Claude Julien a pris une décision aussi osée que controversée lorsqu’il a préféré chasser Charles Hudon de sa formation plutôt que de démembrer son 4e trio afin d’ouvrir la porte au retour d’Artturi Lehkonen.

Cette décision lui a souri alors que le 4e trio a non seulement disputé un autre fort match, mais y est allé de deux autres buts. Deux buts qui ont aidé le Canadien à signer une victoire de 3-2 à Calgary. Une deuxième de suite sur la route pour la deuxième fois seulement de la saison.

 

ContentId(3.1258052):Canadiens 3 - Flames 2
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Byron Froese qui représentait le choix logique et facile pour écoper afin de faire une place à Lehkonen a marqué un but en plus d’ajouter une passe. On dira que Froese a été chanceux de faire dévier le tir de la pointe de Jordie Benn pour ouvrir la marque en milieu de première. Et c’est vrai que Froese a joué de chance sur le jeu alors qu’il était plus occupé à batailler pour garder sa place devant le gardien Mike Smith que concentré sur le moyen de toucher au disque.

 

Mais au-delà la chance qui lui a souri sur le but, c’est Froese qui a fait tout le travail de préparation en zone ennemie en contrôlant la rondelle dans le coin avant de la refiler à Alex Galchenyuk qui a ensuite repéré Benn à la pointe gauche.

 

C’est encore Froese qui s’est signalé sur le deuxième but du Canadien. Avec un brin d’acharnement et deux brins de talent, il a encore pris la zone ennemie d’assaut avec la rondelle avant d’effectuer un tir/passe dans l’enclave où Nicolas Deslauriers a fait dévier au vol pour déjouer le gardien des Flames et doubler l’avance du Canadien.

 

C’était le troisième but en deux matchs de Deslauriers qui n’en revendiquait qu’un seul après ses 14 premières parties dans l’uniforme du Canadien.

 

C’était surtout le cinquième but des membres du quatrième trio qui ont enfilé cinq des neuf derniers buts du Tricolore.

 

«Ces gars-là travaillent de la bonne façon. Ils gagnent leurs batailles. Ils jouent bien et le succès suit», a commenté Claude Julien en ajoutant n’être nullement surpris de voir les résultats positifs que Daniel Carr, Nicolas Deslauriers et Byron Froese obtiennent sur la patinoire.

 

Encore une fois hier, le trio de Froese a été le plus efficace du Canadien. Et quand on regarde la distribution du temps de jeu, il est clair que l’entraîneur-chef du Canadien considère qu’il forme bien plus qu’un quatrième trio.

 

Jonathan Drouin a obtenu 20 :09 d’utilisation avec ses compagnons de jeu Max Pacioretty et Paul Byron. Tomas Plekanec a suivi avec 16 :31, soit tout juste deux minutes de plus d’utilisation que Froese alors que Phillip Danault a été le centre le moins utilisé par Claude Julien vendredi avec 10 :40 de temps de jeu.

 

Nicolas Deslauriers (13 :08) a joué presque autant qu’Artturi Lehkonen (13 :48) alors qu’Alex Galchenyuk a fermé la marche sur le flanc gauche avec 12 :18 de temps d’utilisation.

 

Sur le flanc droit, c’est Daniel Carr qui a joué le moins (12 :18) alors que le temps a été plus également distribué entre Paul Byron (16 :43), Brendan Gallagher (14 :48) et Andrew Shaw (13 :34).

 

«Nous voulons demeurer au sein de la formation. Nous profitons d’une belle complicité sur la patinoire et nous mettons toutes nos énergies en commun afin de rester de la formation et de trouver une façon d’être récompensés avec notre contribution», a indiqué Byron Froese qui a marqué son premier but en carrière avec le Canadien en plus de récolter sa première, première étoile du match dans la LNH.

