Kaiden Guhle confirme ses grandes qualités

MONTRÉAL - Il m'avait grandement impressionné la première fois que je l'ai vu jouer. Il m'a tout autant impressionné, lundi, dans le cadre du premier match préparatoire que le Canadien a disputé aux Devils du New Jersey.

Non! Je ne parle pas ici de Juraj Slafkovsky.

Oui! Le tout premier choix du dernier repêchage a disputé un premier match très correct. Mais comme il l'a dit lui-même après la rencontre, il peut jouer bien mieux qu'il ne l'a fait. Et il devra être meilleur pour justifier une décision de le soustraire à une formation d'une saison dans la Ligue américaine.

De fait, l'attaquant le plus impressionnant chez le Canadien lundi soir a été, du moins à mes yeux, Owen Beck. Le jeune centre a été bon, parfois même très bon, dans toutes les facettes du jeu. Mentions honorables aussi à Rafaël Harvey-Pinard, Jan Mysak, Filip Mesar, Anthony Richard et Joshua Roy.

C'est toutefois Beck qui m'a semblé le meilleur.

Cela dit, quand je parle du joueur qui m'a une fois encore grandement impressionné, je fais plutôt référence à Kaiden Guhle.

Il y a un an, il m'avait impressionné par son calme, sa manière de regarder le jeu se dessiner devant lui et prendre les bonnes décisions et de bien les appliquer ensuite. Surtout en défense. À l'attaque, le jeune arrière était un brin plus timide. Ce qui était tout à fait normal.

Douze mois plus tard, avec une année supplémentaire d'expérience, Guhle semble plus calme encore. Si cela est possible. Il est encore plus efficace, ce qui est normal. Et le brin de timidité remarqué l'an dernier semble s'être étiolé. Deux fois, au premier tiers et en période médiane, on l'a vu se porter à l'attaque parce que c'était la bonne chose à faire. Le jeu s'ouvrait devant lui. Des coéquipiers fonçaient vers le banc pour effectuer des changements. Il aurait été bête de simplement tirer la rondelle en fond de territoire ennemi, il a pris le contrôle du jeu. De la situation. Comme quoi la confiance, qui sautait déjà aux yeux l'an dernier malgré un premier contact avec le hockey de la LNH, est plus présente cet automne.

C'est un très bon signe. Pour le jeune arrière comme pour le Canadien qui a un urgent besoin de renfort à la ligne bleue.

Une leçon bénéfique

En 17 minutes et une poussière de temps d'utilisation, lundi soir, Guhle a offert du jeu de grande qualité. Rien de très spectaculaire. Tout en efficacité.

Vous aussi vous avez relevé la mauvaise surprise que lui a servie Jesper Bratt dans le coin de la patinoire, à la droite de Cayden Primeau, lorsque l'habile attaquant des Devils l'a contourné pour ensuite refiler la rondelle à Tomas Tatar qui avait vu tout ça se préparer et qui a ensuite fait ce qu'il sait faire de mieux : profiter d'une belle passe et d'une occasion en or de marquer pour enfiler un but qui créait l'égalité lors d'une attaque massive des Devils.

Ce jeu vous empêche de coller une grosse étoile brillante tout en haut de l'évaluation que vous faites du travail de Guhle qui était aussi sur la patinoire pour le deuxième but des Devils. Un but chanceux de Graeme Clarke qui a confirmé un gain de 2-1 des Diables venus du New Jersey?

Je peux comprendre.

Mais à mes yeux, ce jeu de Bratt est exactement ce dont Kaiden Guhle et les autres jeunes qui frappent sérieusement à la porte du vestiaire du Canadien, un vestiaire qu'ils pourraient et devraient occuper à un moment ou l'autre au cours de la saison difficile qui se profile, ont besoin d'encaisser dans le cadre des matchs préparatoires.

À Prince Albert, où il a défendu avec brio les gardiens des Raiders, Guhle pouvait se permettre de se laisser déporter comme il l'a fait alors qu'il écoulait une pénalité écopée par le Tricolore pris avec sept joueurs sur la patinoire en raison d'un changement deux brins brouillon, voire paresseux.

