Après trois revers consécutifs, trois défaites au cours desquelles il s’était contenté de quatre maigres buts, le Canadien n’avait pas le choix : il se devait de trouver une façon de percer Ben Bishop.

Avec trois buts marqués sur 14 tirs, le Tricolore ne s’est pas contenté de percer Bishop, il l’a chassé de la rencontre.

Histoire de prouver à tout le monde et à eux-mêmes qu’ils sont en mesure de marquer de temps en temps, les joueurs du Tricolore ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont accueilli Andrei Vasilevskyi avec deux buts sur leurs trois premiers tirs et ont coupé toute possibilité de remontée du Lightning avec un sixième but en début de troisième période pour remporter une victoire convaincante de 6-2. Un gain qui force la tenue d’une sixième partie qui sera disputée à 19 h samedi, au Centre Bell.

Qu’est-ce que le Canadien a fait de différent pour chasser Bishop et marquer aussi souvent dans cette rencontre qu’il ne l’avait fait lors de ses quatre derniers matchs combinés?

«Rien», a répondu en souriant le petit Brendan Gallagher qui a marqué le cinquième but du Tricolore. Cinq buts que le Canadien a enfilés avant que le Lightning ne s’inscrive au pointage alors que l’issue de la rencontre semblait scellée depuis un bon moment.

Quelle faille Gallagher et ses coéquipiers ont-ils décelée pour marquer aussi facilement alors que depuis deux semaines il semblait difficile, voire impossible de toucher le fond du filet?

«Ne cherchez pas trop loin. Il n’y a rien de magique. L’important pour nous était de maintenir la même conviction affichée lors des trois premiers matchs. C’était frustrant de ne pas marquer aussi souvent que nous l’aurions voulu, mais personne au sein de ce vestiaire n’avait perdu confiance. Je savais que nous n’allions pas abandonner, car les joueurs qui occupent ce vestiaire sont fiers, confiants et veulent gagner», a poursuivi Gallagher qui affiche trois buts et quatre points depuis le début des séries.

À l’autre bout du vestiaire, P.K. Subban avait une explication différente : «Il faut admettre que Bishop était assis sur un fer à cheval depuis le début de la série», a indiqué le défenseur avec un brin d’humour et deux brins de vérité, car oui, à quelques occasions, Ben Bishop a été chanceux de s’en tirer ou le Canadien a été malchanceux de ne pas arriver à la déjouer. C’est selon….

Alors que plusieurs partisans réclamaient un grand chambardement de sa formation pour la sortir de sa torpeur offensive et lui permettre d’éviter l’élimination, Michel Therrien défendait fièrement son équipe et ses joueurs après la victoire.

«On est revenu avec la même formation, on n’a apporté aucun changement à notre plan de match. La seule différence c’est que nos joueurs ont été récompensés. C’est tout ce qui différentie la partie de ce soir de celle d’hier et des deux premières. Et je suis très heureux pour mes joueurs. Très fiers de l’effort qu’ils ont collectivement donné. On sait qu’il n’y a rien de gagner. Qu’il n’y aura rien de facile, mais on va se battre jusqu’à la fin», a promis l’entraîneur-chef du Canadien.

Pacioretty donne le ton

ContentId(3.1133850):Un énorme soulagement
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Alors qu’on se demandait qui diable se lèverait dans le camp du Tricolore pour sonner la charge, pour donner le ton à une partie sans lendemain qui pourrait servir de tremplin maintenant que le Canadien a évité une première fois l’élimination, c’est Max Pacioretty qui a répondu présent.

Envoyé sur la patinoire avec Tomas Plekanec, Brendan Gallagher, P.K. Subban et Andrei Markov à la ligne bleue, Pacioretty a été dominant de cette première présence à sa 29e et toute dernière de la rencontre.

Et je ne parle pas ici simplement de son but. Un beau but qui a fait très mal au Lightning qui évoluait alors en avantage numérique. Au lieu de profiter de la pénalité écopée par Andrei Markov pour niveler les chances 1-1 après le premier but des séries du vétéran défenseur russe, le Lightning a regardé impuissant Pacioretty filer en échappée pour déjouer Ben Bishop avec son tir des poignets précis et vif.

Ce but a été à mes yeux le point tournant du match. Alors qu’on se disait que le Canadien mettrait un genou sur la glace au moindre signe de domination du Lightning, c’est le Lightning qui a perdu toute son énergie après ce but de Pacioretty.

