Michel Therrien a bien résumé la conclusion heureuse de la saison régulière pour le Canadien de Montréal. Il s’est dit très fier de la « constance » de son équipe, facteur déterminant qui a permis cette récolte étonnante de 100 points au classement. Puis, en rapport au jeu de Carey Price, l’entraîneur-chef a dit, en faisant référence aux séries éliminatoires, « en tout cas, lui, il est prêt! ».

Cette notion de constance est certes un fil conducteur important qui ressort de l’ensemble de la saison du Canadien. Quand cette équipe semblait vouloir s’enliser, elle finissait non seulement par s’en sortir, mais réussissait à coller une série de victoires qui effaçait les moments difficiles. Certes, il y eut cette mauvaise séquence entre le 10 décembre et le 25 janvier, où il n’y eut que 8 gains en 21 matchs, dont 5 furent acquis en bris d’égalité. Mais les 30 rencontres suivantes se sont soldées par une fiche de 19-8-3, jusqu’à la dramatique victoire de samedi contre les Rangers, ce qui va exactement dans le même sens que l’excellent premier segment de 19-9-3, au cours des 31 premiers matchs.

Carey Price y est pour beaucoup, dites-vous? Et comment! Rien de scientifique, mais en y pensant rapidement, comme ça, on peut facilement imputer au gardien, de façon très conservatrice, une bonne douzaine de points au classement, incluant les deux récoltés samedi contre New York. Or, enlevez ceux-ci à la fiche du Tricolore et vous retrouvez l’équipe hors des séries. Rien de moins.

En relisant les commentaires du début de saison, on remarque que la plupart des observateurs parlaient d’une année déterminante pour Price. Il y avait en effet beaucoup à prouver pour celui qui était étiqueté futur gardien étoile quand il fut repêché au 5e rang de l’encan 2005. Il y avait beaucoup à prouver, mais il y avait aussi plusieurs opportunités qui lui permettaient de passer à l’échelon supérieur.

D’abord, la relance de l’équipe s’est faite plus rapidement que prévu après l’effondrement d’il y a deux ans et il y avait donc une base beaucoup plus solide en début de saison. L’arrivée de Stéphane Waite, comme entraîneur des gardiens, était aussi remplie de promesses, compte tenu du travail remarquable accompli avec les Blackhawks de Chicago. Mais il y avait en plus un immense facteur de motivation pour Price : les Jeux olympiques de Sotchi! Avec le recul, on remarque que son jeu a connu un crescendo parfait jusqu’à l’annonce de sa sélection au sein de l’équipe canadienne. Il a forcé la main à Steve Yzerman d’abord, puis à Mike Babcock ensuite et la conquête de la médaille d’or est venue sceller, en quelque sorte, ce long parcours.

Mais il reste encore une étape cruciale à franchir et Price la connaît trop bien: celle de passer au moins au deuxième tour des séries et faire oublier la déconfiture contre les Sénateurs. l’an passé.

Chose certaine, comme le disait son entraîneur, il semble prêt!

Beaucoup de crédit à Therrien et ses adjoints

Il ne faudrait pas négliger, à l’issue de cette excellente saison du Canadien (la meilleure depuis 2007-2008), le travail accompli par Michel Therrien et ses adjoints. En étroite collaboration avec ses lieutenants, l’entraîneur-chef a travaillé extrêmement fort dès le tout début du calendrier, autant au chapitre de la préparation de son équipe que dans ses nombreuses décisions prises avant ou lors des matchs.

De l’utilisation judicieuse (et parfois audacieuse!) de Peter Budaj et Dustin Tokarski jusqu’aux innombrables changements de trio et de duos de défenseurs, en passant par les petits messages lancés de façon ciblée ici et là, force est d’admettre que l’homme derrière le banc a su réagir avec discernement, plus souvent qu’autrement. Elle vient de là, aussi, cette « constance » dont il parlait samedi.

Par ailleurs, même s’il n’est pas dépeint comme un entraîneur qui est très « proche » de ses joueurs, il ne fait aucun doute que Michel Therrien a gagné fortement en maturité sur le plan personnel depuis son retour derrière le banc du Canadien. Je retiens particulièrement deux choses en preuve.

La première, c’est la façon avec laquelle il s’est comporté envers David Desharnais au cours de sa longue léthargie du début de saison. Sa patience et son doigté furent récompensés au plus haut point à partir de la mi-novembre, comme on le sait, mais jusque-là, il avait très bien géré la situation, autant sur la place publique qu’à l’interne. Quand il a fait visiter la galerie de presse à Desharnais à deux reprises, avant son déblocage, il a choisi les bons mots, refusant de laisser paraître le moindre manque de confiance envers son joueur de centre, et ce, malgré une très forte pression populaire qui se manifestait à l’époque. Imaginons un peu s’il avait baissé les bras trop tôt dans ce dossier!

La deuxième, c’est son cri du cœur à l’issue de la défaite de 5-0 contre les Capitals de Washington le 25 janvier, défaite qui fut la dernière de la mauvaise séquence évoquée plus tôt. Avant son point de presse, tous s’attendaient à une sortie en règle de l’entraîneur. Il était même question de son propre avenir avec l’équipe! En lieu et place, Therrien a parlé pour une rare fois avec cœur et émotion. Vous vous rappelez du « boxeur qui peut et doit se relever lorsqu’il a un genou par terre » et de sa conviction de voir ses joueurs faire exactement cela? Ce fut un moment clé de la saison! La fiche de 19-8-3 depuis ce temps, en témoigne.

Pour lui aussi, il reste maintenant à mener la troupe le plus loin possible en séries. Du moins, plus loin que la saison dernière!