Je l’ai entendue souvent celle-là. Je crois l’avoir prononcée moi-même à quelques reprises en conversation avec les collègues, avec un fond de scepticisme. « Attendons que le Canadien affronte les équipes de sa propre association, on verra alors le vrai portrait »!

C’était après le match du 5 novembre dernier, alors que les Blues de Saint Louis venaient de voler la victoire au Centre Bell, effectuant une remontée en troisième période et l’emportant en tirs de barrage. Le Canadien terminait alors ce premier segment de la saison avec une fiche de 8-7-1, au cours duquel il a affronté les formations de l’Ouest à 12 reprises en 16 matchs. C’était aussi au cœur du creux de vague qui s'est soldé par une séquence de quatre défaites et la récolte de ce seul petit point contre les Blues.

La défaite de 4-1 à Ottawa, deux jours plus tard, a eu le don d’attiser le scepticisme. Ç'a été un bon coup dans les flancs, les Sénateurs prenant nettement le contrôle de l’affrontement après le but d’Andrei Markov, en première période. Pour la première fois, le CH ne présentait qu’une fiche de ,500 et devait soudainement envisager une exclusion du groupe des « qualifiés ». C’était le premier test de « la vraie saison », celle des « matchs de trois ou quatre points », et ce fut un échec. La confiance collective semblait fragile et la grogne s’installait chez les partisans. Vous vous souvenez?

Il faut poser la question car depuis, le virage est renversant. En l’espace d’une vingtaine de jours, le Canadien a dominé ses adversaires et tous, sauf un, étaient des équipes de l’Est! En 10 matchs, la récolte a été de 16 points et il s’en est fallu de peu pour que le total soit de 18! Plus de la moitié de ces matchs ont été disputés contre des équipes puissantes de l’association (deux fois Washington, Tampa Bay, Pittsburgh et Toronto) et nombreux sont ceux qui ne donnaient pas cher de la peau du Tricolore contre elles.

Plusieurs facteurs

Chose intéressante, il est pratiquement impossible de pointer vers un ou deux facteurs pour expliquer ce changement de cap. Il faut plutôt regarder vers une longue liste, composée d’éléments favorables tant sur le plan collectif qu’individuel, à commencer par le rendement exceptionnel de Carey Price, qui possède aujourd’hui la meilleure moyenne d’efficacité chez les gardiens ayant œuvré dans au moins 20 matchs (,937). Il y eut aussi le développement visible de P.K. Subban qui, après une phase turbulente, a ajouté beaucoup de raffinement à son jeu, le tout se soldant par une performance digne du trophée Norris contre les Maple Leafs, samedi dernier.

Les dernières semaines nous auront démontré un très bel équilibre entre la défense et l’attaque. Si l’équipe a continué de bien faire en bloquant des tirs et en neutralisant le jeu de puissance de l’adversaire, elle a débloqué sur le plan offensif, en particulier depuis que Max Pacioretty a invité ses coéquipiers à passer moins de temps en zone défensive. D’ailleurs, Pacioretty lui-même représente un cas intéressant, avec ses sept buts en six matchs, le tout associé au réveil souhaité de David Desharnais et à l’arrivée de Brendan Gallagher au sein du trio.

Au cœur des récents succès, il y a aussi eu des « héros obscurs », comme Tomas Plekanec qui a été remarquable dans toutes les missions délicates qui lui ont été confiées et Andrei Markov qui, sans fanfare, a relevé son jeu au niveau d’excellence qu’on lui connaissait avant ses blessures et qui le place soudainement dans la mire de l’équipe olympique de Russie.

Et tiens, parlant de blessures, on ne saurait minimiser l’impact du retour au jeu d’Alexei Emelin. Quelle est la fiche de l’équipe depuis son premier match contre les Rangers? 5-1-1! Évidemment, Emelin n’est pas le seul responsable de la situation mais pour toutes sortes de raisons, le Canadien n’est pas le même quand il n’est pas là. Marc Bergevin lui-même l’avouait en lui consentant récemment une prolongation de contrat de quatre ans. On retient surtout de lui ses mises en échec percutantes, d’accord, mais il est aussi excellent dans le jeu de transition. Il rend le CH moins vulnérable à la pression exercée par l’adversaire en échec-avant.

Et décembre?

Le mois de décembre s’annonce fort intéressant et sera fait de segments particuliers. La présente semaine se veut, elle-même, un test extrêmement relevé, avec la série aller-retour contre les Devils du New Jersey, la première visite des Bruins de Boston et celle des Sabres de Buffalo samedi prochain.

Puis, il y aura « l’étape valise » qui nous mènera vers les premiers jours de 2014 et déjà (eh oui!) vers la mi-saison. Cette séquence de 11 matchs (incluant celui de 2 janvier à Dallas) sera marquée par un total de 8 affrontements à l’étranger, dont une série de 6 qui ceinture la période des Fêtes. Mais, fait rare, il y aura une pause de sept jours, du 21 au 28 décembre, pause qui pourrait s’avérer hautement bénéfique à plusieurs points de vue. Au total, il y aura 10 matchs contre des équipes de l’Est et cinq contre des équipes de l’Ouest, d’ici le 2 janvier. Il n’y en aura que six à la maison!

Si l’équipe reste en santé et si elle continue à appliquer à la lettre le plan de match qui lui convient le mieux, il n’y a aucune raison pour que notre bilan du prochain mois ne soit pas tout aussi positif!