Daniel Brière amorcera le match de ce soir face aux Jets à Winnipeg au sein du quatrième trio des Canadiens. Il est évident qu'il n'a pas été mis sous contrat pour se contenter d'une dizaine de minutes de temps de jeu, au plus, en compagnie de joueurs de soutien qui ont pour mission de créer une surdose d'énergie sur la patinoire. Il a été amené à Montréal dans le but avoué d'apporter une contribution offensive, surtout en supériorité numérique, et de collaborer à l'effort collectif en quête d'un équilibre sur les trois premiers trios. Qui plus est, il offre une option de plus au centre en tant que seul droitier ayant évolué à cette position pour la majeure partie de sa carrière.

Avec des repères difficiles à trouver pour l'attaquant en ce début de saison, je vois sa relégation comme un geste calculé beaucoup plus qu'une activation du bouton de panique. Au lieu de blâmer la direction de l'équipe de lui avoir offert un contrat, je salue leur rigueur à se tenir debout devant certains aspects de son jeu qui ne sont plus négociables désormais chez le Tricolore.

Le commentaire le plus pertinent de la journée est venu de l'entraîneur-chef lui-même. « Notre système repose sur la vitesse et la combativité de nos joueurs. » Pas une flèche directe à l'endroit de son vétéran, mais le message que le remaniement lance à Brière et aux autres joueurs.

Rappelons-nous la saison dernière lorsque Lars Eller a été laissé de côté parce qu'il ne « compétitionnait » pas suffisamment au goût de son entraîneur; le message a été saisi, par le principal intéressé et par les autres. Aujourd'hui, si Lars Eller est un des meilleurs joueurs des Canadiens depuis le début de la saison, c'est parce qu'il utilise maintenant sa vitesse pour se porter en échec avant et parce qu'il est combattif, tout en se servant de son gabarit pour remporter sa part de duels le long des rampes et derrière le filet adverse.

Compter Daniel Brière pour perdu serait bien mal le connaître. Il a dû se tailler une place parmi l'élite de la LNH après avoir été laissé pour compte au ballottage. Il a toujours fait taire ses détracteurs, depuis l'adolescence, vis à vis sa capacité à s'adapter à un nouveau calibre, à une nouvelle ligue, à un nouvel environnement. S'il est vrai qu'à 36 ans, il est moins évident de le faire rapidement, il est aussi vrai que l'expérience acquise et l'adversité surmontée l'aideront à se rendre utile à sa manière. Si cette adaptation passe par le quatrième trio à court terme, ce n'est pas le scénario initial, mais la leçon retenue sera plus marquante et plus payante pour le groupe à moyen et à long terme.

Par ailleurs, j'ai assisté dimanche soir, depuis la galerie de presse du MTS Centre, au match entre les Devils et les Jets. On se plaint peut-être parfois du spectacle à Montréal, mais je ne recommanderais même pas à mon pire ennemi de se taper la première période de cette rencontre. Une multitude de passes errantes, un manque de cohésion total des deux côtés et des sifflets répétitifs empêchant tout semblant de rythme de s'installer. Bref, parfois quand on se compare, on se console...