 

Mes observations en marge de la victoire du Canadien aux dépens des Flames

 

  1.  Record personnel pour Price
  2.  Dommage pour Hudon
  3.  Galchenyuk maintient sa production
  4.  Plekanec : petits détails qui valent gros
  5.  Défensive plus efficace

 

Chiffre du match : 7

 

Brendan Gallagher a eu besoin de sept tirs pour finalement déjouer Mike Smith. Mais après avoir été frustré par le gardien des Flames au terme d’une échappée, Gallagher a savouré une douce revanche alors qu’il a profité d’une passe sensationnelle d’Artturi Lehkonen – le Finlandais contrôlait la rondelle derrière le filet lorsqu’il a rejoint Gallagher dans l’enclave malgré la présence de Mike Smith et de deux défenseurs – pour inscrire son 14e but de la saison, un sommet chez le Canadien. Ce but a permis à Gallagher de freiner à six sa série de matchs consécutifs sans avoir récolté de points. Sa plus longue du genre depuis le début de l’année.

 

Record personnel pour Price

 

Carey Price a égalé un record personnel à Calgary vendredi en amorçant une 12e partie de suite. Un exploit qu’il n’avait réalisé qu’une seule fois jusqu’ici en carrière soit entre les 30 octobre et 24 novembre 2010.

 

Lors de cette séquence, Price avait maintenu un dossier de sept victoires et cinq revers. Malgré ces cinq défaites, le jeune gardien avait conservé une moyenne de 1,76 but accordé par partie et une efficacité fracassante de 94,6 %.

 

ContentId(3.1258054):Claude Julien : « Une des décisions les plus difficiles que j'ai eu à prendre » (Canadiens)
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Avec son gain aux dépens des Flames, vendredi, Price a récolté sa huitième victoire (8-3-1) lors de sa séquence de 12 départs consécutifs. Sa soirée de 21 arrêts sur les 23 tirs des Flames lui a permis d’améliorer sa moyenne de buts alloués (2,38) par match et de hausser à 92,7 % son efficacité devant le filet lors de ses 12 derniers matchs.

 

Il sera intéressant de voir si Claude Julien et l’état-major du Tricolore décideront de faire appel à Price pour une 13e sortie consécutive samedi, à Edmonton. Le fait que le Canadien soit dans une situation de deux matchs en deux soirs et les insuccès répétés de Price contre les Oilers – il présente un dossier de 2-7-1 et a perdu ses sept derniers matchs contre Edmonton – pourrait ouvrir la porte à une rare sortie accordée à Antti Niemi.

 

S’il est considéré comme l’un des meilleurs gardiens de son époque, Carey Price est beaucoup moins occupé que certains autres grands gardiens d’hier et d’avant-hier. Grant Fuhr qui détient de record de 79 départs en 1995-1996 et Martin Brodeur qui a connu une saison de 78 parties et trois de 77 matchs au cours de sa carrière ont – et ils ne sont pas les seuls – connu des séquences bien plus longues que 12 départs consécutifs.

 

Autre temps autre mœurs il faut croire…

 

Dommage pour Hudon

 

Claude Julien l’a admis sans retenue : la décision de rayer le nom de Charles Hudon pour faire une place dans la formation à Artturi Lehkonen a été difficile à prendre. «C’est l’une des plus difficiles que j’ai eu à prendre depuis que je suis de retour à Montréal. Charles est un jeune joueur qui s’est beaucoup amélioré, mais nous devions prendre une décision. Nous avons tout évalué et nous sommes convaincus que Charles, en affichant la bonne attitude, saura revenir très fort dans l’alignement lorsqu’on fera à nouveau appel à lui.»

 

Est-ce que la décision de rayer Hudon était la bonne? Est-ce qu’elle était juste?

 

Le fait que le Canadien ait gagné aide la cause de Claude Julien. C’est clair. La performance de Byron Froese et des membres du 4e trio et surtout la qualité du jeu de Lehkonen au sein du trio de Tomas Plekanec sont autant d’éléments qui militent en faveur de la décision de l’entraîneur-chef du Canadien.

 

Et attention : le fait que Hudon ait payé hier soir, ne veut pas dire qu’il jouait du mauvais hockey pour autant. Bon! Une production plus généreuse que ses quatre buts et 14 points aurait certainement compliqué davantage la décision de l’état-major.

 

Mais le fait que Hudon soit encore une recrue, que Claude Julien tenait à garder intact son 4e trio et que d’autres joueurs plus anciens profitent peut-être un brin ou deux de largesses dont le Québécois ne profite pas encore en fait de Hudon une cible plus facile.

