Entre le meilleur et le pire pour le Canadien
Comme le souligne souvent Martin St-Louis, le meilleur offert par son équipe est souvent très bon.
L'ennui pour l'entraîneur-chef du Tricolore, c'est que le mauvais offert par cette même équipe pèse trop souvent plus lourd que les bons coups qu'elle accumule.
C'est exactement ce qui est arrivé, mercredi soir, au Centre Bell.
Mené par Nick Suzuki qui a disputé un match très solide dans les deux sens de la patinoire, bien appuyé par Arber Xhekaj qui a marqué le premier but de la rencontre en plus d'être solide comme le roc à la ligne bleue, par Jayden Struble qui a moussé à 37 buts la contribution des défenseurs depuis le début de la saison – le CH est deuxième dans la LNH à ce chapitre derrière l'Avalanche du Colorado – et aussi par Joshua Roy qui a récolté deux passes pour la première fois de sa jeune carrière dans la LNH, le Canadien a suffisamment connu de bons moments pour battre les Sabres de Buffalo.
Sans oublier que Samuel Montembeault, loin d'avoir été mitraillé par les Sabres qui ont cadré 23 des 47 tirs décochés dans sa direction, a donné une chance honnête à son équipe de gagner. Ce qui est le mandat premier de tout gardien.
Pourquoi le Canadien a-t-il perdu 3-2, encaissant du coup une troisième défaite de suite en temps réglo? Une cinquième à ses six derniers matchs? Une huitième lors de ses 12 dernières rencontres (3-8-1)?
Parce que Suzuki, aussi bon a-t-il été, a été ralenti par ses ailiers Cole Caufield et Juraj Slafkovsky qui ont disputé de mauvaises parties à ses côtés.
Parce que Tanner Pearson et Jordan Harris ont bousillé une couverture défensive sur le premier but des Sabres.
Parce qu'en plus de connaître un match bien en deçà de ses récentes performances – une oscillation normale dans le cadre d'une saison, surtout pour un jeune de 19 ans – Slafkovsky a écopé pas juste une, pas juste deux, mais bien trois pénalités au cours de la rencontre. Trois pénalités qu'il a vivement contestées alors qu'elles étaient pourtant totalement méritées.
C'est pendant que « Slaf » purgeait sa deuxième pénalité que Jeff Skinner a nivelé les chances 2-2 en milieu de rencontre.
La troisième pénalité du Slovaque a été tout aussi coûteuse puisqu'elle a mis un terme à une poussée de fin de rencontre à six contre quatre – Montembeault rappelé au banc alors que son équipe jouait en attaque massive – dont le Canadien aurait bien voulu profiter pour niveler les chances.
Mais non!
Longue liste d'accusés
Pas question ici d'imputer le blâme de la défaite aux seules pénalités écopées par Slafkovsky. Que non! Car la liste des accusés et celle des pièces à conviction retenues contre eux sont longues.
En fin de période médiane, alors que le Canadien était à cinq contre quatre, Cole Caufield a bien maladroitement perdu la rondelle à la ligne bleue des Sabres. Mike Matheson, pas plus incisif que son coéquipier, n'a rien fait pour priver Alex Tuch de l'échappée dont il a hérité avant d'aller marquer le but qui allait devenir celui de la victoire.
Avant de perdre la rondelle, Caufield s'était rendu coupable de deux erreurs : une en zone du Canadien, l'autre en zone neutre.
Comme quoi ça allait très mal hier soir pour le « petit Cole ». En fait, il semblait tellement mal à l'aise sur la patinoire qu'il est permis de se demander si ses absences récentes lors des entraînements ne cachent pas une blessure qui pourrait expliquer, au moins en partie, une contre-performance comme celle de mercredi.
Mais il y a eu pire encore!
Il y a eu cette crampe entre les deux oreilles qui a poussé Joel Armia, pourtant reconnu pour sa qualité en matière de jeu défensif et en protection de rondelle, à offrir la rondelle aux Sabres pour leur donner une chance de plus en attaque massive.
Arrivée à la ligne bleue des Sabres, Armia n'avait qu'à pousser la rondelle en fond de territoire pour aider à écouler quelques secondes en plus de faciliter l'envoi de forces fraîches dans la mêlée.
C'était trop simple!
Le vétéran a décidé de tout bousiller en « fafouinant » avec la rondelle pour orchestrer une poussée en zone ennemie avant de perdre la rondelle, de regarder les Sabres amorcer leur relance offensive avant d'assister impuissant au but de Skinner qui a nivelé les chances 2-2.
