La première pensée qui vient en tête quand on évoque le nom de Phillip Danault est associée à son sens des responsabilités sur la patinoire : responsabilité en défense; responsabilité lors des mises en jeu importantes; responsabilités à limiter les dégâts en désavantages numériques; responsabilité à bien faire paraître ses ailiers en les alimentant de passes généreuses lorsqu’ils foncent vers le filet adverse tout en étant le premier à revenir en zone défensive.

 

Gros mandats!

 

Des mandats que Danault a remplis avec brio l’an dernier comme en témoigne sa septième place dans la course au trophée Frank-Selke remis à l’attaquant qui s’est le plus illustré dans l’aspect défensif du jeu. Une course remportée par Ryan O’Reilly.

 

Depuis quelques années, le Selke est bien plus remis à l’attaquant le plus complet de la LNH que simplement au meilleur attaquant défensif. Pensons aux quatre titres en huit ans de Patrice Bergeron qui est, bien sûr, solide et responsable en défensive, mais tout aussi solide et responsable à l’attaque, aux deux titres d’Anze Kopitar et à celui de Jonathan Toews, le capitaine des Blackhawks de Chicago.

 

Devant Gallagher, à égalité avec Drouin

 

Parce que Phillip Danault se donne corps à être « responsable » sur la patinoire et à relever des mandats aussi difficiles qu’ingrats à remplir parce que très souvent ils passent inaperçus aux yeux des amateurs, on oublie trop souvent que Philippe Danault a aussi des aptitudes offensives.

 

Tenez : ses 12 buts et 53 points amassés l’an dernier représentent une récolte honnête. Une récolte plus qu’honnête en fait si l’on considère qu’il a terminé l’année sur un pied d’égalité avec Jonathan Drouin, qu’il a coiffé par un point Brendan Gallagher et qu’il n’a été dominé que par Max Domi (72 points) et Tomas Tatar (58 points).

 

Des 53 points récoltés par Danault l’an dernier, quatre seulement sont venus lors d’attaques massives. Il en a obtenu deux lors d’infériorités numériques.

 

Samedi à Ottawa, Phillip Danault a marqué un but et récolté une passe lors d’avantages numériques. Il a été un acteur important dans l’éveil de l’attaque massive qui a marqué trois fois. Bon! Vous direz que Danault et le Tricolore n’affrontaient que les Sénateurs d’Ottawa et que les Sens seront encore cette année parmi les pires clubs de la LNH.

 

Mais quand même. Danault a su faire débloquer l’attaque massive.

 

Moins terrifiant, mais plus efficace?

 

Avec Max Domi, Jonathan Drouin et Brendan Gallagher demeurés à Montréal, il était plus facile de se tourner vers Danault lors du match de samedi.

 

Je veux bien.

 

Mais bien que son nom soit moins «terrifiant» que ceux des Domi, Drouin, Kotkaniemi, Tatar, Gallagher et compagnie, il est permis de se demander si le temps ne serait pas venu chez le Canadien d’offrir plus de mandats «offensifs» à Danault. De lui donner plus d’occasions en avantages numériques ne serait-ce que pour voir s’il pourrait réussir là où les noms plus «terrifiants» ont échoué lamentablement l’an dernier alors que le Canadien a fini 30e sur 31 clubs avec une « inefficacité » de 13,25 % soit moins de la moitié du pourcentage d’efficacité des meilleurs de la LNH, le Lightning de Tampa Bay qui a terminé avec un rendement de 28,24 %.

 

La découverte de Jesperi Kotkaniemi l’an dernier, l’implication de Nick Suzuki depuis le début du camp d’entraînement, les quatre buts de Ryan Poehling marqués lors du dernier match de la saison régulière l’an dernier sont tous susceptibles de pousser Phillip Danault vers le bas dans la tête de plusieurs amateurs. De le reléguer vers un poste de troisième centre appelé à couvrir les meilleurs attaquants adverses et à écouler les pénalités.

 

Peut-être que ce jour viendra lorsque KK, Suzuki et Poehling atteindront leur maturité. Il viendra sans doute même si deux des trois deviennent les joueurs qu’on souhaite qu’ils deviennent.

 

Mais pour le moment, Phillip Danault mérite qu’on s’attarde un peu plus à ses qualités offensives et qu’on se demande bien candidement si une utilisation plus généreuse à son endroit en attaque massive ne permettrait pas au Canadien de profiter des occasions offertes par ses adversaires au lieu de trop en gaspiller comme cela a été le cas l’an dernier. Surtout que l’inertie de l’attaque à cinq a grandement contribué à l’exclusion du Tricolore des séries.

 

Et qui fera le travail à quatre contre cinq si Danault est utilisé plus souvent à cinq contre quatre?

 

Nick Cousins et Nate Thompson pourront être mis davantage à contribution dans ces rôles surtout que l’un et l’autre sont non seulement en mesure de disputer des mises en jeu, mais d’en gagner au moins autant et peut-être davantage que leurs rivaux.

 

Nick Suzuki s’accroche et s’approche

 

L’état-major du Canadien demande à ses jeunes de leur forcer la main et de compliquer les décisions qui devront être prises au cours des prochains jours.