Il était assez gros, assez rapide, assez agile pour faire contrepoids aux mélanges de déséquilibres et de mauvais positionnements dont il devait se rendre coupable de temps en temps.

Face à un gars qui a les mains de Jesper Bratt et un autre capable de marquer des buts comme Tomas Tatar est en mesure de le faire surtout dans une circonstance favorable comme celle de lundi, une petite erreur comme celle-là peut souvent être coûteuse.

Elle l'a été.

Et c'est l'excellente leçon que Guhle doit tirer du match de lundi. Et je lui souhaite de recevoir tout plein d'autres leçons du même genre lors des prochains matchs qu'il disputera dans le cadre du calendrier préparatoire et avec le Rocket à Laval s'il se retrouve à un moment ou un autre avec le club-école.

Car toutes ces leçons sont positives. Qu'elles soient apprises dans un contexte favorable – une bonne première passe en relance, une belle poussée en zone offensive, un bon tir sur la cage adverse, de bons jeux bloqués en zone défensive ou les quatre rondelles stoppées devant son gardien comme il l'a fait lundi – ou un peu moins favorable dans le cadre d'un but marqué par l'adversaire.

Sur les traces de Wade Redden

Kaiden Guhle sera-t-il un défenseur vedette dans la LNH? Un défenseur flamboyant? Un arrière qui attirera l'attention?

Je ne crois pas. Mais depuis le premier match que je l'ai vu disputer l'an dernier, je suis convaincu qu'il sera un défenseur très solide qui a les moyens pour devenir un défenseur étoile. Étoile en matière d'efficacité.

Il me faisait penser à Wade Redden l'an dernier dans sa manière de jouer. En raison de son calme. En raison du plein contrôle qu'il affichait à chacune – ou presque – de ses présences.

Il m'a encore fait penser à Redden lundi soir. Et jouer comme Wade Redden le faisait dès son arrivée dans la LNH en 1996, avec les Sénateurs dont il a défendu la ligne bleue pendant 11 ans et avec les équipes canadiennes dont il a défendu les couleurs en compétitions internationales, c'est un gage de réussite.

De tous les jeunes arrières qui se pointent à Montréal, Guhle est celui qui m'inspire le plus confiance. Je ne sais pas si ce sera dès cette année, mais il sera un pilier à la ligne bleue pour longtemps.

J'ai bien aimé ce que Jordan Harris a offert lundi soir également. Il a confirmé la valeur de l'échantillon offert le printemps dernier à la fin d'une saison de misère pour le Tricolore.

Justin Barron m'a semblé plus hésitant. Moins efficace. Mais il a quand même passé 22 minutes sur la patinoire. S'il avait toujours été dans le pétrin, pas sûr que Stéphane Robidas lui aurait donné autant de «glace».

Mattias Norlinder? Gianni Fairbrother?

Le premier a ce qu'il faut pour offrir des faits saillants offensifs qui tendent à faire saliver les amateurs. Ses performances défensives moins éloquentes en défensives auxquelles les amateurs accordent moins d'importance pèsent toutefois plus lourd que les faits saillants offensifs spectaculaires dans les évaluations des entraîneurs.

Le deuxième a un potentiel certain. Un potentiel qui se limitera à la Ligue américaine seulement? Le temps le dira.

Au sein du groupe de jeunes défenseurs, je considère toujours que Corey Schueneman, avec ce qu'il a fait de bien et de bon dans un contexte aussi difficile, voire pénible, de celui dans lequel le Canadien était enlisé l'an dernier, a une longueur d'avance pour demeurer avec le grand club en début de saison.

Mais Guhle et Harris ont certainement ce qu'il faut pour le devancer au fil du temps. Peut-être même au fil de la saison qui s'annonce.

On verra.

La nouvelle direction a déjà indiqué son intention de maximiser le fait que le club-école soit si près pour multiplier les allers-retours entre le Centre et la Place Bell. Une bonne manière de donner la chance aux jeunes de goûter à la LNH et d'aller mettre en application ce que les séjours avec le grand club auront permis d'apprendre en matière de choses apprises et acquises et des autres qui sont encore à assimiler.