Et voilà le travail!
On pourrait aussi ajouter que Josh Anderson a encore bousillé de belles occasions de marquer et que le gardien des Sabres a réalisé un arrêt très solide à ses dépens pour prolonger sa séquence difficile – 11e match de suite sans marquer – mais ça tirerait un brin sur de l'acharnement…
Ce n'est pas la défaite qui soit difficile à encaisser. Même qu'une fois les rêves d'accéder aux séries évanouis, le Canadien est bien mieux de se laisser rejoindre et dépasser par les Sabres et les autres clubs qui tirent de la patte au classement afin de mousser ses chances à la loto repêchage.
Ce qui est dommage, c'est de voir que le Canadien ne semble pas apprendre de ses erreurs. Où qu'il ne semble pas en mesure de les corriger.
Suzuki : du grand art!
Les mauvaises décisions avec et sans la rondelle et les mauvaises pénalités ont fait mal mercredi. Mais elles ne doivent pas effacer la soirée de travail de Suzuki.
Ceux et celles qui ne jurent que par les buts et les passes seront portés à conclure que Suzuki a été couci-couça contre les Sabres qui l'ont muselé pour mettre fin à sa séquence de 10 matchs consécutifs avec au moins un point (8 buts, 16 points).
Rien n'est plus faux. St-Louis s'est d'ailleurs assuré de le souligner en insistant sur le fait que son capitaine venait de disputer un bien meilleur match que certains autres au terme desquels il affichait des récoltes de deux points.
Suzuki a été impérial mercredi. Rien de moins!
Il l'a été aux cercles de mises en jeu – 15 duels gagnés sur les 20 disputés (75 %) – en plus d'avoir réalisé le plus beau repli défensif jusqu'ici cette saison chez le Canadien. Le capitaine a rejoint JJ Peterka au terme d'une longue échappée et a réussi à le priver d'un tir en soulevant son bâton et en lui volant la rondelle alors qu'il s'apprêtait à décocher.
Du grand art!
Suzuki a réalisé une séquence similaire, plus tard dans le match, mais à l'autre bout de la patinoire alors qu'il a volé la rondelle à un adversaire pour tenter ensuite de surprendre le gardien Ukko-Pekka Luukkonen. Ce qu'il a bien failli réussir...
Xhekaj : solide comme le roc
À l'image de son capitaine, Arber Xhekaj a été sensationnel. Le colosse a disputé un match colossal. Son meilleur de la saison et l'un de ses très bons avec le grand club.
Pas juste parce qu'il a marqué à l'aide de son puissant tir. Un tir de qualité sur lequel St-Louis devrait miser plus souvent en avantage numérique, si je peux me permettre une suggestion.
Mais aussi bon soit-ce tir, et il l'est vraiment, c'est en se dressant comme il l'a fait à la ligne bleue mercredi soir, c'est en rivant des rivaux le long des bandes, c'est en les envoyant cul par-dessus tête avec de solides coups d'épaule ou en les poussant dans la poitrine avec ses grosses pattes d'ours et en limitant au minimum ses erreurs et surtout ses visites au cachot que Xhekaj assurera sa place au sein de la brigade défensive du Canadien.
Xhekaj est en plein le genre de joueur adulé par les partisans et les journalistes prêts à en faire une vedette.
Grand bien lui fasse.
Mais c'est en jouant comme le col bleu qu'il est et doit être, en se donnant corps et âme dans les tranchées au lieu de tenter de faire des coups d'éclat, que Xhekaj fera carrière dans la LNH.
Et s'il fait tout ça avec l'aplomb affiché mercredi soir, il sera considéré comme un pilier de son équipe. Ce qui vaut mieux qu'un simple statut de vedette...
Entre les lignes
– Les papas venus de Buffalo avaient le triomphe bien plus discret, mercredi soir au Centre Bell, que les mamans des joueurs des Sénateurs transformées en « Dancing Queen » après le gain de 4-1 du 21 janvier dernier...
– « C'est mon quatrième voyage familial depuis le début de ma carrière. C'est toujours spécial. Mon père manquait un peu de vigueur dans son annonce de la formation partante, mais je suis surtout heureux d'avoir pu dire à ma mère qu'il avait survécu à son séjour à Montréal », a lancé Tuch en riant après la rencontre...
– Jeff Skinner a porté à 27 buts et 47 points sa récolte en carrière aux dépens du Canadien...
– Le Canadien a accordé un but alors qu'il était en attaque massive dans un huitième match cette saison. Il a perdu sept de ces huit matchs (1-6-1)...