

C’était le cinquième but de Bournival cette saison.

Cinq buts, c’est trois de moins seulement que Brendan Gallagher qui domine le Canadien avec huit. C’est un de moins que Lars Eller et Thomas Plekanec qui sont deuxièmes. C’est le même nombre que Rene Bourque au troisième rang.

Tout ça pour dire que si le trio des jeunes s’impose, qu'Eller, Gallagher et Galchenyuk assument un leadership impressionnant dès leur deuxième saison dans la LNH - pour Galchenyuk et Gallagher -, Bournival n’est pas en reste.

Il l’a prouvé en réagissant comme il l’a fait après un début de match difficile.

« On sait ce qu’on veut faire et ce qu’on ne veut pas faire avec nos jeunes. Le match de ce soir est un exemple de l’enseignement que l’on fait à nos jeunes avec nos décisions. Il n’était pas question de garder Bournival au sein du quatrième trio. Mais en même temps, il y avait là un message à passer. Un message qu’il a compris en nous offrant une bien meilleure deuxième moitié de match », a expliqué Michel Therrien après le match.

Desharnais : de mal en pis

Si seulement l’exemple du trio des jeunes et de Bournival qui s’impose à titre de quatrième jeune pouvait aider la cause de quelques autres vétérans. Le Canadien ne s’en porterait que mieux.

Car pendant que le trio de Plekanec s’occupait de minimiser les dégâts contre celui de Tavares – Plekanec et sa bande ont relevé le mandat avec brio alors que Tavares a récolté ses deux points lors d’attaques massives – qui a été discret à forces égales, le troisième trio, celui de David Desharnais n’en a pas donné assez.

À commencer par le petit joueur de centre.

Parce que le Canadien a gagné, parce que le trio des jeunes a brillé avec une récolte combinée de huit points, la performance de Desharnais, ou la contre-performance puisque c’est ce dont il est question ici, passera inaperçue.

Ou presque…

Mais les détracteurs de Desharnais et surtout les membres de l’état-major du Canadien ont certainement relevé le manque de vigueur affiché par Desharnais, les rondelles qu’il a échappées, le fait qu’il n’a pas obtenu le moindre tir au but et qu’il s’est contenté de remporter seulement 6 des 16 mises en jeu qu’il a disputées.

Difficile aussi, non impossible, de passer sous silence – encore moins d’excuser – la pénalité aussi bête qu’inutile que Desharnais a écopée en début de troisième période alors qu’il a accroché un adversaire en zone neutre.

Une pénalité qui est passée de bête et inutile à coûteuse en 26 secondes. Soit le temps nécessaire aux Islanders pour marquer un deuxième but qui les rapprochait à un petit filet du Canadien.

Histoire de ne pas tomber dans l’acharnement, on va timidement rappeler que le joueur de centre est rendu à 17 matchs cette saison sans le moindre but. Avec une seule mention d’aide.

Michel Therrien qui a une fois encore tenté de relancer Desharnais en l’envoyant en attaque massive au cours de la rencontre (2:06 d’utilisation) a résumé en une courte phrase, mais en une phrase lourde, la situation de son petit joueur de centre.

« C’est difficile pour David en ce moment. »

Therrien ne l’a pas dit, mais on sentait qu’il se retenait un brin ou deux pour ne pas ajouter que c’était « très » difficile.

Un match sur la galerie de presse n’ayant pas donné les résultats espérés, il sera intéressant de voir ce que le Canadien réservera à Desharnais pour le survolter.

Parros écarté

Si Desharnais et le troisième trio ont été trop discrets, le quatrième trio s’est bien tiré d’affaire.

Rappelé de Hamilton pour remplacer George Parros qui a plus nui au Canadien qu’il ne l’a aidé depuis son retour au jeu, Gabriel Dumont a disputé un match honnête. Tout comme son joueur de centre Ryan White.

Dumont et White n’ont rien cassé offensivement. C’est un fait. Mais ils ont tenu tête à leurs adversaires, n’ont pas été victimes de buts coûteux et se sont signalés positivement aux cercles des mises en jeu.

C’est ça de gagné.

Le match en chiffres

250 : Michel Therrien a remporté la 250e victoire de sa carrière dans la LNH, sa 115e derrière le banc du Canadien…

9 : Travis Moen n’a effectué que neuf présences au cours du match de dimanche. Non! Il n’a pas été cloué au banc. Après sa troisième présence en période médiane, il a retraité au vestiaire. Rien de grave. « On m’a dit qu’il était malade. Je ne m’étais pas rendu compte qu’il avait quitté le banc. Je l’ai réalisé lorsque j’ai lancé son nom pour qu’il saute sur la glace lors du prochain changement », a expliqué Michel Therrien après le match. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Moen s’était fait discret jusque-là…

6 : Alex Galchenyuk a obtenu six tirs sur le filet des Islanders. Son plus haut total de la saison. À ces six tirs, on doit ajouter deux autres tentatives qui ont été bloquées en défensive…

1 : Le Québécois Pierre-Marc Bouchard a marqué le premier but des Islanders hier. C’était son troisième de la saison avec sa nouvelle équipe et son tout premier en carrière aux dépens du Canadien contre qui il avait récolté quatre passes en six matchs…

2 : Parfait à ses six derniers matchs, le Canadien a accordé deux buts en désavantage numérique dimanche soir. Après avoir écoulé les 18 pénalités mineures écopées au cours de ces six matchs, le Canadien a prolongé sa séquence parfaite à 20 désavantages, avant de plier l’échine lors des 21e et 22e occasions…

2 : À son deuxième match en carrière face au Canadien, le Québécois Kevin Poulin a encaissé un deuxième revers. Le jeune gardien (23 ans) a toutefois chèrement vendu sa peau en réalisant plusieurs bons arrêts…

25 : P.K. Subban (25:34) a été le joueur le plus utilisé du Canadien dimanche soir. Il a passé trois secondes de plus sur la glace que son partenaire de travail Andrei Markov. Markov a toutefois joué 2:22 en désavantage numérique alors que Subban n’a pas posé les patins sur la glace – comme d’habitude – en pareille circonstance…

10 : Le Canadien recevra mardi, au Centre Bell, le Lightning de Tampa Bay dans le cadre d’une séquence de quatre matchs en cinq à domicile. De fait, le Tricolore amorçait hier une séquence de 10 matchs sur 15 à domicile…