 

Mais je demeure convaincu qu’au-delà le bien-fondé de cette décision aussi impopulaire soit-elle auprès des partisans – surtout francophones – du Canadien, Hudon ne moisira pas longtemps sur la galerie de presse et qu’au moindre signe de baisse de régime d’un des membres du 4e trio, il reprendra sa place au sein de la formation.

 

Pourquoi ouvrir la porte si vite à Lehkonen qui aurait pu profiter d’une journée ou deux de plus de remise en forme après une absence de six semaines?

 

Parce que Lehkonen est un joueur complet. Un joueur intelligent. Un joueur en qui les coachs ont confiance. Un joueur qu’ils veulent voir au sein de leur formation et sur la patinoire le plus souvent possible.

 

Lehkonen avait la langue longue par moment vendredi. C’est normal. Il lui faudra quelques matchs pour retrouver sa forme. Malgré des jambes lourdes et un manque de souffle évident, il a réalisé des jeux importants. Outre sa passe sur le but gagnant de Gallagher, il a aussi été très solide défensivement pour contrer des Flames qui ont soudainement menacé en fin de rencontre.

 

C’est pour l’ensemble de la contribution offerte match après match par Lehkonen que Claude Julien tenait à lui faire une place dès l’obtention du feu vert des médecins.

 

Avec les résultats qu’on connaît…

 

Galchenyuk maintient sa production

 

Plusieurs amateurs auraient préféré voir Alex Galchenyuk se retrouver sur la galerie de presse plutôt que Charles Hudon. D’autres ont pointé du doigt le capitaine Max Pacioretty à qui Claude Julien aurait dû servir un traitement-choc pour soulever son équipe.

 

J’aurais été très surpris que le capitaine écope. Vrai qu’il ne produit pas assez. Mais après sa sortie de deux passes, mardi, à Vancouver, Pacioretty est passé à quelques pouces d’enfin secouer sa guigne vendredi. Le capitaine a déjoué Mike Smith – le gardien a été faible sur le jeu – avec un tir du revers qui lui a permis de faufiler la rondelle entre ses jambières. Ce but a toutefois été rappelé après que Glen Gulutzan, avec raison, eut contesté le but en prétextant un hors-jeu non signalé par les juges de lignes.

 

Le jeu était serré, mais il était clair que Paul Byron avait bel et bien devancé son compagnon de trio qui a ainsi prolongé à huit sa séquence de matchs consécutifs sans but. C’est sa deuxième déjà cette saison sans oublier qu’il en affiche une troisième de sept parties de suite sans but.

 

Il y a de quoi chatouiller l’impatience de plusieurs partisans.

 

Quant à Galchenyuk, ses lacunes défensives auraient pu justifier un retrait de la formation. Mais cette décision aurait été difficile à défendre considérant son éveil offensif des dernières semaines.

 

Avec sa passe sur le premier but du match hier, Galchenyuk revendique 12 points (quatre buts, dont deux buts vainqueurs) à ses 12 derniers matchs. Les partisans de Galchenyuk soulignent avec passion cette statistique intéressante il est vrai, alors que les détracteurs de Galchenyuk soulignent avec une passion tout aussi grande le fait qu’il ait été blanchi dans quatre de ces 12 parties.

 

Qui a raison? Qui a tort?

 

La réponse la plus juste est : personne. Car Galchenyuk est sans l’ombre d’un doute l’attaquant le plus talentueux du Canadien avec Jonathan Drouin et Max Pacioretty. Comme le capitaine et celui qui a hérité du rôle ingrat de centre numéro un du Canadien, Galchenyuk ne produit pas assez. Huit buts et 20 points en 34 matchs, ce n’est pas suffisant pour un joueur de son potentiel. Cela dit, il ne profite pas d’un temps d’utilisation aussi généreux que Drouin et Pacioretty. À Calgary, vendredi, Galchenyuk a été l’ailier gauche le moins utilisé du Tricolore.

 

Est-ce déjà une forme de punition?

 

Bien qu’on puisse avancer et même défendre la position selon laquelle Galchenyuk aurait pu écoper à la place de Charles Hudon, il est clair que Galchenyuk a plus à offrir offensivement que Hudon. Il est clair aussi que si le Canadien veut relancer, pour de bon, Galchenyuk, il doit le garder au sein de la formation et lui donner du temps d’utilisation de qualité bien plus que lui faire sauter des matchs. À moins que Galchenyuk ne sombre dans la désolation au chapitre de l’effort déployé pendant les matchs.