 

Nick Suzuki a bien compris le message.

 

Encore samedi, il a disputé un match solide. Il a su profiter du fait qu’il évoluait avec deux vétérans (Danault et Tatar) pour effectuer de belles percées jusqu’à la cage des Sens. Il a démontré une fois encore toutes les aptitudes, la confiance et la vision qui l’ont amené jusqu’ici et qui devraient l’aider à connaître une belle carrière dans la LNH.

 

Le fait que Suzuki se soit démarqué comme il l’a fait encore samedi alors qu’on l’avait muté sur le flanc droit est un atout de plus à son arc. Une raison de plus qui poussera la direction à prolonger son camp d’entraînement et, qui sait, à peut-être le garder à Montréal pour débuter la saison.

 

Suzuki surmonte une à une les épreuves qui se dressent devant lui. Des épreuves qui devraient être plus difficiles à relever au cours des trois derniers matchs préparatoires alors que l’opposition sera plus forte.

 

Je ne suis pas encore convaincu que Suzuki commencera l’année à Montréal. Remarquez qu’une blessure de plus à l’un des neuf premiers attaquants pourrait lui ouvrir la porte.

 

Je suis toutefois convaincu qu’il sera un rouage important de l’équipe dans un avenir rapproché et plus convaincu encore que son acquisition et celle de Tomas Tatar en retour de Max Pacioretty viendra en haut de la liste des bons coups réalisés par Marc Bergevin à titre de directeur général du Canadien.

 

Kotkaniemi au ralenti

 

Plusieurs s’inquiètent du rendement de Jesperi Kotkaniemi. Pourquoi? En fait non : pourquoi s’inquiéter si vite?

 

Vrai que KK est au ralenti en comparaison avec l’an dernier. Vrai que Nick Suzuki, Cale Fleury, Cayden Primeau et même Jake Evans le devancent en fait de performances depuis le début du camp.

 

Mais Kotkaniemi n’a que 19 ans. Il est encore dans le tout est beau, tout en merveilleux de sa première année dans la LNH. Peut-être qu’il se considère déjà bien établi dans la LNH et dans le vestiaire du Canadien et qu’il n’a pas compris qu’il devrait ouvrir les vannes un brin ou deux de plus car il n’a pas encore la marge de manœuvre qu’on offre aux vétérans qui comptent quatre, cinq, six saisons ou plus avec le grand club.

 

Ces choses-là arrivent souvent avec des jeunes.

 

Et si c’est ce qui se passe, des messages viendront bien assez vite, du vestiaire ou du bureau du coach, pour servir un petit survoltage si le besoin se fait toujours sentir plus tard cette semaine où tôt en saison.

 

Et n’oublions jamais que plusieurs équipes de la LNH ont déjà servi des survoltages aux allures d’électrochocs en renvoyant un jeune, même surdoué, dans les mineures histoire de lui faire réaliser qu’il est encore loin du Temple de la renommée.

 

Je ne vous dis pas que c’est ce qui guette Kotkaniemi. Surtout qu’il n’a disputé que six périodes de hockey et qu’avec tout ce qu’il offert en première moitié de saison l’an dernier, le Canadien a toutes les raisons au monde d’être patient.

 

Mais c’est le genre de remède de cheval qui pourrait être servi en cas de force majeure!

 

Fleury et Evans se positionnent

 

Je crois toujours que Christian Folin amorcera la saison dans le rôle de sixième défenseur du Canadien. Je crois aussi que Mike Reilly sera  le septième.

 

Mais avec ce qu’il démontre depuis le début du camp et surtout lors des matchs préparatoires qu’il a disputés, Cale Fleury pourrait venir vite coiffer Folin et Reilly si l’un et/ou l’autre devaient offrir des performances décevantes en début de saison. Fleury joue bien. Il est solide. Il est efficace. Il est effacé, ce qui est une qualité pour un défenseur de son genre.

 

Je place Jake Evans dans le même rôle. Il ne chassera personne de l’alignement d’ici le début de la saison. Mais il pourrait facilement et rapidement venir en relève avec le grand club, s’il poursuit sa progression amorcée l’an dernier sous la gouverne de Joël Bouchard à son retour à Laval.

 

Evans est plus qu’un beau projet. Il pourrait être une solution si des problèmes devaient survenir en cascade chez le Canadien.

 

Hudon : ça stagne

 

On a vu Charles Hudon samedi à Ottawa. Mais l’a-t-on assez vu pour qu’il demeure à Montréal en début de saison?

 

J’en doute.

 

Je doute même que de la façon dont son camp se déroule qu’il puisse même s’offrir une chance de rester dans la LNH au sein d’une autre organisation s’il devait être offert à tous par le biais du ballottage qui précédera la saison.

 

C’est bien dommage tout ça.

 

Avec trois matchs préparatoires seulement à disputer, le temps commence à manquer pour Hudon et les autres joueurs susceptibles de percer la formation. Surtout que Nick Suzuki risque fort de prolonger son camp jusqu’à la limite. Ce qui coupera du temps à Hudon et aux autres qui n’arrivent pas à suivre le rythme imposé par la révélation du camp jusqu’ici.

 

On verra!

 

Bon dimanche!