C’était le deuxième but du Canadien en désavantage numérique depuis le début des séries – l’autre a été marqué par Lars Eller en première ronde contre Ottawa – alors que le Tricolore s’était contenté jusque-là d’un maigre filet en 28 avantages numériques.

Ironique vous dites?

Dans la foulée de l’élan donné par Pacioretty, un élan qui a entraîné le reste de l’équipe dans son sillon, le Canadien a finalement marqué un but en attaque massive alors que Jeff Petry a marqué sur un bon tir de la pointe après un bel échange amorcé par Alex Galchenyuk et P.K. Subban.

Quatre buts à forces égales, un but en avantage numérique, un autre en désavantage : le Canadien y est allé d’un tour du chapeau convaincant jeudi.

Mieux encore, les buts sont venus des lames des bâtons de six joueurs différents et 13 des 18 patineurs ont récolté au moins un point. Comme quoi il est possible pour le Canadien de concrétiser ses attaques au lieu de simplement se contenter de passer près du but.

On verra si la recette qui a si bien fonctionné jeudi soir à Tampa donnera les mêmes résultats samedi au Centre Bell.

Lightning : revers mérité

Si le Canadien a vu ses efforts être récompensés par six buts qui l’ont conduit vers une victoire qui leur a permis d’éviter une élimination par balayage, le Lightning lui a encaissé un revers pleinement mérité.

ContentId(3.1133851):Un match à oublier
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Pour un deuxième match de suite, le Lightning a été la moins bonne des deux équipes sur la patinoire. Et de loin!

Confortablement assis sur une avance de 3-0, une avance qui aurait facilement pu être un déficit de 2-1 si la rondelle avait glissé du bord du Tricolore lors des matchs un – décidé en deuxième période de prolongation – et trois – le but vainqueur de Tyler Johnson a été enfilé avec une seconde à faire au match – le Lightning n’a pas tenu promesse jeudi soir.

Après avoir promis qu’ils tireraient une leçon de cette victoire chanceuse et après avoir été sérieusement varlopés par leur entraîneur-chef Jon Cooper qui les a rappelés à l’ordre jeudi midi, les joueurs du Lightning ont offert une deuxième performance bien ordinaire devant leurs partisans.

Autant le Canadien a été bon, acharné, incisif, autant le Lightning a semblé au-dessus de ses affaires en croyant que la quatrième victoire nécessaire pour passer en finale de l’Est tomberait du ciel.

Aussi désolant soit-il, est-ce que ce revers de 6-2 aidera l’entraîneur-chef Jon Cooper à fouetter ses joueurs alors que le score final qu’ils voudront venger motivera ses joueurs bien mieux que n’importe quel discours d’avant-match?

«Je me serais passé de cette défaite. Cela dit, le résultat de ce match est une étape de plus dans la découverte du hockey des séries pour moi et mes joueurs. Plusieurs de mes joueurs ont disputé plus de matchs en séries cette année qu’ils n’en avaient à leur actif depuis le début de leur carrière dans la LNH. Chaque étape est un apprentissage. Nous avons appris à revenir de l’arrière dans une partie et dans la série en première ronde contre Detroit. On a appris la pression d’un septième match aussi. On a appris ce soir ce que voulait dire jouer avec une avance de 3-0. Il faudra que nos joueurs comprennent ce qu’il faut pour gagner cette course à quatre victoires. Je n’ai jamais cru que cette série se gagnerait par balayage. Si vous m’aviez offert avant le premier match la possibilité de me retrouver en avant 3-1 je l’aurais pris avec joie. Nous sommes en bonne posture. Mais il faudra jouer beaucoup mieux que nous l’avons fait lors des deux dernières parties pour aller chercher la victoire qui nous manque. On s’en va dans un building où nous aimons évoluer. Ce sera à nous de répondre», a conclu Jon Cooper.

Si le Centre Bell a été bon pour Cooper et son équipe jusqu’ici dans la série et depuis le début de la saison, il est loin d’être acquis qu’il le sera encore samedi.

Car après avoir perdu les deux premières rencontres contre Tampa en plus du cinquième match de la série qui les opposaient aux Sénateurs d’Ottawa, il serait surprenant que le Canadien et son gardien Carey Price en échappent une quatrième consécutive.

Surtout un samedi soir.

Surtout que Carey Price n’a pas encore volé un match depuis le début de ce duel Montréal-Tampa. Et qu’il en volera bien un à un moment donné.