 

Sans oublier que si l’état-major du Canadien jongle avec l’intention de l’échanger d’ici la date limite des transactions – le 26 février – il serait bête de le confiner aux gradins et du coup de faire baisser sa valeur sur le marché…

 

Plekanec : petits détails qui valent gros

 

Tomas Plekanec n’a plus la touche offensive qu’il a déjà eue. C’est évident. Mais vendredi soir à Calgary, Plekanec a disputé un match sensationnel en fait d’efficacité. Non seulement le vétéran centre et ses ailiers ont muselé les meilleurs éléments offensifs des Flames, mais Plekanec a été impérial aux cercles des mises en jeu avec une efficacité de 74 % : 14 mises en jeu gagnées sur les 19 qu’il a disputées.

 

En fin de rencontre, Plekanec a gagné deux grosses mises en jeu en zone défensive dont l’une alors que son équipe écoulait une pénalité. Plekanec a fait son travail en gagnant la mise en jeu, mais Jeff Petry a mis son club dans le pétrin en étant incapable de dégager la rondelle. Les Flames en ont profité pour marquer pas longtemps après. Lors d’une mise en jeu subséquente, Jonathan Drouin a perdu son duel – il a terminé sa soirée avec 4 mises en jeu gagnées sur 14 : 29 % -- et les Flames ont sérieusement menacé.

 

La qualité du match disputé par Plekanec aux dépens des Flames, comme la qualité de ses performances plusieurs fois cette saison, est passée inaperçue aux yeux de bien des amateurs qui concentrent leur attention sur les buts marqués et les passes récoltées.

 

Ce qui est normal.

 

Mais la grande qualité des petits détails qui marquent le jeu de Plekanec en font un joueur de centre respecté aux quatre coins de la LNH et en fond surtout un centre qui sera en demande à la date limite des transactions – si Marc Bergevin entend le laisser partir – car plusieurs coachs qui ont de bonnes équipes sous la main voudront la rendre meilleure encore on obtenant les services d’un vétéran de sa qualité.

 

Défensive plus efficace

 

Si, comme moi, vous anticipiez des ennuis majeurs en défensive du Canadien en raison de l’absence de Shea Weber vous n’avez d’autre choix que d’être surpris par la fiche de 6-1-1 du Tricolore cette saison sans les services de son meilleur – et de loin – défenseur.

 

Mardi soir à Vancouver, c’est Carey Price qui a sauvé sa brigade défensive en multipliant les arrêts importants. Il a été la grande vedette du Canadien en dépit les cinq buts qu’il a accordés.

 

Vendredi, à Calgary, Price a encore été solide. Il a même été très bon en début de match et en début de période médiane alors qu’il a signé des arrêts cruciaux pour garder son club dans le match et ensuite pour protéger des avances.

 

Mais Price n’a pas été abandonné vendredi. Le Canadien a de fait disputé un très bon match défensif. Il a su éteindre les Flames qui ont été dominés au chapitre du travail et de l’efficacité affichée sur la patinoire.

 

«On a passé beaucoup moins de temps dans notre territoire et cela a grandement aidé notre cause», a convenu Carey Price après la partie.

 

ContentId(3.1258051):Le Canadien s'accroche en fin de match
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Si le Canadien a été moins souvent dans sa zone, c’est parce que la rondelle est sortie plus rapidement et plus efficacement que mardi. Contrairement au match disputé à Vancouver, Jeff Petry n’a pas été le seul arrière à disputer un bon match vendredi. Jakub Jerabek a été bon. Karl Alzner aussi. Même David Schlemko s’est bien comporté tout comme Jordie Benn. D’où le temps d’utilisation qui a été beaucoup mieux réparti.

 

Non seulement les défenseurs ont été meilleurs, mais les membres des quatre trios – le trio de Danault a peut-être été le moins bon vendredi – ont été impliqués dans toutes les facettes du jeu. Ils sont revenus aider en zone défensive et ont su mener des relances qui ont contribué à un temps de possession beaucoup plus important de la part du Canadien.

 

Une recette qu’il faudra remettre sur la table dès samedi, à Edmonton, si le Canadien veut signer une troisième victoire de suite sur la route pour la première fois cette année et profiter d’un congé de Noël intéressant.